Petits ponts, jongles, tirs en pleine lucarne… En maillots du PSG, de l’équipe de France ou du Bayern Munich, plus d’une cinquantaine de jeunes ont participé au tournoi de foot organisé par l’Accélérateur, premier Établissement d’Insertion par le Travail Indépendant (EITI) du Val-de-Marne. L’occasion de promouvoir son approche pour rebondir dans l’emploi.
Au-delà de la coupe amicale au gymnase Paul Casalis de Créteil, l’objectif était de sensibiliser les participants à cette insertion par le travail indépendant. “Nous visons essentiellement des personnes qui n’entrent pas dans la case du salariat” explique Norma Valteau, directrice de l’Accélérateur, entité appartenant à la plateforme Staffme, plateforme de mise en relation entre entreprises et travailleurs indépendants. En ligne de mire : des jeunes, pas ou peu diplômés, parfois en proie à la pauvreté, l’addiction ou l’isolement.
Objectif CDI
L’Accélérateur met notamment en avant la flexibilité et l’indépendance. Orientés pour la plupart par Pôle Emploi, la mission locale ou par le Plan Régional d’Insertion pour la Jeunesse (Prij), les “accélérés” bénéficient d’un suivi de 3 à 24 mois. Pendant cette période, ces derniers reçoivent des formations pour augmenter leur employabilité (rédaction d’un CV, préparation aux entretiens d’embauche, accompagnement social…), tout en pouvant postuler pour des missions en tant qu’autoentrepreneurs, parmi un choix de 33 métiers.
Consciente des critiques contre l’auto-entreprenariat, Norma Valteau arrondit les angles. “Oui, le statut d’indépendant a des trous dans la raquette. Mais il peut être un vrai outil d’insertion s’il est accompagné d’aides personnalisées. La flexibilité et l’autonomie qu’il permet ont un effet valorisant sur les personnes éloignées de l’emploi. D’autant plus que nous ne voyons pas le travail indépendant comme une fin en soi, mais plutôt comme un tremplin. Le but, c’est qu’ils décrochent un CDI”, motive-t-elle. Le travail indépendant permet également une insertion rapide. Une fois dans le circuit, les “accélérés” sont garantis d’entrer en activité dans les 24h, pour un salaire minimum de 15€ bruts de l’heure – 4€ de plus que le SMIC horaire brut actuel.
Informaticiens, veilleurs de nuit, médiateurs
Présent dans le Val-de-Marne depuis près d’un an et demi, l’Accélérateur a déjà accompagné 130 personnes, dont 30 sont déjà sorties du circuit. Parmi elles, 60% ont obtenu un CDI, chiffre Norma Valteau. “On s’aperçoit que ce sont surtout les plus de 50 ans qui s’orientent vers le travail indépendant ou le lancement d’une activité, souvent parce qu’ils ont déjà goûté au monde de l’entreprise et qu’ils ne veulent plus y retourner. Les plus jeunes sont plus attirés par des CDI classiques”, observe-t-elle, tout en suivant la rencontre depuis le bord du terrain.
C’est par exemple le cas de Samuel, qui vient de décrocher un CDI en tant que médiateur auprès du territoire Grand Paris Sud-Est Avenir (GPSEA). Après une licence Staps interrompue et un DU en entreprenariat, le Villeneuvois fait la rencontre des Accélérateurs lors d’un forum pour l’emploi. En parallèle de plusieurs missions dans le service, la manutention ou l’animation commerciale, ce grand gaillard se lance dans un service civique avec l’Association de la Fondation Étudiante pour la Ville (Afev), où il effectue du soutien scolaire. C’est là qu’il décroche un CDI auprès du GPSEA, qui recherchait un médiateur pour aider… à la recherche d’emploi. “Je cherchais un travail, et maintenant c’est moi qui aide les gens à en trouver !”, sourit Samuel.
D’autres, comme Guilvan, se plaisent en tant que travailleurs indépendants. Après plusieurs tentatives d’obtenir un BTS en Services Informatiques aux Organisations (SIO) et quelques missions en intérim, il intègre l’Accélérateur en 2021. Il passe trois formations, enchaîne quelques jobs alimentaires, puis décroche des missions de saisie données pour plusieurs grandes entreprises. Une tâche bien rémunérée, pour peu d’heures de travail, confie l’intéressé. Désormais, l’objectif est de trouver ses propres clients, pour pouvoir prendre son envol. Prochaines étapes : trouver un appartement, et mettre de l’argent de côté pour créer sa boîte avec Lorenzo, ami d’enfance lui aussi en parcours à l’Accélérateur. Ce dernier penche pour un CDI de veilleur de nuit dans un hôtel, parce qu’il “vit la nuit”. “On adore les jeux vidéos, et on est accro aux boissons énergisantes. Du coup, on voudrait se lancer dans la vente de boissons énergisantes, spécialisées dans les éditions limitées”, explique le geek de 22 ans.
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