Contrits et très émus, les quatre hommes accusés dans l’affaire Amadou Ba, le champion de boxe thaï tué en 2018 à Créteil, ont “demandé pardon à la famille” vendredi lors de leurs derniers mots devant la cour d’assises du Val-de-Marne, avant que les jurés ne se retirent pour délibérer. L’avocat général a requis 30 ans de prison pour cet assassinat.
Contre ces hommes qui comparaissent pour assassinat, dont les trois ex-beaux-frères de la victime, le parquet général a requis jeudi entre 20 et 30 ans de réclusion criminelle. “C’est une exécution, ils ont voulu l’effacer coûte que coûte”, a déclaré dans son réquisitoire l’avocat général Guillaume Portenseigne, affirmant que les quatre accusés étaient “responsables collectivement”. Des peines “qui ne (nous) laissent aucune chance”, a imploré un accusé.
Le 3 avril 2018, en soirée, après avoir dispensé un entraînement de boxe, Amadou Ba est atteint par six balles et roué de coups avec une batte de base-ball. A 39 ans, il mourra à l’hôpital.
Au commencement de l’affaire: la séparation entre la victime et son ex-femme, la sœur de trois des accusés. Placée en garde à vue mais jamais mise en examen, elle a reconnu lundi avoir une “responsabilité morale” envers ses frères. Témoignant à la barre, elle a assuré avoir subi de multiples violences, physiques, psychologiques et sexuelles de la part de son ex-mari, mais ne pas avoir eu “la lucidité pour retenir (son) frère” Yazid K., qui a reconnu avoir tiré. “Alors qu’elle échappe aujourd’hui à toute responsabilité pénale, j’espère qu’elle ressentira un jour le poids de la culpabilité”, a scandé à son sujet l’avocat général. Selon lui, la cour devra prendre en compte la haine de l’ex-épouse, qu’elle “a su avec acharnement diffuser au sein des membres de sa fratrie”, les poussant à une “vengeance privée”.
Yazid K., a pour sa part reconnu avoir tiré les coups de feu. Contre lui, l’avocat général a requis la peine la plus lourde, 30 ans de réclusion criminelle. “Pardon, pardon, pardon”, n’a cessé de répéter l’homme vendredi.
A ses côtés dans le box, Nacer K., qui a avoué avoir porté des coups de batte. Vingt-cinq ans de prison ont été requis à son encontre. “Je suis sincèrement désolé, toute ma vie, je porterai cette culpabilité”, a-t-il dit.
Contre le troisième frère, Djamel K. et l’ami Karim A., qui affirment ne pas avoir donné de coup, vingt ans de réclusion ont été requis.
La voix brisée, Karim A. a reconnu qu’il aurait “encore l’occasion de serrer ses enfants contre (lui)”, contrairement à la mère d’Amadou Ba. “Je suis vraiment désolé”, a-t-il insisté. “Je n’ai rien voulu de tout ça, je n’étais pas au courant (du projet)”, a-t-il soutenu.
Djamel K. a aussi pensé “à la mère, que j’ai vue s’écrouler”. “On n’a pas voulu la mort, personne ne l’a voulue”.
Dans sa plaidoirie vendredi, Franck Berton a torpillé la thèse de la préméditation : des empreintes sur le chargeur, pas d’alibi, pas de gants, soit ce sont “des abrutis”, soit “ils n’ont pas prévu l’assassinat”, a argumenté le conseil de Yazid K.
Le verdict est attendu dans la soirée.
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