“L’objectif, c’est vraiment de s’inscrire dans le projet de l’élève et de faire en sorte qu’il aille au bout”, explique la proviseure. Au lycée professionnel et technologique Henri Sellier de Livry-Gargan, tout est fait pour suivre au plus près chaque élève et lutter contre le décrochage scolaire.
Dans ce lycée des métiers de la santé et du social de Seine-Saint-Denis, qui accueille 1 120 élèves issus à 50% de catégories socioprofessionnelles défavorisées, le “taux d’absentéisme” des élèves est de 7%, “bien inférieur aux moyennes départementales”, souligne la proviseure, Muriel Solibieda.
Dans l’une des salles de ce lycée moderne des années 90, des élèves de Terminale pro Agora (assistance à la gestion) travaillent sur leurs projets de formation motivés pour la plateforme Parcoursup. “Avant, j’étais dans un autre lycée, où il y avait une grosse différence par rapport à ici”, raconte Daniel, 17 ans. “Il n’y avait pas le même suivi”.
“Ici on insiste bien sur le fait que c’est important de faire Parcoursup si vous voulez aller plus loin dans les études. On nous aide vraiment par rapport à ça, même pour le bac”, ajoute cet élève, qui pense s’orienter vers un BTS.
“C’est strict” mais “on nous aide, on nous encourage beaucoup”, abonde Aydin, 17 ans, qui aimerait devenir comptable.
Une recette qui fonctionne. Les résultats d’Henri Sellier sont notamment positifs en termes d’accès à l’emploi d’après Inserjeunes, un indicateur du ministère de l’Education pour mesurer l’accompagnement à l’insertion professionnelle.
Et selon les Ival, indicateurs annuels de résultats des lycées publiés mercredi par le ministère, l’établissement présente également un taux d’accès de Seconde au baccalauréat avec une valeur ajoutée positive (+8 points en bac pro et +6 pour la voie technologique), signifiant qu’il accompagne bien ses élèves pendant toute leur scolarité jusqu’à l’examen.
“Je leur dis dès la 2nde que mon objectif, c’est qu’ils aient le bac avec mention”, martèle Alexandrine Carlier, professeure d’économie-gestion en voie professionnelle, depuis vingt ans dans ce lycée. “Enormément de choses sont mises en place dans l’établissement” en termes de suivi, développe-t-elle. “On repère très rapidement les élèves qui pourraient être en difficulté”.
Pour ces jeunes, le lycée propose plusieurs aides: cours de soutien pendant les vacances, dispositifs d’études dirigées en 2nde, tutorat pour aider ceux dont les résultats sont en baisse…
Un groupe de prévention du décrochage scolaire est en place ainsi qu’un suivi des absences, un travail est fait avec les familles et les projets et motivations des élèves sont régulièrement réexaminés. “On a un taux d’abandon en cours de scolarité qui est vraiment réduit”, se réjouit la proviseure.
Pour elle, la réussite repose aussi sur une équipe stable et motivée. Car dans cet établissement, le taux de renouvellement des enseignants est “inférieur de deux points à la moyenne départementale”, une stabilité qui permet de “faire vivre le projet d’établissement”, dit-elle. “C’est ça aussi qui est à l’origine de la réussite des élèves”, selon elle.
“C’est vraiment un travail d’équipe”, renchérit Catherine Bohême, enseignante de Sciences et techniques sanitaires et sociales, en poste dans ce lycée depuis près de vingt ans elle aussi. Avec des collègues, elle a mis en place dans sa classe des méthodes pédagogiques innovantes s’appuyant sur les sciences cognitives. “L’idée, c’est que les élèves soient engagés activement”.
En petits groupes, ses élèves de Terminale technologique ST2S (Sciences et technologies de la santé et du social) travaillent à une synthèse sur le support de leur choix: ordinateur, papier, schémas, illustrations…
“On se sent libre de faire ce qu’on veut et du coup on arrive à mieux faire les choses”, estime Moïse, qui voudrait être infirmier. Pour Chloé, 17 ans, “on est vraiment très bien accompagnés”.
Dans un coin de la classe, trois élèves se filment pour s’entraîner et s’autoévaluer.
“On est beaucoup dans la collaboration entre élèves, avec du travail en groupe ou en duo”, explique Assia, 21 ans, qui veut s’orienter vers une licence de psychologie ou de sociologie. “Il n’y a personne qui est laissé de côté”.
par Sophie LAUBIE
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