Initiative | | 08/03/2022
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A Aulnay-sous-Bois, boxe, secourisme et journalisme pour apprentis citoyens

A Aulnay-sous-Bois, boxe, secourisme et journalisme pour apprentis citoyens © Facebook Boxer Inside Club

“En cas d’accident de la route qu’est-ce-qu’on fait?”. A Aulnay-sous-Bois, dans un des clubs de boxe de la championne Sarah Ourahmoune, une quarantaine de jeunes apprentis boxeurs citoyens ont rangé les gants pour suivre un atelier de secourisme.

Dans le prolongement de leurs cours de boxe pris chaque semaine, les “plus méritants” ont été choisis pour une semaine d’entraînement à l'”Académie boxer inside” pendant les vacances de février, explique Francky Denis, entraîneur et compagnon de Sarah Ourahmoune.

A 9h du matin, deux jeunes filles jouent au baby-foot, dans d’anciens locaux relookés du comité d’entreprise de Peugeot-Citroën, entre le centre commercial Parinor et le parc Robert Ballanger, puis échangent quelques balles de ping-pong avant que la journée ne démarre. 

Initiation aux premiers secours pour les uns, atelier de journalisme pour les autres et pilotage de kart sur un circuit situé en face pour le dernier groupe. 

“Aujourd’hui avec l’aide d’un pompier on a appris comment sauver des vies”, résume fièrement Issa Marmoiton, 10 ans et deux ans de boxe au compteur. 

Depuis son arrivée, il a aussi appris “à comment bien se tenir” et “à s’entraider”, lui qui veut devenir “champion du monde” de boxe. 

Modules sur la laïcité, sur l’égalité hommes-femmes, l’engagement citoyen, le harcèlement scolaire… les jeunes passent des vacances sportives et studieuses dans ce club installé il y a un an.

“On s’appuie sur la passion et leur appétence de la boxe pour les amener à s’ouvrir à d’autres activités et d’autres apprentissages”, explique Sarah Ourahmoune, éducatrice spécialisée de formation. 

Elle regrette d’ailleurs que le sport “soit quasiment absent des programmes des candidats” à la présidentielle alors qu’il est “un élément rassembleur” de la société.

De son côté, la pratique de la boxe l’a aidée “à gagner en confiance” et l’a amenée vers “d’autres milieux et d’autres secteurs”, confie-t-elle, soucieuse de transmettre autre chose que des techniques et l’esprit de combat.

Et le concept est que les jeunes initiés puissent transmettre ce qu’ils ont appris auprès d’autres jeunes en intervenant dans des écoles par exemple.

Les enfants et ados participant au programme de l'”academy” viennent d’Aulnay et de l’autre club situé dans le 13e arrondissement de Paris et sont en très grande majorité d’origine modeste. 

L’équipe échange régulièrement avec les parents: “cela permet de voir comment cela fait évoluer le jeune à l’école ou chez lui”, raconte l’ancienne vice-championne olympique des moins de 51 kg aux JO de Rio. Ceux qui en ont besoin bénéficient aussi d’un suivi socio-éducatif. 

A côté du ring, photos de légendes comme Mohamed Ali accrochées au mur, des tables, des chaises et un tableau rappellent un peu une salle de classe, en un peu plus colorée. “Le but c’est d’ouvrir leur esprit critique“, explique Hasna Kidrene, journaliste web chargée d’animer l’atelier journalisme. 

L’idée de cet atelier n’avait pas vraiment emballé au départ mais “ils se sont pris au jeu”, raconte Sarah Ourahmoune. Pour travailler leur prise de parole en public, les ados racontent leur article à l’oral. 

Et lorsqu’il faut des volontaires pour faire de la vidéo le lendemain, une forêt de mains se lève… 

Tout cela “va nous servir pour nos parcours de vie”, assure Malak Hodroje, 17 ans, pleine de vivacité et de tchatche, pour qui la boxe est “plus qu’une passion”.

“Notre but c’est d’abord de former la nouvelle génération de citoyens et si parmi ces jeunes on a des petites pépites qui rêvent de participer aux JO, on les accompagnera vers le plus haut-niveau”, résume Sarah Ourahmoune, qui veille sur chacun de ses apprentis boxeurs citoyens. 

La présence de la championne du monde en 2008 et vice-championne olympique en 2016, alors mère d’un enfant et que “personne n’attendait” aux JO, selon ses propres mots, inspire manifestement les stagiaires.

“Sarah, c’est un gros modèle! On a grave de la chance de l’avoir!”, résume Malak. 

La Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France, doit bénéficier des retombées de JO de Paris 2024. L’association bénéficie d’ailleurs du fonds de dotation du comité d’organisation des JO de Paris 2024 (Cojo), pour son action sportive à visée éducative et citoyenne. 

par Déborah CLAUDE

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