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Initiative | | 26/08/2022
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Avec le Secours Populaire, les enfants d’Aubervilliers font trempette à Deauville

Avec le Secours Populaire, les enfants d’Aubervilliers font trempette à Deauville © Raphaël Bernard

À l’occasion de l’annuelle “Journée des Oubliés des Vacances” (JOV), le Secours Populaire d’Aubervilliers emmenait ce mercredi une quarantaine d’enfants à la plage de Deauville. Reportage.

Le rendez-vous était donné à 6h30 en bas des tours de la rue Firmin Gémier, devant les locaux du Secours Populaire d’Aubervilliers. Malgré l’horaire matinal, la quarantaine d’enfants est bien à l’heure : pas question de manquer l’occasion d’aller à la plage. Tout de suite, on distribue des casquettes blanches, que les enfants devront garder sur la tête pour se protéger du soleil, et être reconnaissables : “Le blanc, c’est la couleur du 93 !” précise Éric, un des bénévoles. Petite précision en effet. Ce mercredi 24 août, ce-sont toutes les fédérations d’Île-de-France du Secours Populaire qui se retrouveront à Deauville et emmèneront 5000 gamins, âgés pour la plupart de 6 à 12 ans.

Les familles avaient rendez-vous à 6h30 devant le siège du Secours Populaire d’Aubervilliers.

L’objectif de l’association : emmener les enfants qui n’ont pas pu aller en vacances avec leur famille. “On considère qu’un enfant qui n’est pas encore parti en vacances au 15 août ne partira pas du tout” explique Monique, 10 JOV au compteur. Selon l’association, un enfant du pays sur trois ne part pas du tout.

Ça va leur changer des allers-retours entre le parc et la maison

Devant le bus, c’est la traditionnelle cérémonie des adieux avec les parents. Zine, 47 ans, est presque aussi heureux que ses trois enfants : “C’est la première fois qu’ils partent de leur vie. Ils n’ont pas dormi de la nuit à cause de la plage. Ça va leur changer des allers-retours entre le parc et la maison. Et puis, nous aussi ça va nous faire du bien ! Je pense qu’on va aller avec leur maman vers les Champs-Élysées, s’amuser un peu”, rigole cet ex-soldat de l’armée algérienne, désormais au chômage. Malika, elle, est un peu plus nerveuse pour ses deux filles de 5 et 6 ans – “surtout pour la petite !”Quand le Secours Populaire m’a proposé d’emmener les enfants à la plage, je ne savais pas que c’était sans moi !” confie-t-elle. “Ils m’ont donné le temps pour réfléchir, et puis j’ai dit oui.”

Les mamans font un dernier aurevoir aux enfants avant le départ du bus.

Convaincre les parents fait aussi partie du travail des bénévoles : “On essaye de leur dire que c’est une chance extraordinaire. On insiste sur le fait que ça fait des années que ça existe, que c’est bien organisé”, explique Annie Bourouina, une des dix bénévoles albertivillariennes. Lancée en 1979, la JOV en est à sa 43ème édition.

“Oh ! un château !”

Dans le bus, les enfants papotent pendant que les adultes luttent contre le sommeil. Sur les coups de 9h, pause petit déjeuner sur l’aire de Vironvay, à mi-chemin sur la route de Deauville. Au milieu de la dizaine d’autres cars du Secours Populaire, l’impatience se fait sentir : “C’est trop long ! J’ai envie de me baigner”, se lamente Badis, 8 ans, déjà vêtu d’un bermuda turquoise. Heureusement, le car repart rapidement, après la distribution de brioches et de briques de lait. “Oh un château !”, commente un petit passager captivé par le paysage. “Mais non, c’est une maison”, corrige son voisin, plus âgé.

Rapidement, les premiers panneaux “Deauville” apparaissent. “On arrive !” Dans le car, le mot circule en une poignée de secondes et l’excitation redouble. En entrant dans la ville, le bus passe devant les courts de tennis de la chic station balnéaire. “Oh, des terrains d’équitation !”, croient voir les petits. “C’est vrai que pour beaucoup d’enfants, c’est un monde à part”, observe sobrement Annie, assise à l’avant du car.

Tous à l’eau !

Il est 11h lorsque les enfants sentent enfin le sable sous leurs pieds. Les sacs déposés sous le panneau “Aubervilliers”, tout le monde se rue à la mer et les batailles de frites en mousse commencent. “J’avais jamais vu la mer avant !” s’extasie Nakhana, 6 ans. L’année dernière, c’est sa sœur, Kadiatou, qui faisait connaissance avec la Manche, à Cabourg. Jusqu’ici, leur été s’était partagé entre les parcs d’Aubervilliers et de La Courneuve. Les deux sœurs font partie des sept enfants emmenés par Marie*, qui habite leur bâtiment dans la cité Lénine. “C’est moi qui leur ai dit qu’on organisait une journée à la mer, et ils ont traumatisé leurs parents pour y aller !”, raconte la bénévole. “Il faut voir les larmes de ceux dont les parents ne sont pas d’accord. Les parents ont souvent peur de ce qui peut leur arriver là-bas”, poursuit celle qui a bénéficié de l’aide du Secours Populaire par le passé.

Nakhana, 6 ans, a vu la mer pour la première fois.

Mickaël, qui s’apprête à entrer en CM1, a vu la mer deux fois : “Une fois ce matin, et une fois cette après-midi !”, explique-t-il le plus sérieusement du monde. Sans lever les yeux de son château de sable, il raconte son été : “J’ai surtout joué à des jeux sur téléphone, mais je préfère faire des châteaux de sable; J’avais promis à ma mère que j’en ferais ! Elle est très contente que je parte m’amuser.”

Mickaël, 9 ans, découvre les châteaux de sable.

Retour à Aubervilliers

18heures, c’est l’heure de remonter dans les cars. Après une journée à l’aire de la mer, le bus est beaucoup plus calme qu’à l’aller et rares sont ceux qui ne dorment pas. Mais à l’approche du bercail, on reconnaît la ville et l’ambiance se ranime. “Au-ber-vi-lliers ! Au-ber-vi-lliers !”

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