Alors que l’hôpital est en pleine crise, avec des soignants débordés et qui finissent par démissionner, la préservation de la recherche reste un élément essentiel de motivation, en plus d’être indispensable à la médecine de demain. Le nouveau bâtiment inauguré à la fac de médecine de l’université Paris Saclay, au Kremlin-Bicêtre, était ainsi très attendu. Visite.
Dressant son impressionnante silhouette blanche au sein de l’hôpital Bicêtre, ce polyèdre aux angles arrondis d’environ 7 000 mètres carrés permet de regrouper plusieurs équipes de recherche. Une première pour la faculté construite il y a une quarantaine d’années. Auparavant, les unités mixtes de recherche étaient dispersées sur les sites de Bicêtre, Fontenay-aux-Roses et Le Plessis-Robinson, dans des locaux vieillissants, freinant les synergies si indispensables dans le cadre de la recherche et de l’innovation. Au passage, cet espace supplémentaire libère de la place dans les locaux historiques pour accueillir correctement les 8 000 élèves de chaque promotion.
“Nous avons déménagé début juillet et disposons à peu près de la même surface, mais les salles sont plus lumineuses. C’est un équipement flambant neuf disposant de plateformes de recherche locale que nous pouvons mutualiser, se réjouit le professeur Peter Kamenicky, qui dirige une unité médicale de recherche en endocrinologie. Les salles sont équipées d’instruments de mesure, de centres de culture de cellules, ds centrifugeuses. Les équipes travaillent à la fois sur des échantillons prélevés avec l’accord de patients de l’hôpital et sur des rats de laboratoire. S’y activent des agents de la faculté Paris-Saclay, de l’AP-HP et de l’Inserm.
“Notre travail consiste à analyser les causes génétiques de l’insuffisance ovarienne primaire en identifiant les gênes responsables de ces pathologies. Il n’y a pas de traitement, mais ces outils nous permettent d’informer les femmes pour qu’elles puissent préserver leurs ovocytes et mener un projet de grossesse”, illustre Isabelle Beau, chargée de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, responsable de l’unité Physiopathologie gonadique. Dans les autres étages, se croisent des équipes qui planchent sur l’immunologie des maladies virales, auto-immunes, hématologiques et bactériennes, ou encore l’hypertension pulmonaire.
Objectif : conserver les médecins en santé publique
Dessiné par l’agence Pargade Architecte, le bâtiment de 7 000 m2 comprend deux étages techniques, trois niveaux de laboratoires et un rez-de-chaussée dédié aux réunions et à l’accueil d’événements scientifiques comme les colloques, avec un auditorium de 300 places.
“L’hôpital va mal aujourd’hui. Quand on va de réunion de crise en réunion de crise, quand les brancards s’accumulent aux urgences, quand on a l’épidémie de grippe, de bronchiolite et de covid en même temps, et qu’il n’y a pas de moyens, malheureusement, ce qui est souvent sacrifié est la mission de recherche.Or, la recherche est la principale motivation de nos jeunes médecins pour rester à l’hôpital, défend le professeur Xavier Mariette, chef du service rhumatologie. C’est dans ce bâtiment que se feront de grandes et nouvelles découvertes !”
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Prochaine étape : la rénovation de la fac de médecine
Un enthousiasme des soignants d’autant plus savouré que le projet, en germe depuis une vingtaine d’années, s’est heurté à plusieurs obstacles. “Construire ce bâtiment a été un vrai challenge, à commencer par la présence de carrière nécessitant la pose de profonds piliers, mais aussi la proximité de l’autoroute, et l’espace restreint proche du bâtiment facultaire au sein de l’hôpital, à quelques mètres de la ligne 14, énumère le professeur Didier Samuel, doyen de la faculté de médecine. Alors que beaucoup n’y croyaient plus, le bâtiment est désormais là. Il va être un vrai booster pour notre faculté !”
L’investissement, d’un montant de 13,5 millions d’euros a été financé par la région Île-de-France et l’État dans le cadre du contrat de plan Etat-Région (CPER) 2014-2021, ainsi que le soutien du conseil départemental du Val-de-Marne et de l’université Paris-Saclay. Le nouveau contrat de plan 2022-2027, lui, comprend une enveloppe de 21 millions d’euros destinée à la rénovation des locaux historiques de la faculté, libérés par le nouveau bâtiment. De quoi accueillir prochainement les futurs médecins dans des locaux aussi qualitatifs.
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