Aulnay-sous-Bois: quel avenir pour le centre d’information et d’orientation?

“On nous a informé en mai que notre CIO serait fermé le 7 juillet et transféré dans les locaux de celui de Tremblay-en-France“, explique Sylvie Amici, l’une des psychologues de l’éducation nationale (psy-EN) qui anime le CIO d’Aulnay-sous-Bois. “Cela reviendrait purement et simplement à condamner notre service qui repose sur la proximité“, pointe-t-elle.

Avec une trentaine de collègues syndiqués et non syndiqués, elle organisait un rassemblement lundi 13 juin devant le rectorat de Créteil. Elle est aussi à l’initiative d’une pétition en ligne qui a recueilli un peu plus de 1 900 signatures jusqu’à présent. “Nous refusons cette rupture manifeste et injuste de l’égalité d’accès à un service public d’Etat“, déclarent ses signataires.

Transfert temporaire

“La fin du bail est acté depuis janvier“, indique Géraldine Duriez, représente SNES-FSU des psychologues de l’éducation nationale en Seine-Saint-Denis. D’après les personnels, la mairie d’Aulnay-sous-Bois a décidé de récupérer ses locaux pour y installer ses services dédiés à la petite enfance.

“Ça se comprend tout à fait. Mais entre temps des solutions plus adaptées auraient pu être trouvées. Cette question a été traitée entre techniciens de la mairie et du rectorat sans que les conséquences ait été bien pesées“, déplore Sylvie Amici. La mairie d’Aulnay-sous-Bois aurait proposé une solution pour réinstaller le CIO, mais dans quatorze mois, le temps de réaliser les travaux d’aménagement d’un nouvel espace. Contactée à plusieurs reprises, celle-ci n’a pas souhaité s’exprimer.

“Jusqu’à 1h30 de transport”

Créés dans les années 1970, les centres d’information et d’orientation (CIO) ont pour mission d’aider les jeunes, en priorité scolarisés, et les parents d’élève à s’informer sur l’orientation. En plus de mettre à disposition un fonds documentaire, ils conseillent sur des problématiques comme Parcoursup, le choix de filières, des enseignements de spécialités, mais aussi la phobie scolaire, le décrochage, ou le droit au retour en formation.

Pour cela les psy-EN partagent leur temps entre le centre où ils proposent des rendez-vous personnalisés et les établissements scolaires où ils assurent des permanences.

“Il faut 1h00 voire 1h30 de transport en fonction de votre lieu d’habitation pour aller jusqu’à Tremblay, s’indigne Sylvie Amici. Comment croire que des ados de Sevran ou d’Aulnay s’y rendront? Et comment allons-nous pouvoir assurer correctement nos missions dans de telles conditions? “

“Ce CIO est en service depuis 50 ans, il est situé près de la gare RER et il est très bien identifié par les habitants“, relève pour sa part Géraldine Duriez. “Avec ce transfert, c’est donc tout un travail de proximité qui sera rompu. C’est d’autant plus dommageable que les psychologues scolaires interviennent à un stade clé de l’orientation des jeunes dans leur projet de formation, souvent au moment de l’adolescence. Le CIO accueille aussi un public en demande d’accompagnement à des moments critiques de la vie“, poursuit-elle. Elle fait référence aux adultes en reconversion professionnelle qui en franchissent parfois les portent. Par ailleurs quelque 250 entretiens ont été conduits au CIO d’Aulnay-sous-Bois avec des élèves arrivant de l’étranger.

Pas de suppression de postes

L’autre solution proposée par le rectorat consisterait à installer le CIO dans un bâtiment inutilisé du collège Pablo Neruda à Aulnay-sous-Bois. “Mais cela reviendrait aussi à dénaturer la fonction du CIO qui est une structure ouverte. Certains jeunes mais aussi parents d’élèves refusent de mettre les pieds dans un établissement scolaire. C’est d’autant plus vrai dans des villes comme Sevran ou Aulnay où les rivalités sont parfois exacerbées“, souligne Sylvie Amici.

En dernier ressort, les personnels demandent à ce que soient pris en compte une solution de relogement du CIO dans un lieu “neutre” et qui pourrait être d’anciens locaux de La Poste à Sevran. Mais, dans cette éventualité, il faudrait là encore devoir trouver un site temporaire.

Dans ce contexte, les personnels craignent des suppressions de postes ou pire celle du CIO en lui-même. “Ce sentiment s’exprime du fait que l’on soit mis devant le fait accompli, mais aussi parce que la tendance est au regroupement des CIO comme celui de Saint-Ouen fusionné avec celui de Saint-Denis. On constate aussi que beaucoup d’argent est investi dans les cités éducatives. C’est très bien mais ces investissements se font visiblement au détriment des structures du service public“, regrette Géraldine Duriez.

La représentante syndicale pointe également une tendance de fond tendant à réduire le nombre de CIO, pointant la fusion de celui de Saint-Ouen avec celui de Saint-Denis.

De son côté, le rectorat de Créteil affirme être “pleinement soucieux de préserver les missions du CIO.” Il s’est ainsi engagé à ce que déménagement à Tremblay-en-France soit temporaire tout en poursuivant la recherche d’une meilleure alternative. Il réfute toute perspective de suppression de poste.