Le metteur en scène Gabriel Garran, écrivain, poète et comédien, fondateur du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers et du Théâtre International de Langue Française, est décédé ce vendredi à Paris à l’âge de 95 ans, a-t-on appris samedi auprès de son entourage.
“La disparition de Gabriel Garran laisse orphelins tous ceux qui se sont autoproclamés les -enfants d’Aubervilliers -ainsi que plusieurs générations d’artistes qui ont pu trouver auprès de celui qui se nommait lui-même un -archangelet- une filiation artistique et populaire profonde”, rendent hommage ses proches dans un communiqué, écrit notamment par son administrateur Jean-Jacques Hocquard.
“Gabriel Garran était un grand seigneur du théâtre français”, a réagi sur Facebook l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, se disant “immensément triste d’apprendre sa disparition”.
De son vrai nom Gabriel Gersztenkorn, Gabriel Garran est né en 1927 à Paris d’un couple de juifs polonais. Lorsque la guerre éclate, son père est déporté à Auschwitz où il meurt. Gabriel Garran est contraint de fuir l’Occupation avec le reste de sa famille et d’exercer sous une fausse identité différents métiers, selon son entourage.
Après la Libération, il devient animateur et découvre le théâtre. Sa rencontre avec Jack Ralite, élu communiste à la mairie d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), lui inspire le projet du premier théâtre populaire permanent en banlieue, avec la création en 1965 du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, centre dramatique national en 1971, qu’il a dirigé pendant 20 ans.
“Jusqu’au bout de sa vie sa vitalité était impressionnante. Il passait d’une idée fondatrice à une autre, ce qui a fait de ce théâtre un lieu exceptionnel. C’est aussi lui qui a introduit l’improvisation en France”, témoigne la directrice du théâtre, Marie-José Malis. “C’était quelqu’un de très discret, opiniâtre, courageux, novateur. Il laisse un héritage immense pour le théâtre francophone.”
Gabriel Garran avait en effet fondé, en 1985, le Théâtre international de langue française, dédié aux auteurs de langue française à travers le monde, qu’il dirigera pendant 13 ans, avant de créer en 2005 sa dernière compagnie, Le Parloir Contemporain avec pour objectif le point de rencontre entre littérature, théâtre et poésie, selon le communiqué.
“L’avenir du théâtre appartient à ceux qui n’y vont pas”
Gabriel Garran a écrit deux pièces, “La couleur du pain” et “Le Rire du fou”, un roman autobiographique “Géographie Française”, une adaptation “Tulipe ou la Protestation” et plus de 1000 poèmes dont la plupart sont inconnus des lecteurs ou édités sous forme de recueils, rappelle son entourage.
Révélateur à travers ses mises en scène de nombreux talents, dont notamment des auteurs et artistes africains, maghrébins et québécois méconnus en France, Gabriel Garran a été récompensé en 2015 de la Grande médaille de la francophonie par l’Académie française.
Dans un communiqué, la direction du théâtre de la Commune a rappelé le slogan de son fondateur: “L’avenir du théâtre appartient à ceux qui n’y vont pas”.
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