Ce jeudi 1er septembre, ils ont pris leur poste de prof ou conseiller principal d’éducation dans leur établissement. Il y a trois jours, ces étudiants en Master de l’Enseignement de l’Éducation et de la Formation (MEEF) démarraient leur formation à l’Institut du professorat de Bonneuil-sur-Marne. Ambiance.
À deux jours de la rentrée scolaire, le campus de l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation (INSPÉ) de Bonneuil-sur-Marne paraît encore un peu vide ce mardi midi. Les groupes du matin se dirigent rapidement vers la sortie, tandis que les étudiants de l’après-midi arrivent au compte-gouttes pour leur deuxième jour de formation. Devant les salles de cours, les futurs instituteurs, profs d’arts plastiques, ou encore Conseillers Principaux d’Éducation (CPE) de l’académie de Créteil discutent, parfois interrompus par les représentants des mutuelles étudiantes venus en prospection.
À la fois étudiants et stagiaires, ces derniers assureront 12h de cours par semaine, soit un tiers-temps professionnel, en parallèle de leur formation théorique. “On nous fait surtout simuler des cas concrets” explique Cynthia, en M2, aspirante CPE. “Par exemple, hier, on a travaillé sur les sanctions : un professeur mimait un élève en colère, et on devait comprendre comment calmer la situation, prendre la sanction adéquate, mais aussi comprendre les sources de son énervement”, développe la jeune femme de 28 ans, jupe longue et sandales d’été encore aux pieds.
Besoin d’être reconnu
Chez Cynthia et ses camarades, la bonne humeur reste de mise. On se chahute, on se partage des chips ou du coca. Pourtant, la rentrée s’annonce tendue, avec encore beaucoup d’inconnues dans les structures d’établissements.
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Les quatre amis sont bien conscients du problème, sans le subir directement. Dans leur domaine de compétences, ce sont plutôt de surveillants (les Assistants d’Éducation, AED) dont on manque. Comme par exemple dans l’ancien collège de Cynthia et Lise-Marie à Rosny-sous-Bois, ou elles ont toutes les deux été AED elles-mêmes : “On m’a dit qu’il leur manquait 4 surveillants, soit la moitié des effectifs”, raconte Lise-Marie. Dans leur groupe, C’est Cynthia, en poste à Chelles, qui s’attend à avoir la plus grosse charge de travail avec 6 classes à suivre, “le maximum que l’on puisse avoir lorsqu’on est en tiers-temps”, précise-t-elle.
“Je pense que les pénuries, c’est avant tout un problème de reconnaissance. Sociétalement, les profs ne sont plus très bien perçus, on a une image de branleurs. Quand on parle aux gens, ils ont tous des souvenirs de leurs mauvais profs, presque jamais des bons”, estime Nathan, barbe rousse et béret vissé sur la tête.
Un travail qui a du sens
En cette avant-veille de rentrée les étudiants restent néanmoins gonflés à bloc. “J’appréhende cette année comme une année de formation, on verra bien. L’objectif, c’est d’avoir le concours”, se projette Jeanne, affectée à Drancy.
Tous partagent une certaine fierté de travailler dans l’académie de Créteil. Affectés dans des établissements de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne ou de Seine-et-Marne, ils savent qu’ils auront à gérer des situations sensibles. “Ici, c’est une académie très stigmatisée, mais plus c’est difficile, plus les collègues sont solidaires. Et puis, je trouve ça plus intéressant que d’être dans un établissement où les enfants ont les moyens d’être aidés à l’extérieur”, défend Jeanne qui fait ses premiers pas dans un lycée classé “Zone Prévention Violences” (ZPV) ce 1er septembre. Même conviction chez Nathan, affecté à Chelles. “On sait que c’est une académie où il y a des galères, mais c’est là où il y a le plus de sens à notre travail. Si on refuse de faire notre métier là où il faut le faire, c’est qu’on n’est pas faits pour !”
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