Mardi dernier, les camions de déménagement ont débarqué au foyer Manouchian de Vitry-sur-Seine pour transporter les cartons des résidents, des travailleurs essentiellement ressortissants d’Afrique sub-saharienne, dans une nouvelle résidence de l’association gestionnaire Adef logement dans le quartier des Ardoines. A ce jour toutefois, aucun habitant de ce foyer n’a accepté d’aller s’y installer.
“Le déménagement est nécessaire parce que le foyer n’a jamais été entretenu de façon régulière et qu’il est surpeuplé. Mais aujourd’hui, les négociations avec le gestionnaire sont à l’arrêt. Nous ne pouvons pas laisser des frères sans papiers dormir à la rue. Ce foyer à une capacité de 524 personnes, et l’on nous offre 239 places dans le nouveau. L’Adef ne veut pas prendre en compte les “remplaçants”, c’est à dire des personnes qui ont pris la place d’un proche parti à la retraite ou défunt. Pourtant, ils continuent à percevoir le loyer. Aujourd’hui, le gestionnaire nous dit que nous ne sommes que 454. Avec l’arrivée des camions de déménagement, nous n’avons obligé aucun des résidents à rester ici mais par solidarité, personne n’a fait ses cartons”, explique Demba Doucouré, le représentant des résidents.
“Nous avons donc lancé un piquet de grève permanent devant le foyer ce mardi. Environ 200 personnes s’y retrouvent”, ajoute Christian Schweyer du Comité des travailleurs sans-papiers de Vitry-sur-Seine.
En plus du déménagement de la totalité des personnes hébergées, les résidents considèrent que le tarif de 411 euros pour 15 m2 est trop élevé pour les travailleurs et ils souhaiteraient bénéficier de deux clés et de deux badges chacun. Ils s’inquiètent aussi de ne pas pouvoir partir 4 à 5 mois de pour de longues vacances ou de ne pas pouvoir héberger quelqu’un. Le comité des résidents souhaite aussi pouvoir négocier les conditions de gestion de la vie collective et des salles.
Les résidents ont envoyé un courrier au président du conseil départemental, Christian Favier qui les a assurés de son soutien. Ils ont également été reçus en délégation par la mairie de Vitry-sur-Seine. Une manifestation a été organisée le 12 mars dernier. Dernièrement, pour tenter de reprendre les négociations, un courrier a été envoyé à la préfecture du Val-de-Marne.
“Consciente de la suroccupation du foyer actuel et de l’impossibilité de reloger tous les occupants dans le cadre de ce projet, la ville de Vitry-sur-Seine s’est engagée, à travers « une charte de relogement » signée par les différents partenaires, à accompagner les résidents titulaires, en veillant à respecter au mieux leurs souhaits. Espérant un relogement sans dégradation de leurs conditions de vie ou/et éloignement trop important de leur lieu de travail. Après une rencontre ce jour même (vendredi 9 avril) avec les représentants du foyer, nous constatons un blocage ne permettant pas un déménagement immédiat. De nombreuses questions ont ainsi été soulevées sur les conditions d’accueil, mais aussi sur le danger encouru par certains résidents risquant de se retrouver sans toit. Il est indispensable que reprenne rapidement un dialogue permettant aux résidents d’être entendus par l’Adef et par l’Etat, afin de parvenir à prendre en compte les conditions nécessaires à ce déménagement. Les conditions de logement dans le bâtiment B sont déjà depuis des mois humainement inacceptables. La présence d’excréments sur un mètre de hauteur et d’eaux usées dans l’ensemble des sous-sols, appellent à créer les conditions d’une sortie rapide de l’ensemble des résidents”, réagit de son côté le maire de Vitry, Pierre Bell-Lloch.
“Le déménagement vise à imposer de fait aux résidents un statut correspondant à celui de l’hébergement temporaire de personnes en grande difficulté, alors qu’il s’agit de salariés et de résidents de longue, voire très longue durée, qui sont en foyer parce qu’ils sont en attente d’un logement social”, a également indiqué la fédération Parti de gauche Val-de-Marne dans un communiqué.
L’Adef a été sollicitée et sa réponse sera ajoutée à cet article dès que l’association aura donné suite.
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