Chez les U12 de la Jeanne d’Arc de Drancy (JAD), le plaisir de la Coupe du Monde de football passe avant toutes les polémiques qui entourent cette édition au Qatar. Pour ces passionnés de ballon rond, difficile de boycotter cet événement tant attendu.
Comme tous les mercredis, c’est jour d’entraînement pour les U12 de la Jeanne d’Arc de Drancy (JAD). Sur la pelouse synthétique du stade Maurice Baquet, à deux pas des rails du RER B, les jeunes recrues commencent l’échauffement sous l’œil de leurs entraîneurs, qui n’hésitent pas à hausser la voix en cas de ralentissement.
Dans l’équipe, personne ne manque une miette de la Coupe du Monde au Qatar, débutée un peu moins d’une semaine plus tôt. La veille, c’est justement la France qui a fait son retour dans la compétition, avec un début réussi contre l’Australie (4-1). Les joueurs connaissent tous les détails sur le bout des doigts : « Olivier Giroud a égalé le record de buts en équipe de France de Thierry Henry ! », s’exclame Rayan du tac au tac, comme s’il participait à un quiz. « En plus, il y a un ancien joueur de la JAD qui a joué hier ! », nous apprend Chaïn, faisant allusion au milieu de terrain Youssouf Fofana, entré en jeu hier à la 77ᵉ minute, premier joueur du club à être sélectionné en Équipe de France.
“C’est notre passion !”
Ici, contrairement à près d’un fan de football sur quatre, pas question de boycotter la coupe du monde. Sur la quarantaine de jeunes pousses, seule une bonne moitié semble être au courant des polémiques qui entourent la compétition : « Ah bon ? Il y a des gens qui sont morts en construisant les stades ? », demande Noah, qui tombe des nues. « Bah oui ! Plus de 6 000 morts ! Je l’ai vu dans une vidéo ! », rétorque Kerim, un peu agacé.
Sur la question des morts dans les chantiers des stades, l’équipe est unanime. “C’est injuste que des personnes meurent juste pour des stades”, déplore Bakary. “Ça montre que l’esclavage existe toujours”, renchérit Enzo.
Sur la question des supporters LGBT, priés de se faire discrets au Qatar, l’opinion est plus divisée. “C’est un pays musulman, il faut les respecter”, argumente un jeune. “D’accord, mais c’est des humains comme nous !”, réplique un autre.
Pronostics
Quoiqu’il en soit, les jeunes drancéens n’ont aucune intention de se priver de leur plaisir. “On a pitié d’eux, mais c’est notre passion !”, plaide Nhaël, qui regarde tous les matchs qu’il peut. “En plus, c’est pas à cause de nous !”, soutient son pote Arouna.
Ici, on soutient le Maroc comme Omar, le Sénégal comme Bakary, ou la France comme Enzo. Mais quand on en vient aux pronostics, le verdict est quasi unanime : cette année la coupe reviendra au Brésil, grand favori de cette édition. Malgré tout, ils sont plusieurs à regretter que la Coupe du Monde ait lieu au Qatar : “On aurait préféré que ça soit à Drancy !”
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