Mangue, ananas, mangoustan, ramboutan, tamarin, grenadille, fruit du dragon… avant d’émoustiller les papilles, ces fruits se dégustent avec les yeux. Surtout lorsque, sculptés par Meryam Gabsi, ils se transforment en pièces montées et autres desserts d’exception. Un art aujourd’hui développé dans le cadre d’une entreprise, Le Jardin des corbeilles, en pleine croissance. Portrait.
“Au départ, je préparais des corbeilles pour faire plaisir à mes amis et à ma famille, car nous avions des prix sur des fruits que l’on trouve difficilement dans le commerce”, confie Meryam Gabsi, dont le mari travaille au Min de Rungis. “Mais je ne pensais pas en faire une activité professionnelle.” Mais le succès de ses créations et le bouche-à-oreille en a décidé autrement. Et, avec un peu de communication sur les réseaux sociaux, La jeune entrepreneuse a rapidement trouvé des premiers clients.
Designeuse-graphiste de formation, Meryam Gabsi, responsable merchandising chez Castorama Vélizy pendant trois ans, a ensuite fait un break pour s’occuper de ses fils, nés en 2018 et 2019. C’est après avoir repris un emploi comme éducatrice à la protection juridique de la jeunesse (PJJ) de Rosny-sous-Bois qu’elle décide de concilier passion des fruits et activité professionnelle.
“J’ai rencontré des personnes qui préparaient des gâteaux composés intégralement de fruits. Je suis allée à Rungis rencontrer des primeurs. Puis je me suis inscrite à un concours de fraîche découpe lors duquel j’ai présenté une création, et remporté une médaille !” De quoi l’encourager à continuer. “Ensuite, J’ai remporté un concours organisé par le Salon de la gastronomie de l’outre-mer et des cuisines du monde (le Sagasdom) et le primeur Atef Barbouche de La Ferme de Longchamp, auprès duquel j’ai pu apprendre la technique de la salade de fruit revisitée, ainsi que celle de la bûche de Rungis, entièrement au fruit, et très demandée”, poursuit la créatrice culinaire.
Cet article s’inscrit dans le cadre d’une série de portraits d’entreprise du Val-de-Marne réalisés avec le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie. La CCI 94 propose des programmes d’accompagnement à l’entrepreneuriat et a suivi Meryam Gabsi via le dispositif Activ’Créa, qui aide à formaliser, valider et concrétiser son projet d’entreprise.
Une formation pour ne rien laisser au hasard
Pas question toutefois de ne s’appuyer que sur ce talent spontané. Meryam Gabsi entend parfaitement maîtriser l’art du fruit, et élargit sa gamme à d’autres créations comme le fraisier, les tartelettes aux fruits ou le « sufruit », un sushi aux fruits. Des desserts qui requièrent des techniques de découpe précise et d’assemblage millimétré. Faute d’entreprise pour suivre en alternance un CAP primeur, elle se forme directement auprès de Frédéric Jaunault, expert en fruits et légumes et meilleur ouvrier de France Primeurs.
Les limites des réseaux sociaux pour vendre du haut de gamme
Grâce à ses compétences en marketing, également complétées d’une formation, Meryam sait comment communiquer efficacement sur les réseaux sociaux pour booster les commandes, régulièrement sollicitée pour faire des compositions à l’occasion d’anniversaires ou de fêtes. Positionnée sur des produits haut-de-gamme, elle sait dire non aux clients qui veulent négocier les prix. “C’est un peu le point négatif de la vente via les réseaux sociaux. Les gens pensent que nous sommes sur le Bon coin ! constate-t-elle. Quand le panier est conséquent, je peux faire un cadeau, mais aux personnes qui discutent le tarif, je réponds négativement.”
Baptême du feu : 100 convives à servir chez Amazon Bonneuil
Forte de ses premiers clients, Meryam Gabsi décidé de franchir l’étape suivante : celle de la création d’entreprise, démarche qu’elle effectue, épaulée par le programme Activ Créa, dispensé par la CCI du Val-de-Marne en partenariat avec BGE Parif et Pôle Emploi. Dispensé sur trois mois, ce programme vise à ne pas griller les étapes en prenant le temps de travailler sa méthodologie pour faire émerger son concept, tester sa démarche entrepreneuriale et se lancer concrètement.
Le grand bain, Meryam Gabsi va sauter dedans fin 2021, lorsque la responsable de l’entrepôt Amazon de Bonneuil-sur-Marne lui propose de préparer un buffet pour une centaine de personnes. “Il y a eu quelques nuits blanches pour tout préparer, et un peu de stress, s’en souvient l’entrepreneuse. Il a fallu mettre en place l’organisation, embaucher deux personnes en extra, louer un camion frigorifique… Le fruit est très sensible au changement de température et il faut faire très attention à la manière dont on les manipule pour qu’ils restent frais”, abonde Sofiane, son mari, qui vient en soutien lorsque nécessaire.
Au printemps 2022, le challenge change de nouveau d’échelle avec un salon de 500 personnes à faire déguster chez Airbus Elancourt. Avant d’enchaîner avec une journée spéciale pour 250 personnes au comité d’entreprise de la Factory, le siège social du Paris Saint-Germain à Boulogne-Billancourt. Des buffets qui offrent à la créatrice l’occasion de diversifier son offre en salé et sucré.
Le temps du développement : en quête de contrats à l’année
Désormais, l’entreprise a été lancée, avec une marque, Jardin des corbeilles. Objectif : atteindre la rentabilité pour pouvoir se rémunérer d’ici à deux ans. “Nous cherchons un contrat avec un professionnel pour des prestations à l’année. Cela nous donnerait une meilleure visibilité et nous permettrait de pouvoir recruter et poursuivre notre développement“, se projette Meryam Gabsi. En attendant, la jeune pousse en est discussion avec la ville pour disposer d’un local afin de créer un point de vente.
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