Depuis ce mardi, le lycée Jean Macé de Vitry-sur-Seine fait l’objet de blocus lycéens. Mercredi, la police a dispersé les manifestants et deux élèves ont été interpellés. L’un des deux, qui a fait l’objet d’une garde à vue, dénonce des violences. Selon nos informations, des parents et un policier ont porté plainte.
C’est l’un des rares établissement scolaire du Val-de-Marne à avoir répondu à l’appel au blocus ce mardi à l’occasion du mouvement social national. “Nous demandons la fin de Parcoursup et plus globalement de la sélection dans l’accès aux études supérieures, le report des épreuves anticipées au bac du mois de mars parce que les absences d’enseignants ne sont pas remplacées et que cela va nous léser, la gratuité totale de l’enseignement (cantine, fournitures,…) et l’abandon de la réforme du bac pro qui va supprimer le tiers des cours de français et de langues vivantes ainsi que des milliers d’emploi d’enseignant”, résume Gwenn Thomas-Alves, élève en terminale dans ce lycée et délégué national en charge de la vie lycéenne pour le syndicat FIDL, joint par 94 Citoyens. Privés d’accès à l’établissement mardi matin, environ 300 élèves se trouvaient devant le lycée Jean Macé mardi matin, selon le lycéen. Le maire de Vitry-sur-Seine, Pierre Bell-Lloch et le député LFI Louis Boyard, étaient aussi sur place, de même que l’entourage de la députée LFI Mathilde Panot.
Intervention policière et interpellations mercredi
Le lendemain matin, les leaders du mouvement ont décidé de reconduire le blocus. “Mais nous n’étions pas aussi bien organisés et n’étions qu’une quinzaine. La police était déjà sur place. Ils ont dit qu’ils allaient nous gazer comme des fourmis et ont proféré d’autres menaces. Ils ont mis trois claques à l’un de nos camarades, deux d’entre eux ont été interpellés et placés en garde à vue. Au commissariat, un des deux lycéens a été frappé”, affirme le lycéen. Les parents d’élèves élus FCPE du lycée Jean Macé, scandalisés par les faits rapportés, ont décidé de se rendre sur le blocus ce jeudi. “Ils (les élèves) étaient calmes et commençaient à organiser leur action quand les policiers les ont intimidés. Ils ont été coursés et ont subi des violences verbales et physiques. Quand le premier lycéen est sorti de garde à vue, il a confirmé avoir subi des violences verbales et policières pendant l’intervention, il a également précisé avoir entendu son camarade se faire frapper et insulter par les policiers. Ces propos ont été confirmés par le second lycéen à sa sortie du commissariat. Son père est allé porter plainte et a fait constater les marques de coups chez un médecin. Ces versions sont totalement niées et réfutées par les policiers. Nous sommes inquiets de ce qui a pu se passer et de ce qui pourrait se passer par la suite. Nous ne pouvons accepter cela“, relate une élue FCPE dans un message à 94 Citoyens.
Plainte contre plainte
Une source policière reconnaît une situation tendue mais évoque au contraire des outrages proférés contre les fonctionnaires. “Une plainte a été déposée par un collègue”, précise cette source.
“Si les jeunes disent vrai, c’est grave. Si les policiers ont été agressés, c’est grave aussi.“
L’intervention de la police a empêché le renouvellement du blocus ce mercredi mais ce jeudi matin, les élèves ont de nouveau bloqué l’établissement, en présence des parents d’élèves, d’enseignants et d’élus. “Nous sommes fiers de voir que les jeunes défendent des causes justes. L’école n’est pas faite pour former des travailleurs mais des citoyens. Nous soutenons le mouvement”, réagit Pierre Bell-Lloch (PCF), le maire de Vitry-sur-Seine, joint au téléphone. Concernant les interpellations, l’élu réclame que la clarté soit faite. “Il y a deux versions comme souvent dans ces affaires. Si les jeunes disent vrai, c’est grave. Si les policiers ont été agressés, c’est grave aussi. J’ai demandé aux familles des élèves de réunir les témoignages. Il faut une procédure pour que la vérité soit établie!“
Mise à jour jeudi après-midi
Contacté, le parquet de Créteil nous a communiqué des éléments ce jeudi après-midi. “Lors du blocus du lycée hier, un mineur de 17 ans s’est adressé à l’un des policiers en lui disant « ferme ta gueule ». Au moment de l’interpellation, il s’est enfui en courant avec un autre individu. Les deux individus ont été rattrapés et interpellés. Seul l’auteur des propos a été placé en garde à vue, pour des faits d’outrage sur PDAP. Le second individu a été placé en vérification d’identité et a été libéré à l’issue de la mesure. Lors de son audition, le mineur a reconnu les faits. Sans antécédents, il a fait l’objet d’une alternative aux poursuites avec obligation de réaliser un stage de citoyenneté. Ce jour, le père du mineur s’est déplacé au commissariat de Vitry-sur-Seine pour déposer plainte, dénonçant des violences subies par son fils au moment de l’interpellation. Aucun policier n’a été victime de violence lors du blocus”.
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