Environnement | | 17/05/2022
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Décharge toxique à Villejuif: les collectivités attaquent l’Etat en justice

Décharge toxique à Villejuif: les collectivités attaquent l’Etat en justice

Quand l’Etat va-t-il déblayer et dépolluer la montagne de déchets à ciel ouvert qui plombe le site de la redoute des Hautes Bruyères à Villejuif? Un an après l’évacuation d’un bidonville sur ce terrain de l’Etat situé à proximité de la future gare Grand Paris Express, les élus s’impatient et ont décidé d’attaquer en justice.

Au printemps 2020, un bidonville s’était constitué au pied du fort de Villejuif, consécutif à l’évacuation de campements en Seine-et-Marne, à Bonneuil-sur-Marne et au parc des Lilas de Vitry-sur-Seine. Or, ses habitants se sont rapidement retrouvés sous la coupe d’une organisation qui a transformé le site en décharge illégale, récupérant des déchets de toute la région, pour certains polluants et dangereux, et contraignant les habitants du campement, enfants compris, à faire le tri. En juin 2021, la police a évacué le site qui s’était installé sur des terrains de l’Etat après décision de justice et au terme de nombreuses interpellations des élus en vers l’Etat. Depuis cette date toutefois, la décharge à ciel ouvert, que la ville de Villejuif estime à 40 000 m3, est toujours bien présente. Un volume qui commence à être conséquent, même si l’on reste loin de la montagne de déchets (conséquence d’une décharge dont le gérant avait fait faillite) qui avait retardé la création de l’écoquartier des Temps durables à Limeil-Brévannes il y a quelques années. Un terril fumant qui avait dépassé les 150 000 m3 et 25 mètres de hauteur. A l’époque, l’évacuation et dépollution avaient coûté 20 millions d’euros.

Attaque en justice

“Ces dépôts de substances et matériaux potentiellement dangereux nuisent gravement à la pollution de l’air et du sol de cet espace pourtant classé zone naturelle sensible. Il y a urgence, alors que le chantier de la gare Gustave-Roussy du Grand Paris express (ligne 14) rentre dans sa dernière phase et que les premiers aménagements de la ZAC Campus Grand Parc sont en cours”, presse la ville qui annonce attaquer l’Etat en justice “pour obtenir la remise en état du site”, “en lien avec le Conseil départemental et les villes voisines de Cachan, L’Haÿ-les-Roses et Arcueil”. A la barre, c’est Corinne Lepage, avocate et militante écologiste, qui plaidera le dossier.

Quel devenir pour le site ?

Au-delà de la dépollution, qui constitue aujourd’hui un préalable, le devenir du site du fort suscite aussi la controverse. Cet ancien centre d’entraînement à la police nationale (jusqu’à l’été 2016) devait initialement être reconverti en projet mixte avec une antenne de la fac de médecine de Paris Saclay, une résidence de logements pour étudiants et jeunes actifs, une auberge de jeunesse, un centre de séminaire… Un projet qui faisait partie des premiers lauréats du concours Inventons la Métropole. Une projection devenue caduque car l’antenne de la fac a finalement été transférée à Bicêtre. A la place, a été envisagé un transfert de services du ministère de l’Intérieur qui a mis la ville vent debout alors que le grand projet de zac Campus Grand Parc, aménagé par la Sadev94, dans lequel le site s’inscrit est tout entier tourné avec les sciences, entre l’extension de l’Institut Gustave Roussy, déjà classé parmi les premiers centres anticancer d’Europe, et le développement d’un immobilier largement dédié aux activités scientifiques.

Lire à ce sujet : Pôle sciences et santé à Villejuif : le point sur la zac Campus Grand Parc
Et : Villejuif : de nouveaux investisseurs pour la zac Campus grand parc

En février 2021, le président de la République, en visite à Villejuif, a néanmoins écarté cette hypothèse, promettant, selon les propos rapportés par le maire Pierre Garzon, de faciliter la session du terrain pour poursuivre le projet Campus Grand Parc. Mais quelques semaines plus tard, en mars 2021, la ministre Marlène Schiappa semait à nouveau le doute lors d’une séance de réponses du gouvernement, indiquant à la députée Albane Gaillot que le site était destiné “à accueillir, à court terme, une entreprise de revalorisation des déchets puis, à moyen terme, des structures support du ministère de l’intérieur.”

Lire : Villejuif: incertitudes sur le devenir de la décharge sauvage à Villejuif

Depuis l’évacuation du bidonville en juin 2021 toutefois, plus rien ne s’est passé.

Les élus donneront le coup d’envoi de cette nouvelle mobilisation en justice ce mercredi 18 mai à l’occasion du lancement de la fête de la nature à Villejuif.

Pour rappel des épisodes précédents, lire :

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