Plus de la moitié des 146 salariés de la clinique Floréal à Bagnolet ont entamé ce jeudi leur 8ème jour de grève pour réclamer une augmentation des salaires. Une nouvelle réquisition a été ordonnée mercredi par le préfet de la Seine-Saint-Denis.
“Le café, le lait… tout augmente sauf nos salaires“, peste Marie Melgire, responsable administrative aux admissions et délégué syndicale de la CGT. Selon elle, depuis le 23 novembre, 80 salariés de la clinique Floréal, à Bagnolet, sont en grève.
200 euros brut par mois
Le conflit social a éclaté avec l’enlisement de la négociation annuelle obligatoire (NAO). “Lors de la première réunion, le CSE [comité social et économique qui représente le personnel] a soumis une demande d’augmentation salariale pour tous entre 5 et 15%, la mise en place d’une prime d’ancienneté, ce qui n’est pas le cas, d’une prime de remplacement et de jours supplémentaires pour enfants malades. Évidemment, on ne s’attendait pas à ce que la direction accepte tout“, explique Marie Melgire.
“Mais la seule chose qu’on nous a proposée, lors de la dernière réunion, c’est une prime de flexibilité entre 20 et 99 euros brut, sous condition que l’on reprenne le travail. Mais sans savoir le montant“, poursuit-elle. “On s’est alors mis d’accord pour demander une augmentation des salaires de 200 euros brut par mois quel que soit le poste.”
Fauteuil massant
La CGT réclame également la mise en place d’un 13ème mois pour compenser la prime de participation. “On nous a annoncé qu’elle ne nous serait pas versée cette année en expliquant qu’il n’y avait plus d’argent. Les bénéfices ne seraient que de 15 000 euros sur l’exercice budgétaire 2021, alors sur les trois dernières années, on a toujours été à 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. On ne comprend pas. Où est passé l’argent? On a alors déclenché un droit d’alerte économique et mandaté un cabinet d’experts-comptables“, détaille la syndicaliste.
Pour les salariés en grève, la situation s’est dégradée depuis l’acquisition en décembre 2021 de la clinique Floréal par le groupe Almaviva, qui compte 38 établissements dont 18 en Ile-de-France.
“Depuis l’arrivée d’Almaviva on a eu une vague de démissions sans précédent de 46 employés“, souligne Marie Melgire. “Ces postes n’ont pas été remplacés et la clinique n’arrive pas a recruter à cause des salaires trop bas. Depuis une pénibilité énorme s’est installée. On est toujours en sous-effectif. Avant tout n’était pas simple, mais il y avait un dialogue avec la famille Gambaro” qui dirigeait la clinique depuis 2003. Avec la grève, la CGT a également relevé des irrégularités sur les fiches de paye.
L’établissement compte 146 employés pour gérer 144 chambres et entre 60 et 80 patients par jour en ambulatoire.
La CGT rapporte que face aux revendications sur les conditions de travail, la direction de la clinique Floréal a proposé la création de deux de postes, mais aussi de mettre en place une enveloppe pour organiser des repas pour les équipes, des cours de sophrologie ou de jardinage, ainsi que l’achat de crocs de couleurs et d’un fauteuil massant. “Tout ça alors que les infirmières n’ont pas le temps de prendre une pause pour aller manger ou aller aux toilettes“, pointe Lax, du service technique.
Réquisitions
Le premier jour du mouvement, 80 salariés étaient en grève. Mais dès vendredi, le préfet de Seine-Saint-Denis a pris un arrêté à la demande de l’Agence régionale de santé pour réquisitionner 40 employés. Mercredi, un nouvel arrêté de réquisition a été pris concernant cette fois 22 salariés.
“J’ai attendu qu’on me donne en main propre la réquisition“, souffle Nathalie, infirmière aux soins intensifs, où elle dit être seule pour s’occuper de huit patient “alors qu’il faut une infirmière pour quatre patients selon la loi“, souligne-t-elle. “Pour faire le travail de deux personnes on me donne 40 euros nets. Ça fait trois ans que j’ai le même salaire et 30 ans de carrière dont sept à Floréal. Pourtant je constate que les salaires sont disparates pour les mêmes postes.”
“Ces réquisitions ne répondent pas au problème et tuent le mouvement de grève“, s’insurge Marie Melgire. “La direction cherche le pourrissement. Mais on ne lâchera rien“, assure-t-elle. “C’est sûr que le mouvement ne va pas pouvoir s’éterniser, on a froid, on a plus d’argent. On attend maintenant le retour de l’audit du cabinet d’experts que l’on a mandaté et on ira jusqu’au bout, à commencer par des actions en justice si rien est fait pour régulariser les fiches de paye.”
Contactée, la direction de la clinique Floréal fait savoir ce mercredi que “les représentants du personnel et la direction se sont encore rencontrés à deux reprises aujourd’hui. Le dialogue social se poursuit. Une reprise d’activité de soins prioritaires sera définie demain pour répondre aux urgences sanitaires du territoire.“
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