“Gestion à flux tendu, éducation foutue !” ont scandé une centaine de manifestants, essentiellement des professeurs de quatre lycées du Val-de-Marne (Apollinaire à Thiais, Jean Macé et Chérioux à Vitry-sur-Seine, Romain Rolland à Ivry-sur-Seine) ainsi que des représentants du collège Rosa Parks de Gentilly , ce mardi devant le rectorat de Créteil, en colère contre les moyens alloués à leur établissement à la rentrée 2022 via la nouvelle dotation horaire globale (DHG).
“Nous avons déjà présenté au recteur une demande d’audience, celle-ci est restée sans réponse. C’est pourquoi nous sommes de retour ici aujourd’hui”, explique une enseignante du lycée Apollinaire de Thiais. En cause :la diminution de la fameuse dotation horaire globale (DHG), qui fixe chaque année les moyens alloués à un établissement.
“Nous connaissons de fortes baisses depuis trois ans. Mais là, notre surprise c’est qu’elles nous empêche d’assurer des cours de langue, des TP de sciences et des accompagnés personnalisés. Et nous avons vraiment l’impression que ce-sont les lycées les plus populaires qui sont touchés. On a récupéré quelques heures mais ce n’est pas assez. On ne tient plus”, explique une professeure d’histoire-géographie du lycée Romain Rolland à Ivry-sur-Seine.
Des restrictions budgétaires post-covid qui fragilisent les élèves
“Depuis deux ans et demi, nous sommes trop nombreux dans les classes. Il nous faut plus d’encadrants, d’AESH (assistants pour les élèves porteurs de handicap), de personnel de ménage. On manque de tout. On vient d’essuyer deux ans de crise sanitaire et l’on nous annonce encore des suppressions de moyens. C’est une provocation!” dénonce une professeure de Sciences économiques et sociales du lycée Apollinaire de Thiais. Dès l’année prochaine, l’établissement passera de 10 à 9 classes de terminales, explique-t-elle, craignant que leur effectif ne passe à 35 élèves par classe au lieu des 31 qu’elles comptent actuellement. Au lycée Jean Macé de Vitry-sur-Seine, on craint également deux fermetures de classes. “De nombreux élèves ont pourtant été fortement fragilisés par la crise sanitaire”, pointe un professeur.
“Beaucoup d’élèves se retrouvent aussi dans des filières qu’ils n’ont pas choisies faute de places”, poursuit une professeure documentaliste qui ajoute que trois voyages ont été bloqués du fait du non remplacement d’un départ à la retraite d’un membre de l’intendance. “Comment voulez-vous qu’on annonce aux élèves que leur projet de voyage, sur lequel ils travaillent depuis plusieurs mois, sera annulé parce que quelqu’un n’a pas été remplacé ? Quelle motivation peuvent-ils avoir après cela ?”
Le remplacement des professeurs absents est devenu un casse-tête qui empoisonne la vie du lycée, abondent les enseignants. “Nous avons un collègue en science de l’ingénieur qui est absent pour cause de longue maladie. Or, cela fait plus d’un mois que nous attendons un remplaçant. Bien-sûr, ce-sont les élèves qui en pâtissent!”
Un ajustement lié à la démographie
Le recteur de l’Académie de Créteil, Daniel Auverlot, a pour sa part assuré fin janvier que malgré la baisse des effectifs, le nombre de postes dans l’académie allait augmenter légèrement, promettant un meilleur taux d’encadrement des élèves. Le recteur a ainsi chiffré la diminution du nombre de collégiens à 1 513 dans le Val-de-Marne, soit -2,26%. La diminution projetée est en revanche nettement plus faible au lycée, de l’ordre de 500 au niveau de l’académie (Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis et Seine-et-Marne)
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