En 2017, David avait foncé dans une pizzéria avec une grosse cylindrée, tuant une adolescente de 13 ans et blessant grièvement douze clients. L’ancien vigile, atteint de troubles psychiatriques sévères, comparaît en appel aux assises de Créteil après avoir été condamné une première fois à perpétuité.
Ce 14 août 2017, en arrêt de travail et en plein sevrage cannabique, il est fortement perturbé par une carte postale au nom d’un autre déposée par erreur chez lui par le facteur.
Y voyant un nouveau signe d’un complot contre lui, il sort de son domicile de Seine-et-Marne, monte au volant de la puissante BMW qu’il a louée pour la semaine avec une seule idée en tête: “faire quelque chose de grave”. Arrivé à la ZAC de Sept-Sorts, il fait le tour des lieux en accélérant pour impulser un élan suffisant à son véhicule. Sourire aux lèvres, serein, il lance alors son bolide contre la terrasse de la pizzeria où dînent des familles.
Le choc est tel que la voiture traverse la vitrine et la salle de restaurant avant de s’écraser contre le bar. Un carnage. Le bilan est terrible : une adolescente de 13 ans est tuée, douze autres clients sont grièvement blessés.
Aussitôt arrêté et placé en garde à vue, l’ex-vigile se tape la tête contre les murs de la caserne en expliquant aux gendarmes qu’il est “déjà mort”, s’arrache des dents.
Reconnu coupable l’an dernier par la cour d’assises de Seine-et-Marne d’assassinat et tentative d’assassinat, il a été condamné à la sentence maximale, la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans. Une peine dont il espère une atténuation en raison de ses problèmes mentaux.
En première instance, le jury avait estimé que les problèmes psychiques de l’accusé caractérisaient bien une “altération” de son discernement au moment du drame, ce qui pouvait ouvrir la voie à une sanction moindre par rapport à un justiciable en pleine possession de ses capacités mentales.
La cour l’avait cependant condamné à la plus lourde peine en raison de son “exceptionnelle dangerosité”, qui le rend selon elle susceptible de récidiver.
Justice et psychiatrie : un débat tributaire de “notions floues et arbitraires”
“Le procès sera l’occasion de discuter contradictoirement des conséquences au plan pénal de la maladie chronique, aujourd’hui traitée, de l’accusé”, a déclaré à l’AFP son avocat Me Eric Plouvier, déplorant que le débat juridique se trouve tributaire de “notions floues et arbitraires” de psychiatrie.
Ce mardi 30 août, le procès en appel s’est ouvert dans une salle aux bancs de parties civiles fournis. Le dossier compte 48 victimes. “Au moment des faits, j’étais pas moi et ça (en première instance) ils l’ont pas très bien compris, je pense”, explique l’accusé d’une voix pâteuse, crâne rasé et corps bouffi par les traitements médicamenteux qu’il prend désormais. Bedonnant, il est méconnaissable par rapport aux photos d’époque.
S’exprimant par phrases courtes mais claires, en difficulté pour trouver ses mots dès lors que l’interrogatoire s’écarte des questions qu’il a préparées, David est revenu mardi sur sa personnalité et son état d’esprit en amont des faits. “Je me sentais suivi, je pensais qu’on me voulait du mal.” Qui donc ? “Des personnes”, “la mafia”, “les gens du voyage”, a-t-il avancé au gré de l’instruction, expliquant vouloir “se venger de l’être humain”.
“Maintenant que je me suis rendu compte que j’étais malade, je me dis que c’était totalement incohérent”, assure-t-il. Toujours à l’isolement carcéral, il suit actuellement un traitement psychiatrique depuis une hospitalisation de plusieurs mois durant sa détention.
Le verdict du procès est attendu le 9 septembre.
par Alexandre MARCHAND
Condamnation a perpétuité incompressible.
Il y a longtemps, à l’occasion d’un déplacement professionnel, j’avais été plusieurs fois à l’hôpital psychiatrique de Sarreguemines, une ancienne caserne de l’Otan, un des plus grands de France.
A cette occasion, j’avais posé au Secrétaire Général la question qui brûle les lèvres de chacun d’entre nous : “si je commet un meurtre, et que j’arrive à me faire passer pour ‘fou’, alors je ne suis pas condamné ? “.
D’abord, il me fut répondu qu’il est difficile de simuler la folie, et l’irresponsabilité au moment du meurtre. Et surtout, si vous êtes reconnu malade, vous serez interné dans la section spéciale des ‘malades difficiles’, puis après un temps très long et évaluation, dans une section moins stricte, puis ainsi de suite jusqu’à bénéficier de quelques sorties par ans, très encadré. En gros, vous n’en sortirez que très tardivement, ou jamais … si tout cela ne vous rend pas effectivement malade pour toujours !
Si vous êtes arrêté et condamné à une peine de prison, mettons 15 ou 20 ans, si vous vous conduisez correctement et fournissez des garanties, vous pourrez avoir une remise de peine … Se faire passer pour fou n’est pas une solution.
Dans le cas présent, il y a meurtre de masse avec préméditation et en toute connaissance de cause (donc pas en état de ne pas avoir conscience de ce que l’on fait) : peine maximale donc, avec en principe obligation de soins (qui ne se font pratiquement pas en prison). De plus, on se drogue volontairement. Seul le déclenchement de l’acte peut s’expliquer par l’état psychiatrique.
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