Chemin de la pompe à La-Queue-en-Brie. Face à la verdure, la petite résidence sociale sur trois niveaux du bailleur social IDF Habitat semble montrer l’exemple, avec ses façades aux couleurs chaudes et son portail sécurisé. A l’intérieur, des problèmes d’isolation pourrissent au premier sens du terme la vie des locataires.
Dès l’entrée, le ton est donné. Des coulures d’eaux repeignent les murs tandis que la moisissure s’empare des portes d’entrées et des plafonds. “Ils viennent, ils mettent un coup de peinture et ils repartent !” s’indigne Fatima, l’une des locataires.
Philippe, conseiller vente, et Aurélia, auto-entrepreneuse, ont emménagé en 2013, attirés par le cadre verdoyant. “Quand on arrive ici, c’est bien beau : il y a un champ de blé juste en face, les logements sont neufs, la résidence est calme… Mais en trois ans, nous avons eu des champignons sur les murs. Ils ont réglé le problème une première fois en laissant un trou béant pendant dix jours. Et quelques mois plus tard, on a eu une infiltration d’eau dans le salon pour les mêmes raisons : l’humidité. Récemment, on a même eu des vers! raconte Aurélia. Entre la moisissure et la mauvaise isolation, on paie pour l’extérieur! Je pars du principe que si c’est mal construit, il faut faire un geste commercial, comme une réduction de loyer ou une révision de charges le temps qu’ils fassent les travaux correctement, pas en surface!”
“C’est un type de construction qu’on ne fera plus. Nous avons remarqué trois problèmes majeurs dans cette résidence: l’infiltration au niveau des portes-fenêtres et des terrasses, l’étanchéité des portes-palières, que nous avons récemment refaites, et les espaces communs extérieurs”, reconnaît Delphine Valentin, directrice générale d’IDF Habitat.
La procédure d’expertise dommage-ouvrage: un temps insupportablement long pour les locataires
Un constat partagé qui constitue une première étape pour s’entendre entre bailleurs et locataires, mais qui donne lieu à des divergences dans la résolution du problème, à commencer par les délais. “En trois ans, on a déjà vu passer une dizaine d’experts et on est toujours au point mort. Sur la forme, ils sont protégés parce qu’ils suivent la procédure de dommage-ouvrage, mais dans la pratique, il ne se passe absolument rien !” témoigne Aurélia. Dans ce type de procédure en effet, les expertises réalisées par les assurances des différents protagonistes peuvent prendre beaucoup de temps, et reculent d’autant le règlement du problème.
“Lorsque l’expert, mandaté par la compagnie d’assurance, clôt le dossier, je ne peux plus rien faire. Il n’est pas rare que l’expertise débouche sur un non-lieu à cause d’un manque d’entretien de la part des locataires. Concernant l’isolation, il y a une manière précise de fermer les fenêtres qui n’est pas toujours bien respectée”, indique de son côté Nadia Boudjellaba, rsponsable technique du bailleur.
De quoi attiser la colère des locataires du 3 et du 5 chemin de la pompe. “Ils ont déjà osé dire à certains locataires que les infiltrations d’eau étaient dues à un mauvais nettoyage!” dénoncent d’une même voix Fatima, Aurélia et Julie.
En attendant, Fatima s’inquiète pour son fils de cinq ans, Ryan, qui a depuis tout petit une maladie de peau qui lui donne de l’eczéma. Récemment, des champignons sont apparus sur son corps, raconte-t-elle. “Les médecins sont formels, les conditions sanitaires de l’appartement jouent un rôle dans cette maladie”, confie la mère. “Il ne faut pas que cela touche la santé des enfants, réagit la directrice du bailleur tout en expliquant que les problèmes sont souvent à la “marge”, entre “l’entretien des logements et les pannes de VMC (ventilation mécanique contrôlée).”
Conseillés par le Centre communal d’action sociale (CCAS) de La-Queue-en-Brie, Aurélia et Philippe ont contacté l’Agence Régionale de Santé (ARS) pour une expertise sanitaire de leur logement, dont les conclusions recommandent de “traiter les fissures dans les parties communes, rechercher et supprimer par des moyens efficaces et durables la présence de moisissures, la présence d’infiltration entre la terrasse extérieure et le bas des murs, et sur le mur de la chambre”. Et l’expert de prévenir : “le logement n’est, pour l’instant, pas insalubre. En revanche, si rien n’est fait dans un futur proche, il le deviendra.”
“On a eu des problèmes de démarrage, c’est sûr. Mais aujourd’hui c’est suivi”, promet la directrice générale qui insiste sur la “transition” du service de gestion locative et proximité opéré depuis 2021 et a connu quelques soucis de rodage administratif. Concrètement, cette transition passe par une nouvelle organisation de la communication avec les locataires avec la création d’un poste axé sur les dossiers de dommages/ouvrage, un enregistrement systématique des demandes des locataires et la création d’un centre d’appel. IDF Habitat a du reste reçu, début 2021, le label Quali’HLM pour ses efforts. Une reconnaissance qui risque de ne pas suffire à calmer les locataires caudaciens…
à moins que la première photo (éloquente) de l’article ne soit qu’une illustration, je crains pour l’avoir vécu, qu’il ne s’agisse de la moisissure Aspergillus Fumigatus. Ses spores peuvent déclencher, entre autres, une pathologie pulmonaire grave : l’aspergillose.
https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/aspergillose
https://fr.wikipedia.org/wiki/Aspergillus_fumigatus
Dans mon cas, un prélèvement pour analyse en laboratoire avait accéléré le processus. J’espère que l’ARS concernée a pensé à faire étudier ce risque particulier peu connu
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