Pendant sept semaines, pas moins de 160 personnes se sont activées pour changer intégralement les nouveaux sièges premium d’un Boeing 777 d’Air France à l’aéroport d’Orly. Le premier d’une série de 12. Objectif : mieux distinguer le haut de gamme – quitte à alourdir légèrement le poids de l’avion.
Tout en courbes, transformables en lit et équipés d’une petite porte coulissante pour que le passager ait son propre espace privatif, les nouveaux sièges business se distinguent clairement de la classe économie avec leur mode couchage de 2 mètres de long et 70 cm de largeur. “Il est essentiel d’avoir un confort-cabine qui soit aux meilleurs standards, et même au-dessus de la plupart de nos concurrents”, motive Fabien Pelous, directeur de l’expérience client chez Air France. Aucun détail n’est oublié pour conférer une ambiance haut de gamme, à l’instar de ‘hippocampe ailé lumineux apposé à chaque place, le bleu nuit de la cabine ou encore l’accent rouge du logo Air France brodé à même le sièges. Côté restauration, la carte a été confiée aux étoilés Michelin.
Le poids du luxe
“Les 48 spacieux fauteuils de la cabine reprennent le concept des 3 « F » : Full Flat, ils se déclinent en véritables lits de près de 2 mètres, Full Access, chacun dispose d’un accès direct à l’allée et Full Privacy, pour plus d’intimité. Le confort de l’assise et l’ergonomie des mousses ont été retravaillés afin de parcourir le ciel sans fatigue”, détaille la compagnie. Les couples qui voyagent à deux ne sont pas oubliés, avec une paroi centrale qui peut s’abaisser.
Les sièges sont aussi ultra connectés avec des ports USB A et C, un chargeur à induction, une prise d’ordinateur et aussi des écrans 4K de 17,3 pouces avec casques réducteurs de bruit.
Ces sièges plus imposants, et leur coque privative, sont en revanche plus lourds. “Mais on a gagné du poids sur l’alimentation électrique des systèmes de divertissement”, explique Frédéric Roi, l’organisateur du chantier, en montrant derrière les faux-plafonds retirés le temps des travaux les forêts de câbles qui serpentent le long de l’appareil. Alors que le secteur aérien traque le moindre kilogramme synonyme de consommation de carburant et donc d’émissions de CO2 supplémentaires, l’avion de 166 tonnes pèsera 500 kg de plus, soit une prise de poids de 0,3%. Un surpoids que la compagnie espère compenser “par le poids des passagers et de leurs bagages en moins”, car l’avion prévoit d’augmenter légèrement le nombre de places premium et de diminuer franchement celui des classes économie.
Dans le Boeing 777 actuellement en fin de chantier et qui volera à l’automne vers New York, le nombre de sièges de Business est ainsi passé de 42 à 48. Le nombre de places en “Premium Econonomy”, également plus rentables, est passé de 24 à 48, tandis que la classe éco a été ramenée de 315 à 273 places. Pour cette clientèle éco, la plus nombreuse, la compagnie s’appuie aussi sur sa filiale low cost Transavia.
Les sièges business : 10% des places mais 60% de la rentabilité
Les sièges Business ne représentent que 10% de la capacité de passagers mais peuvent représenter 60% de la rentabilité dégagée par un avion. Alors que le trafic long-courrier ne devrait retrouver qu’en 2025 son niveau de 2019 au niveau mondial, et que nombre de compagnies ont taillé dans les coûts de réfection cabines, certaines, à commencer par celles engagées dans le segment “Premium”, continuent donc d’y investir massivement. C’est aussi le cas d’Emirates qui a investi 350 millions d’euros pour équiper 50 gros-porteurs A350 de systèmes de divertissements à bord (IFE, pour In Flight Entertainment) dernier cri. “Elles continuent d’investir et d’investir beaucoup sur les cabines car c’est ce qui leur permet de se différencier pour la clientèle la plus contributrice et qui tire la rentabilité de toutes les compagnies”, explique Pascal Fabre, expert en transport aérien au cabinet de conseil Alix Partners.
180 millions d’euros pour 12 Boeing B777
Pour Air France, cela représente un investissement de 180 millions d’euros pour refaire les cabines de 12 B777. “Après cela 100% de notre flotte long-courriers sera équipée de sièges-lits”, indique Fabien Pelous. “C’est un projet très important pour nous, on a gardé tous nos investissements clients” pendant la crise du Covid qui a plongé les compagnies mondiales dans des abysses financiers, insiste-t-il.
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