Le 16 décembre 2017 dans l’ouest parisien, un promeneur découvre au bois de Boulogne, sous un tas de feuilles mortes, une tête humaine. Appelée sur place, la police retrouve un peu plus loin un corps découpé en morceaux.
La victime est identifiée comme étant Nafia C, une chanteuse algérienne de 59 ans installée en France de longue date et dont la disparition avait été signalée quelques jours plus tôt.
Les enquêteurs orientent rapidement leurs investigations vers un ami de la victime, Mustapha A, Franco-Algérien aujourd’hui âgé de 55 ans. Dans sa voiture et à son domicile, en Seine-Saint-Denis, la police découvre des traces de sang appartenant à la victime.
Pianiste dans des orchestres de musique raï, il aurait rencontré Nafia C, chanteuse de musique chaâbi, dans un contexte professionnel, avant qu’ils ne deviennent amis.
Le suspect nie d’emblée et accuse du meurtre son frère cadet, Salah A.
Après avoir livré plusieurs versions des faits, il explique aux policiers que le jour où Nafia C avait donné un dernier signe de vie, il a, en rentrant chez lui, surpris son frère en train de laver dans la salle de bain du linge ensanglanté.
Aux enquêteurs qui lui rappellent que son propre sang a été identifié sur le bidet, mélangé à celui de la victime, il répond que son frère l’avait alors frappé et qu’il a été blessé.
De son côté, Salah A, 43 ans aujourd’hui, assure ne pas savoir pourquoi son frère l’accuse.
Lors de l’enquête, son ADN est identifié sur une bouteille de détergent trouvée par les policiers chez son frère.
“Mon client s’est fait piéger par Mustapha A, c’est un bouc émissaire”, défend auprès de l’AFP son avocate, Me Julia Katlama qui plaidera l’acquittement. “Il n’a pas de mobile, connaissait à peine la victime. Il a habité plusieurs mois chez son frère bien avant les faits: ce n’est pas surprenant que l’on trouve une empreinte”. dit-elle.
Lors de l’enquête, aucun mobile n’a été clairement établi.
D’après le médecin légiste, la mort de la victime serait survenue deux à trois jours avant l’autopsie réalisée à la découverte du corps. Soit sept à huit jours après que Nafia Chaffa avait donné un signe de vie pour la dernière fois.
Si d’importantes doses de médicaments ont été détectées dans son organisme, le légiste estime cependant que la mort n’est pas d’origine toxique.
Et si les expertises établissent que le corps de Nafia C a été découpé à l’aide “d’outils spécifiques“, vraisemblablement un couteau et une scie, ceux-là n’ont jamais été retrouvés.
“Pourquoi ? Comment ? Quand ? Beaucoup de questions demeurent en suspens. Et les proches de Nafia C espèrent enfin obtenir des réponses”, a déclaré à l’AFP Romain Boulet, avocat des parties civiles.
Le verdict est attendu le 21 octobre.
par Laetitia DREVET
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