Située face à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le chantier de la future Maison de l’autisme est lancé. Promise par Emmanuel Macron, elle est conçue comme un lieu de ressources pour les familles et de partage de bonnes pratiques pour les professionnels et les associations.
“Avec cette structure, nous aurons un nouveau lieu de rayonnement et de meilleures capacités d’accueil, de ressources et une diversité d’outils pour accompagner les aidants et les professionnels ainsi que pour fédérer davantage les associations“, résume Marie Schuster, directrice du Centre de ressources autisme Île-de-France (CRAIF).
Ses équipes investiront le troisième étage de la future Maison de l’autisme, aux côtés de celles du Groupement national des centres de ressources autisme (GNCRA) et de l’association Autisme info service. Elles co-animeront sa programmation dans un premier temps avant d’être rejoint par d’autres associations ou structures de l’économie sociale et solidaire.
“Elle doit être avant tout un lieu de ressources et de compétences pour les autistes, leurs familles et les professionnels, un centre de formation et de rencontre pour les chercheurs, et peut-être espace pour l’innovation appliquée“, complète Geneviève Darrieussecq. Selon la ministre déléguée chargée aux personnes handicapées, venue visiter les lieux vendredi, “ce choix d’implantation à Aubervilliers n’est pas anodin, à proximité du Campus Condorcet et accessible à proximité immédiate d’une station de métro [ndlr, Front populaire, ligne 12]. Un peu moins de trois ans après la décision de créer cette maison, les choses sont bientôt là.”
2 millions d’euros
Décidée lors de la conférence nationale du handicap le 11 février, la création de la Maison de l’Autisme a été retardée à deux reprises. Mais les travaux d’aménagement sont maintenant sur les rails. Elle occupera des locaux, servant autrefois de showroom, du groupe immobilier Icade, filiale de la Caisse des dépôts et consignations, au 10, rue Waldeck Rochet à Aubervilliers. “C’est ici qu’ont été conçus tous les ateliers du Village des athlètes“, confie Olivier Wigniolle, directeur général d’Icade qui a facilité l’opération.
Au total, 2 millions d’euros ont été investis pour son aménagement. Elle bénéficiera 1,6 million d’euros de budget de fonctionnement. Une enveloppe de 400 000 euros est dédié au volet numérique du projet.
Au rez-de-chaussé, la Maison de l’autisme accueillera sur 650 mètres carrés de multiples espaces adaptés, conçus par l’architecte Anne-Sophie Brychy, qui réalise également la piscine de Marville à La Courneuve pour les jeux olympiques Paris 2024.
En plus du centre de documentation, de coins lecture ou de consultation sur support numérique, elle proposera également une agora prévue pour une centaine de personnes, ainsi qu’un espace modulable pour organiser des événements.
“Tout ici est fait pour casser les stéréotypes et accueillir la vitrine informative de l’autisme et les TND [ndlr, troubles du neuro-développement]”, souligne Hela Daboussi qui pilote le projet au sein de la délégation interministérielle à l’autisme et aux TND. “Mais la Maison numérique de l’autisme qui est développée parallèlement est tout aussi importante pour toucher tout le public éloigné de l’Ile-de-France, mais aussi pour pouvoir programmer des visites, consulter la programmation ou réserver des salles“, détaille-t-elle.
Près de 2 000 enfants sans place en IME
“C’est avec beaucoup de satisfaction que nous voyons ce projet voir le jour. Mais je veux saisir l’occasion pour tirer la sonnette d’alarme sur la situation que connaissent les enfants en situation de handicap en Seine-Saint-Denis (…) une situation que je dois qualifier de dramatique“, pointe Stéphane Troussel.
Selon le président du département, environ 2 500 enfants scolarisés se trouvent sans AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) “pourtant accordés par la MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées)”. Pour les Sessad [services d’éducation spéciale et de soins à domicile], la liste d’attente s’établit à 4 700 places, soit plus de 400% des capacités. Et près de 2000 enfants orientés en IME (institut médico-éducatif) ne trouvent pas de place sur les 1 600 existants. “Vous l’aurez donc compris, l’école inclusive en Seine-Saint-Denis a malheureusement tendance à résonner comme un slogan, à se heurter à la réalité de l’insuffisance des moyens déployés“, souligne-t-il.
De son côté, Marie Schuster du CRAIF note que “les choses évoluent certainement trop lentement, mais, en tout cas en Ile-de-France, les délais d’attente pour les diagnostics s’améliore tout comme la scolarisation des enfants en situation d’autisme.” Mais pour elle celle-ci “n’est pas toujours la solution. Il n’y a de réponse unique. Le challenge aujourd’hui c’est la transformation de l’offre d’accompagnement. Aujourd’hui, il faut encore aller chercher toutes ces familles et ses personnes qui ne savent pas vers qui se tourner. C’est pour cela que l’on multiplie les actions et les partenariats avec les collectivités locales.“
2022, mars, maintenant avril…
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