Santé | | 14/11/2022
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A Montreuil, une nouvelle maison de santé de 50 médecins

A Montreuil, une nouvelle maison de santé de 50 médecins © CH

Médecine générale, chirurgie dentaire, ophtalmologie, cancérologie et même chirurgie esthétique, pas moins de 50 médecins s’apprêtent à investir la nouvelle maison de santé ouverte à Montreuil ce jeudi, Cap Horn, née de l’initiative de trois médecins. Une prouesse par ces temps de désertification médicale, rendue possible grâce à un gros travail sur le bien-être au travail des médecins.

On a habite juste à côté, on a pris rendez-vous sur Doctolib“, témoigne Benjamin, un jeune papa montreuillois venu pour faire vacciner son bébé. “Heureusement qu’il y a cette nouvelle structure. Sinon, il fallait attendre deux mois et se rendre à plus de vingt minutes d’ici. Il n’y a plus beaucoup de pédiatres à proximité“, constate-t-il.

Montreuil figure en effet parmi les territoires fortement déficitaires en offre médicale. Selon l’Agence régionale de santé (ARS IDF), la ville compte 4,6 médecins généralistes pour 10 000 habitants. Pour la deuxième ville d’Ile-de-France, l’arrivée de Cap Horn est donc une aubaine, saluée par les élus. “Pour les Montreuillois et même au-delà de notre ville, la création de ce centre de santé est une très bonne nouvelle étant donné la diversité des disciplines qu’il regroupe et qui sont aujourd’hui très carencées en Ile-de-France“, souligne le maire PCF Patrice Bessac.

La ville a d’ailleurs facilité le rachat du site auparavant occupé par les services de la municipalité. “On s’est opposé au projet de l’ancien propriétaire qui voulait tout raser pour construire des logements et des bureaux“, explique Patrice Bessac.

Une structure inédite

Avec ses allures de petit hôpital, Cap Horn se revendique être la plus grande maison de santé pluri-professionnelle (MSP) de France. Au programme : 3 500 mètres carrés de services de soins répartis sur quatre étages. Mais à la différence d’un hôpital, aucun lit d’hospitalisation.

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La nouvelle maison de santé pluriprofessionnelle Cap Horn, ouverte rue Gaston Lauriau à Montreuil.

Trois médecins à l’initiative

A l’origine, trois médecins se sont lancés dans ce projet de mutualisation. “Au départ, on s’est demandé comment regrouper dans un seul et même endroit l’ensemble des spécialités médicales et un plateau technique complet. On fait quasiment toute la médecine ambulatoire“, explique le Baptiste Gérard, l’un des trois co-fondateurs avec les docteurs David Zeitoun et David Marciano.

D’ici janvier, la structure accueillera 50 médecins (une trentaine exercent déjà), dont quatre médecins généralistes et trois pédiatres, quatre gynécologues, etc. Une quinzaine d’assistants médicaux y exercent également. Des consultations sont actuellement ouvertes en gynécologie, oncologie, neurologie, dermatologie, kinésithérapie, et, d’ici décembre-début janvier 2023, en ophtalmologie et chirurgie esthétique. “Ça peut être l’épilation au laser, de la chirurgie réparatrice, mais aussi du traitement au botox… Ce n’est pas parce qu’on est dans le 93 qu’il n’y pas des besoins dans ces domaines“, justifie le médecin Baptiste Gérard.

Cap Horn a également noué un partenariat avec le CHU de Montreuil pour l’orthopédie et la neurologie, et certaines urgences, et aussi avec l’hôpital Avicenne à Bobigny, pour faciliter les explorations fonctionnelles respiratoires pour lesquelles il y a six mois d’attente.

On s’est battu pendant quatre ans et demi. C’était long et compliqué parce que c’est quasiment un nouveau modèle même si le statut de la MSP existe déjà, mais pas de cette dimension à ma connaissance“, poursuit le médecin urgentiste.

A la sortie du centre, Chloé, 26 ans, se dit “agréablement surprise par une équipe de médecins jeunes, et un cadre super agréable.” “Je ne trouvais pas de disponibilité à côté de chez moi. En plus ce n’est pas cher“, observe-t-elle.

Des tarifs en secteur 1

La tarifs des médecins généralistes et des urgences sont en secteur 1, tandis que la très grande majorité des spécialités bénéficient du secteur 2 optam (option pratique tarifaire maîtrisée) qui autorise le médecin à pratiquer des honoraires libres, avec des dépassements d’honoraires encadrés, avec un reste à charge quasiment nul pour les patients.

Comme Montreuil est classée en ZIP+, une nouvelle catégorie de zone d’intervention prioritaire, créée par l’Agence régionale de santé en avril, Cap Horn a bénéficié du soutien aux MSP, soit deux aides plafonnées à 250 000 euros, à la différence que la plupart des centres de ce type sont en général dix fois plus petits (300 à 400 mètres carrés).

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Patrice Bessac, maire de Montreuil, en visite à la MSP Cap Horn.

Bien être au travail

“Rien que pour l’achat et la rénovation, l’investissement s’est élevé à plus 18 millions d’euros. Chaque médecin a investi pour mettre en place ses plateaux et organise sa façon de travailler. Nous, on mutualise tout le reste: les parties communes, internet, les poubelles… C’est comme une copropriété médicale”, résume Baptiste Gérard.

Si le défi recrutement des praticiens lui faisait peur, la constitution des équipes médicales s’est finalement faite plus facilement que prévu. “On est convaincu que modèle d’exercice libéral de ville est l’avenir”, défend le médecin. “Le regroupement de médecins se fait déjà mais nous apportons en plus un plateau technique et une pluridisciplinarité. On met aussi l’accent sur le bien-être au travail avec une salle de sport, une salle de repos, un rooftop, une salle de réunion… C’est grâce à cela que l’on a réussi à recruter en amont.” La Maison, située rue Gaston Laurriau, est par ailleurs parfaitement située, à dix minutes à pied de la station Mairie de Montreuil.

“C’est un bel aboutissement, un accouchement ! souligne le Dr Marciano qui souligne malgré tout la complexité pour des médecins “et pas des promoteurs immobilier”. “On s’est confronté à beaucoup de normes ERP (Equipements recevant du public) et sécurité incendie auquel confronté“, se souvient-il. “Si l’on avait eu connaissance de toutes les difficultés avant, je pense qu’on ne l’aurait pas fait.”

D’autres initiatives en cours d’essaimage

D’autres projets similaires s’apprêtent à voir le jour, notamment à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne) au printemps 2023, dans le 20ᵉ arrondissement parisien, rue Pelleport, et encore à Bagneux (Hauts-de-Seine) fin 2024, début 2025.

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