Entreprises | | 26/09/2022
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Chez Safran, l’avenir de l’aviation décarbonée passe par Créteil

Chez Safran, l’avenir de l’aviation décarbonée passe par Créteil © CD

Le groupe Safran a défendu ce vendredi ses résultats en matière d’hybridation électrique des moteurs d’avion auprès du ministre des Transports, Clément Beaune, invité à inaugurer le nouveau centre de recherche et développement de l’équipementier à Créteil. Une visite qui intervient alors que le réinvestissement de l’Etat dans la filière est en cours dans le cadre du plan France 2030.

Alors que les rapports du Giec sur le réchauffement climatique sont sans appel, la décarbonation de l’aviation est devenue un enjeu stratégique au niveau mondial. Ce mode de transports, qui contribue à près de 2% de l’ensemble des émissions de CO2 au niveau mondial, est en effet très largement en tête concernant le taux d’émission par kilomètre par passager. Dans ce contexte, la course technologique est lancée. “75% de nos efforts en recherche et développement sont consacrés à la décarbonation de l’aviation”, a chiffré ce vendredi Olivier Andriès, directeur général de Safran, au ministre des Transports, Clément Beaune, venu inaugurer le nouveau centre R&D de Créteil. Et de rappeler le poids des acteurs français dans cette filière. “S’il y a un domaine où la France doit avoir un impact significatif au niveau mondial, c’est bien l’aéronautique!” a martelé le DG.

1,2 milliard d’euros pour décarboner l’aviation

Dans le cadre du plan France 2030, l’Etat a prévu d’investir sur la décarbonation du transport aérien en mettant 1,2 milliard d’euros sur la table, avec un volet recherche de 800 millions d’euros et un volet industriel de 400 millions d’euros. L’enveloppe de 800 millions d’euros a été attribuée au Corac (conseil pour la recherche aéronautique civile, organe cogéré par l’Etat et les principaux acteurs économiques du secteur (dont Safran) pour porter les projets d’investissement dédiés à la décarbonation de l’aviation). La seconde enveloppe sera attribuée au cours de futurs appels à projets. Le premier, doté de 100 millions d’euros, est d’ores et déjà en cours, pour accompagner prioritairement des acteurs émergents (“startups, PME et ETI innovantes”) dans la phase d’industrialisation de solutions pour créer des aéronefs bas-carbone.

Moteurs frugaux, carburant durable, hybridation électrique

Passer de l’étape R&D à l’étape industrielle, c’est précisément la phase dans laquelle se trouvent les pépites en cours de certification au centre recherche et développement de Créteil, ont déroulé les dirigeants de Safran. Dans la stratégie de décarbonation de l’équipementier, le centre cristolien constitue la troisième brique, a rappelé Olivier Andriès en préambule. La première travaille à “l’ultra-frugalité” des moteurs. Elle passe par un partenariat lancé avec GE en 2021 (projet RISE – pour « Revolutionary Innovation for sustainable engines) pour proposer un moteur qui consomme 20% de carburant en moins. Le résultat d’une rupture technologique car “l’innovation ne vient pas que des startups”, a insisté le directeur général. Sur le sujet, le président du conseil d’administration de Safran, Ross McInnes, a rappelé l’historique de Safran sur la sobriété des moteurs, évoquant le moteur Leap, qui a permis de réaliser 15% d’économies. Lancé en 2016, il avait été “initié dès 1992”, a pointé le président.

Le deuxième brique de l’équipementier concerne l’utilisation de “carburants durables”. Un défi sur lequel Olivier Andriès a estimé que l’Europe n’était “pas assez ambitieuse” par rapport aux Etats-Unis qui “se sont fixés un objectif de 10% en 2030”.

De gauche à droite : Olivier Andriès, directeur général de Safran, Stéphane Cueille, président de Safran Electrical & Power, Clément Beaune, ministre délégué aux Transports et Ross McInnes, président du conseil d’administration de Safran.

Certification attendue en 2023

La troisième brique est celle du dopage électrique des moteurs. C’est celle qui est développée au centre de Créteil. Il s’agit ici de travailler à la propulsion électrique des moteurs d’avion, en hybridation avec un moteur thermique, afin de réduire davantage la consommation de carburant mais aussi les nuisances sonores, en phase de décollage et d’atterrissage. A Créteil, le moteur électrique Engineus 100 est sur la rampe de lancement. “Il devrait être certifié en 2023”, a indiqué ce vendredi Stéphane Cueille, président de Safran Electrical & Power. “Une première mondiale.” La certification est en effet le nerf de la guerre, feu vert ultime pour l’industrialisation du produit. D’ores et déjà, la startup Voltaero, qui développe une nouvelle famille d’avions, a choisi ce moteur pour sa gamme Cassio. Les premiers vols concerneront des habitacles de quelques places avant de monter progressivement en charge. Chez Safran, la nouvelle gamme Engineus prévoit à ce jour d’aller jusqu’à 500 kw. Pour l’équipementier, l’objectif est d’équiper les moyens courriers, “qui représentent 80% des vols commerciaux”, ont rappelé les dirigeants. Un rêve qui pourrait devenir réalité d’ici à 2035.

Compromis puissance/masse/sécurité

Concrètement, le défi technologique repose sur le compromis puissance/masse – et sécurité ! Car on arrête pas un avion comme une voiture sur le bord de la route si ça chauffe trop, rappelle Stéphane Cueille qui a présenté, au-delà des nouveaux moteurs, les solutions de batterie intelligente pour stocker l’électricité et le couvercle de sécurité en cas d’emballement thermique. Concentré de technologie surtout, le système de gestion énergétique et l’intégration compacte de l’électronique dans le moteur pour éviter les câbles et réduire au maximum la taille et le poids. Une panoplie complète qui ne s’arrête pas au moteur, met en avant l’équipementier, qui a réalisé plusieurs acquisitions pour couvrir l’ensemble du spectre. Pour développer et faire certifier la gamme électrique, un peu plus de 400 collaborateurs s’activent actuellement sur le site de Créteil, dans le parc technologique de la rue Auguste Perret.

© CD

Pas de 100% électrique

Pas question en revanche de se projeter à ce stade sur une propulsion 100% électrique. Il faudrait plusieurs ruptures technologiques dans le développement des batteries pour envisager une telle évolution, explique Stéphane Cueille.

Sollicité sur le soutien de l’Etat aux investissements du groupe, Clément Beaune a rappelé le plan France 2030 et promis que le groupe serait au cœur du dispositif. “D’une manière générale, l’Etat ne laisse pas tomber les pépites françaises”, a assuré le représentant de l’Etat, qui reste à ce jour le plus gros actionnaire de Safran avec une participation de 11,2%. Le ministre a par ailleurs insisté sur la nécessité de donner de la visibilité à la filière et de développer une politique économique favorable à l’investissement.

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