A l’occasion de la séance plénière du conseil départemental du Val-de-Marne de ce lundi, le président Christian Favier a présenté un vœu pour demander le maintien et le développement de la chirurgie cardiaque à l’hôpital Henri Mondor. La motion a été votée par les groupes d’opposition et de la majorité à l’exception notable des socialistes.
Depuis la décision de l’AP-PH de stopper la greffe cardiaque au CHU Henri-Mondor de Créteil au profit de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, et de regrouper les services de chirurgie cardiaque des deux hôpitaux pour créer un pôle de cardiologie de l’Est parisien, élus, personnels, syndicalistes et usagers se mobilisent pour obtenir à minima des garanties de maintien et de développement de la chirurgie cardiaque.
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Cette action mobilise largement aussi bien parmi chez les syndicats (CGT, FO, Sud et Cfdt) que dans les organisations politiques comme en témoigne la co-signature d’une tribune par les 17 parlementaires du Val-de-Marne.
Profitant de l’organisation d’une séance plénière ce lundi à Créteil, les élus du Conseil départemental du Val-de-Marne souhaitaient apporter leur voix à ce concert de protestations en votant un vœu. La motion, présentée par le président Christian Favier, demandait qu’une délégation soit reçue en audience au ministère de la santé, l’organisation d’une concertation en urgence par l’Agence régionale de santé avec l’ensemble des acteurs sur le devenir du service de chirurgie cardiaque ainsi que la présence d’un plan d’urgence par l’AP-HP pour honorer son engagement de maintenir et développer un pôle d’excellence cardiologique à Créteil.
Le PS dans l’embarras
Si la majorité comme l’opposition ont voté le vœu, celui-ci a mis les élus socialistes dans l’embarras, ces derniers risquant de se retrouver en porte-à-faux avec le maire de Créteil, Laurent Cathala (PS), également président du conseil hospitalier de territoire du GHU Mondor, lequel a co-signé avec Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, un communiqué actant la création de ce service fusionné.
Bruno Hélin, élu socialiste à Créteil, au département, et cadre para-médical à l’hôpital Mondor, a donc rapidement douché les espoirs d’unisson en indiquant que son groupe ne prendrait pas part au vote. «On ne peut pas nier les investissements qui ont eu lieu, notamment avec le bâtiment Reine, composé de 21 salles de blocs, de 2 salles de scanner, de 90 lits de réanimation ou encore de 14 salles interventionnelles qui permettront le maintien de la cardiologie interventionnelle (…) Il est vrai qu’il n’y a pas eu de concertation, que les comités de performance font des ravages et qu’il y a tout lieu de défendre le service hospitalier en Val-de-Marne mais nous ne participerons pas à ce vote», a-t-il motivé.
Plusieurs élus sont alors intervenus pour marquer leur agacement. «J’ai du mal à comprendre le positionnement de votre groupe. Cela vous regarde. Il y a quelques années, nous étions tous ensemble à voter. Ce vœu est très important aujourd’hui parce qu’il y a effet boule de neige de fermetures de services», a ainsi regretté Nathalie Dinner (LFI).
«Est-ce que progressivement on ne considérerait pas, comme pour la transplantation, que tout soit regroupé a la Pitié ? Le bâtiment Reine est magnifique mais on peut y faire d’autres opérations que de la chirurgie cardiaque, s‘est inquiétée Françoise Lecoufle (LR), rappelant que Mondor pratique 500 opérations du coeur et de chirurgie lourde chaque année, contre 1200 à la Pitié. C’est avec beaucoup de méfiance que l’on regarde le parisianisme prendre la main sur nous les banlieusards.»
Marginalisés par ces prises de paroles successives, les socialistes ont tenté à une seconde reprise d’expliquer leur non-vote. «Il ne s’agit pas de détruire la qualité des soins de proximité à Mondor mais juste de supprimer l’activité de greffe qui a mal marché et de la rapatrier sur Paris. Les activités d’urgence resteront à Mondor qui reste un établissement de qualité. C’est pour toutes ces erreurs d’interprétation que l’on ne veut pas prendre part au vote, parce que tout n’est pas vrai. Quant à la démocratie sanitaire, il n’y en a plus depuis la loi HPST (Hôpital Patient Santé Territoire), les élus n’ont plus aucun pouvoir dans les conseils de surveillance. Nous ne nous battons pas au bon niveau», s’est exprimée Brigitte Jeanvoine.
Le vœu a été voté à l’unanimité puisqu’une absence de vote n’y fait pas obstacle.
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