C’est sous la neige qu’ont été inaugurés ce mercredi de décembre les 900 mètres carrés de panneaux photovoltaïques au-dessus du bâtiment Eiffel qui regroupera un millier d’agents du conseil départemental du Val-de-Marne. Un enjeu stratégique pour gagner en autonomie énergétique en changeant d’échelle dans le développement du solaire. Le point sur la question.
Avant même la crise de l’énergie consécutive à la guerre en Ukraine, la transition énergétique s’est imposée dans les agendas pour réduire l’émission des gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement climatique. Dans ce contexte, le potentiel des nombreuses toitures urbaines constitue un gisement non négligeable pour contribuer au mix énergétique via le solaire, à condition d’être exploité. C’est le défi que s’est lancé le conseil départemental du Val-de-Marne en commençant par un audit systématique de son parc immobilier.
“L’intégralité des 584 bâtiments départementaux ont été étudiés, y compris ceux en location, indique Sabine Patoux, présidente déléguée en charge de la transition énergétique. 230 bâtiments ont ainsi été retenus, puis nous avons procédé à une étude avec les dossiers des bâtiments et les vues aériennes pour évaluer les ombrages et vérifier si des édicules ne risquaient pas de bloquer la pose, et avons réduit la liste à 120 bâtiments propices”, poursuit l’élue. De quoi tracer une feuille de route. “Tous les ans, nous étudions 20 bâtiments de façon détaillée pour calculer son potentiel et vérifier l’état de sa toiture pour éviter d’investir sur un toit qui nécessiterait d’abord une rénovation. Notre objectif est d’équiper 10 bâtiments par an afin d’avoir atteint la moitié du potentiel à la fin du mandat”, détaille Sabine Patoux.
Changer d’échelle
Lors de la présentation de sa stratégie transition énergétique au printemps 2022, le département avait chiffré à 16 Mégawatt-crête (MWc) le potentiel des 120 bâtiments, soit 8,4% de la puissance photovoltaïque installée en Île-de-France au 31 décembre 2021.
Lire : Transition énergétique : le Val-de-Marne mise sur la sobriété et l’énergie solaire
L’exploitation complète de ces bâtiments permettrait de doper la production d’énergie solaire actuelle du Val-de-Marne. Encore modeste, celle-ci compte tout de même quelques belles installations comme les 12 000 M2 déployés à L’Haÿ-les-Roses, sur les toits des bâtiments d’Eau de Paris, la régie municipale de l’eau de la ville de Paris (voir notre article), l’une des plus grandes exploitations de la région. Des centrales citoyennes se mettent aussi en place pour identifier les lieux potentiels, avec notamment un projet déjà concrétisé dans le Val-de-Bièvre et d’autres en cours à l’est du département, tandis que les villes et autres institutions commencent aussi à équiper leurs nouveaux bâtiments.
Quelques chiffres pour situer le poids de l’électricité solaire en France et Ile-de-France
En France, la puisse du parc solaire photovoltaïque s’établissait fin 2021 à 13 990 Megawatt, représentant environ 3% de la production d’électricité pour 569 000 installations. Les principales régions productrices se situent, logiquement, au sud. Les régions Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Provence Alpes Côté d’Azur et Auvergne Rhône Alpes représentent ainsi près deux-tiers de la production. Fin 2021, l’Ile-de-France représentait 1% de la production, à savoir 192 megawatt contre 152 l’année précédente. La région compte un peu plus de 20 000 installations essentiellement situées en grande couronne (qui représente à elle seule 150 MW). Le Val-de-Marne disposait pour sa part d’une puissance de 9 MW fin 2021.
Voir les chiffres clefs du ministère
20% de la consommation électrique du bâtiment en moyenne
À Créteil, “les panneaux photovoltaïques installés au-dessus du bâtiment Eiffel permettront de couvrir 20 % de sa consommation”, chiffre Olivier Capitanio, président du conseil départemental, venu inaugurer la toiture. La problématique de l’énergie solaire est, en effet, qu’elle produit en temps réel. L’énergie dégagée peut donc parfois être supérieure aux besoins, parfois inférieure. Plutôt que de revendre l’électricité lorsqu’elle sera supérieure, celle-ci sera injectée dans un circuit approvisionnant des immeubles proches, de la collectivité. Au total, l’énergie attendue à Eiffel est de 210 KWC, représentant environ 190 MWH.
1000 agents dans le bâtiment Eiffel, à l’Echat
Au total, 1000 agents du département sont attendus à Eiffel à partir du printemps 2023. Ce bâtiment, qui représente un investissement de 82,5 millions d’euros, s’inscrit plus largement dans le projet de regroupement Cap Echat, qui comprend cinq bâtiments dans le quartier de l’Echat et réunira 2 200 agents actuellement répartis sur 14 sites. Au sein du bâtiment Eiffel, seul l’Espace des Solidarités sera ouvert au public. Le reste sera, entre autres, dédié aux services informatique, ressources humaines et logistique. Les effectifs de Parcival, dédiés à la gestion des feux routiers, devraient également le rejoindre.
Les collèges : un enjeu fort de la transition énergétique
Au-delà du bâtiment Eiffel, sept autres sites sont concernés par le premier contingent de mue solaire. En dehors des services techniques du département, à Valenton, les autres installations concernent les collèges (détail ci-dessous). La centaine de collèges du département représente à elle-seule 60 % de la facture énergétique du département. Financièrement, la transition énergétique des collèges (solaire mais aussi surtout isolation), a été budgétée à hauteur de 93,5 millions d’euros dans le cadre d’un plan pluriannuel d’investissement.
- Collège Samuel Paty à Valenton (239 kWc)
- Collège Pissarro à Saint-Maur-des-Fossés (156 kWc)
- Collège Albert Camus Le Plessis-Trévise
- Collège Desnos à Orly (154 kWc)
- Collège Nelson Mandela à Champigny (109 kWc)
- Collège Audin à Vitry (90 kWc)
- Services techniques du CD94 à Valenton (50 kWc)
- Le bâtiment EIFFEL (210 kWc)
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