Evaluer et améliorer la santé mentale des jeunes en Ile-de-France, tel est le défi de la fondation FondaMental, basée au pôle psychiatrique de l’hôpital Albert Chenevier (GHU Mondor) de Créteil, qui vient d’être missionnée par la région Ile-de-France. L’enjeu est colossal, et urgent.
Selon le 5e rapport de l’Observatoire du suicide en effet, plus d’un jeune de 15-24 ans sur cinq et près d’une jeune femme sur quatre ont été concernés par un syndrome dépressif entre mai 2020 et juillet 2021, en pleine crise sanitaire. Et chez les moins de quinze ans, les admissions aux urgences pour gestes suicidaires ont explosé, en particulier pour les jeunes filles (+40% en 2021 par rapport à la moyenne des trois années précédentes). Par ailleurs, une méta-analyse publiée en 2022 a révélé une très forte progression des dépressions après accouchement, passées de 12% des mères avant la Covid-19 à 25%.
C’est dans ce contexte que la région a lancé un appel d’offres sur une Question d’intérêt majeur (QIM), un dispositif qui vise à consulter la communauté scientifique sur des enjeux d’actualité, pour objectiver la situation et proposer des actions. “Il est crucial pour nous de nous investir dans la recherche en santé mentale”, motive Valérie Pécresse, présidente de la région. Les deux phases de confinement forcés ont eu un impact très fort sur le moral.”
Lauréate de cet appel, la fondation FondaMental, qui avait lancé une plate-forme d’écoute des étudiants durant la crise, en janvier 2021, va travailler sur quatre axes : “la détection des jeunes en détresse psychologique, leur évaluation par des professionnels de santé, l’orientation des patients et des aidants vers des ressources adéquates et la prise en charge des jeunes dans un parcours de soin”, précise-t-elle dans un communiqué.
Un baromètre de la santé mentale des 16-25 ans
Concrètement, ces missions seront formalisées dans trois projets, à commencer par la création d’un baromètre de la santé mentale des jeunes Franciliens de 16 à 25 ans, en partenariat avec l’Observatoire régional de santé Île-de-France, l’URC Eco Île-de-France et la professeure Marie-Christine Nizzi de l’université d’Harvard aux Etats-Unis. Ce baromètre, réalisé avec l’institut de sondage Ipsos, s’attellera à mesurer et suivre la santé mentale de 2 000 jeunes d’Ile-de-France tous les six mois pendant trois ans et ses résultats seront rendus publics. Ils permettront notamment de faire évoluer la plate-forme d’écoute lancée par Fondamental durant la crise sanitaire.
“La transition entre l’adolescence et l’âge adulte est une période charnière dans le développement psychosocial des jeunes , explique Marion Leboyer, directrice générale de la Fondation FondaMental. C’est souvent la période pendant laquelle peuvent débuter des pathologies psychiatriques, dont la prévalence s’est accrue pendant la pandémie comme les troubles anxiodépressifs, les addictions, les difficultés de sommeil… Les jeunes adultes ont en effet été particulièrement vulnérables face aux conséquences psychologiques de la crise sanitaire, synonyme d’isolement et d’incertitude pour l’avenir.”
Mieux comprendre le risque suicidaire des moins de 15 ans
Le second projet consistera en une série d’études fines sur la prévalence des idées et des tentatives de suicide chez les jeunes de 10 à 15 ans, en partenariat avec l’AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris) pour la fourniture des données. Objectif : “mieux comprendre les mécanismes psychologiques impliqués à la fois dans le développement des idées suicidaires et dans leur traduction en actes, pour permettre des actions de prévention”, détaille la fondation.
Application mobile
La fondation planche par ailleurs sur une application mobile française “Before Anyone Else” (BAE), d’évaluation et prévention des conduites suicidaires pour les adolescents, avec le professeur Philippe Courtet du CHU de Montpellier, en partenariat avec la société Adveris.
Prendre en charge les dépressions périnatales
Le troisième projet sera dédié à la prise en charge des des troubles psychiques des femmes en période périnatale. Il consistera en une plate-forme internet d’information à destination des jeunes parents comme des professionnels. Ce portail servira aussi à recueillir les informations à partir d’une cohorte de parents et enfants qui seront suivis pendant les 1000 premiers jours après la naissance, soit trois ans. Ce recueil s’effectuera via une application.
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