Alors que la gestion des déblais du futur métro périphérique Grand Paris Express constitue l’un des gros défis du chantier, avec près de 50 millions de tonnes à excaver représentant un budget d’1 milliard d’euros, la Société du Grand Paris (SGP), maître d’ouvrage du métro, annonce avoir signé une convention de partage d’information avec la gendarmerie. Explications.
Pour construire le métro du Grand Paris, il faut d’abord excaver 47 millions de tonnes de déblais, “l’équivalent du rehaussement de plus de 20 cm” de la capitale, selon l’établissement public maître d’ouvrage, qui en a déjà évacué la moitié.
“Entre 10 et 20% des déblais en Île-de-France sont des déblais du Grand Paris Express“, chiffre Bernard Cathelain, membre du directoire de la Société du Grand Paris (SGP), lors d’une visite de chantier ouverte à la presse à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), mercredi.
Les chiffres sont à la hauteur de ce tentaculaire projet de transport en commun de 200 km autour de la capitale, qui comprend quatre lignes nouvelles de métro automatique, ainsi que des prolongements de la ligne 14. Les travaux nécessitent en effet de creuser jusqu’à une cinquantaine de mètres de profondeur.
Le Grand Paris Express en bref
Pour rappel, le nouveau métro Grand Paris Express est principalement composé de plusieurs boucles périphériques qui permettront de faire le tour de la capitale depuis la banlieue et de rejoindre les aéroports d’Orly et de Roissy Charles de Gaulle.
La première boucle sera composée trois lignes : la 15 Sud qui reliera Pont de Sèvres (Boulogne-Billancourt) à Noisy-Champs en passant par Champigny-sur-Marne, la 15 Est qui partira de Champigny-sur-Marne pour aller à Saint-Denis Pleyel et la 15 Ouest qui partira de Saint-Denis pour rejoindre Pont de Sèvres.
A l’Est, un arc plus large sera composé de la ligne 16 de Saint-Denis Pleyel à Noisy-Champs, prolongé d la 15 Sud entre Noisy-Champs et Champigny.
Au Sud-Ouest, la ligne 18 passera par Versailles, le Plateau de Saclay et Orly.
Pour compléter ces boucles, le Grand Paris Express comprend également le prolongement nord et au sud de la ligne 14, d’un côté vers Saint-Denis Pleyel, de l’autre vers l’aéroport d’Orly, ainsi qu’une ligne 17 qui partira de Saint-Denis Pleyel pour rejoindre Le Mesnil-Amelot en passant par l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.
Au total, le nouveau métro représente 200 km de ligne qui seront jalonnés de 68 stations dont 80% en correspondance avec le réseau existant.
Les mises en service doivent s’échelonner entre 2025 et 2030.
Les 24,7 millions de tonnes de déblais déjà excavés sont de différentes natures (sables, gypse) représentatives de la diversité des sous-sols du bassin parisien, note la SGP, maître d’ouvrage des chantiers. “98% des terres sont non polluées et non dangereuses donc peuvent être réutilisées”, insiste Bernard Cathelain, évoquant de nombreuses analyses réalisées en laboratoire. La portion restante, polluée par l’activité humaine (solvants, hydrocarbures), doit obligatoirement être conservée dans des installations de stockage dédiées, rappelle-t-il.
Propriété de la SGP, les déblais sont pistés grâce à un système de traçage numérique des camions jusqu’aux destinations finales. “Les camions sont aussi pesés au départ à l’arrivée”, indique Thomas Gaudron, responsable de la gestion des déblais et de la valorisation. L’entreprise s’est engagée à parvenir à “un objectif de valorisation à hauteur de 70%”, un seuil qui n’est pas encore atteint à ce stade.
Un budget déchets d’1 milliard d’euros
Dans les faits, la majorité des déblais valorisés servent de remblais dans des carrières, des friches en reconversion ou des espaces publics à réaménager. Transportés principalement en camions mais aussi par le train ou des barges sur la Seine, ils finissent leur course en Île-de-France (80%) principalement en Seine-et-Marne qui accueille un important site à Villeneuve-sous-Damartin.
Ce qui n’est pas sans susciter la réprobation de riverains, d’associations ou d’élus locaux, qui déplorent des nuisances dans des territoires qui ne se sentent pas concernés par l’arrivée du métro.
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Enfin une petite partie (2,3%) de ces déchets est réemployée dans l’éco-construction, via des matériaux recyclés. La gestion globale de l’ensemble des déblais nécessite un budget d’environ un milliard d’euros, estime Bernard Cathelain.
Assurer la transparence pour prévenir la fraude
Pour prévenir d’éventuelles fraudes comme il en existe dans le secteur des déchets, la SGP a annoncé avoir signé une convention pour faire du “partage d’informations” avec l’OCLAESP (office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique), rattaché à la gendarmerie.
“On n’a pas identifié de fraude sur les chantiers du Grand Paris Express”, veut rassurer Jean-François Monteils, le président de la SGP, vantant la qualité de la traçabilité. “Notre truc est solide.”
par Fanny LATTACH
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