Il y a Mohamad, qui a fui le Mali il y a dix ans après l’assassinat de son père par des djihadistes, Maciré, parti pour nourrir ses onze frères et sœurs, le jeune Daouda… Depuis décembre, les préparateurs de commande sans papiers de sous-traitants du centre Chronopost d’Alfortville ont repris leurs actions pour demander leur régularisation. A 94 Citoyens, ils racontent leur parcours du combattant pour arriver, vivre et travailler en France.
Ce jeudi 13 janvier, ils étaient une grosse centaine à manifester entre la préfecture de Créteil et l’Unité du Val-de-Marne de la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (Direccte). Objectif : obtenir la régularisation de 83 travailleurs sans papiers de sous-traitants de l’antenne Chronopost d’Alfortville. Malgré le froid, les chants rythmés par les djembés donnent de la voix. Alors qu’un premier mouvement social de 7 mois, mené de juin 2019 à janvier 2020, avait permis à 73 grévistes d’être régularisés, ils entendent bien répliquer la formule, soutenus par des collègues d’autres sites (Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine et Coudray-Montceau en Essonne). Pour eux, ces précieux formulaires Cerfa sont la dernière étape d’un périple souvent commencé en Afrique de l’ouest, et la première d’une nouvelle vie dans laquelle ils aiment à se projeter.
L’objectif de Daouda Daiw, 22 ans, sénégalais : obtenir l’équivalence de son CAP électricité
Ses quasi deux mètres de haut lui donnent un air imposant mais son visage rond est resté juvénile. Venu du Sénégal il y a deux ans et demi, il a commencé par prendre un job de nettoyeur de carreaux à Pontault-Combault (Seine-et-Marne) avant de démissionner au bout de trois semaines. “J’ai vite compris que je n’obtiendrai pas ma régularisation avec ce travail, donc je suis parti.” Il devient ensuite préparateur de commande à Limeil-Brévannes pendant un peu plus d’un an, avant de prendre le même poste à Alfortville, il y a environ six mois. “J’ai emprunté les papiers de mon cousin pour pouvoir travailler”, explique-t-il tout en soulevant son pull pour montrer un t-shirt siglé Derichebourg, boîte d’intérim : “C’est pour eux que je travaille”. Cette solution est la plus simple pour accéder à l’emploi rapidement mais complique ensuite les démarches de régularisation, même si ce cas, très répandu, est prévu par la loi. Le recours à la sous-traitance et aux multiples contrats courts ne facilite non plus pas la tâche. C’est dans ce contexte que Daouda a rejoint la grève il y une semaine. Le mouvement est notamment soutenu par le Collectif des travailleurs sans papiers de Vitry, sur ce terrain depuis des années, Sud et Solidaires.
Pour l’instant, Daouda vit chez ses cousins, à Gentilly. S’il est parti de son village de Koussan, à quelques kilomètres de la frontière malienne, c’est “pour sauver [sa] vie”, explique-t-il. “Là bas, même quand tu travailles, tu ne gagnes pas assez pour vivre”. Ses parents sont restés là bas et Daouda arrive à leur envoyer de l’argent, entre 400 et 500 euros par mois. Une fois régularisé, Daouda projette de reprendre le métier d’électricien qu’il avait avant de venir. Titulaire d’un CAP sénégalais, son diplôme n’est pas reconnu en France mais il envisage de passer une équivalence. De quoi renforcer sa motivation à obtenir des papiers pour suivre une formation.
Maciré Koita, 31 ans, parti du Mali pour aider ses onze frères et soeurs
Maciré, lui, fait presque figure vétéran, connu de tous. Ce jeudi, il danse au rythme des djembés, sans lâcher le microphone en criant à tue-tête : “So-so-solidarité !” Originaire de la région de Kayes, au Mali, Maciré a déjà passé sept mois sur le piquet de grève d’Alfortville il y a deux ans, sans obtenir gain de cause. Malgré tout, il reste déterminé. “Je travaille toujours, je paye mes impôts comme tout le monde depuis quatre ans mais je n’ai pas les mêmes droits. J’en ai marre de cette situation injuste”, confie-t-il.
Arrivé en France en 2017 après être passé par le Maroc et l’Espagne, Maciré enchaîne les petits boulots. Des emplois dans la construction, donc souvent physiques. “J’ai flotté un peu partout”, résume-t-il. D’abord soudeur, employé à la journée dans le bâtiment à Bobigny (Seine-Saint-Denis), installateur de piscines à Saint-Ouen l’Aumône (Val-d’Oise), technicien de surface à Alfortville, Maciré est désormais peintre-carreleur à Chevilly-Larue.
Le travail, c’est la raison qui l’a poussé à quitter Kayes. Aîné de sa famille, il doit soutenir les trois femmes de son père, décédé en septembre, et ses onze frères et sœurs. “Aucun d’entre eux ne veut me rejoindre, ils voient que c’est trop dur ici quand on n’a pas de papiers. Quand tu n’as pas de papiers, tu n’existes pas”, estime-t-il. “Et puis, il y a de plus en plus de contrôles. Même si je suis avec des blancs, la police est capable de me contrôler moi et de les laisser tranquilles.” Pour l’instant, Maciré vit chez son oncle à Créteil, mais son premier objectif une fois ses papiers obtenus est de trouver son propre appartement.
Mohammad Touré, 29 ans, parti il y a dix ans dans des circonstances tragiques
Bien caché derrière son cache col et sa grosse capuche, Mohammad passerait presque inaperçu. C’est pourtant lui le leader désigné par ses camarades en lutte de Gennevilliers, pour les représenter. “J’étais le plus motivé pour aller voir les syndicats. Il fallait participer à des réunions tous les dimanches. Je fais ça depuis un an et demi…”, explique-t-il modestement. Un engagement qui a déjà payé, raconte–t-il. Le 3 décembre, l’entreprise a fourni les fameux formulaires Cerfa nécessaires à la régularisation de ses 83 camarades. S’il est présent dans le cortège aujourd’hui, c’est en soutien à ceux d’Alfortville : “C’est important d’être la car nous menons la même lutte. Il faut montrer notre solidarité, notre courage et notre détermination.”
Originaire de Kona, dans le Nord du Mali, Mohammad a décidé de partir en 2012, après que son père ait été retrouvé mort, huit jours après avoir été capturé par des djihadistes. Sa mère, elle, a fui sans laisser de traces. Des connaissances l’ont informé qu’elle serait au Niger, mais impossible d’en avoir la certitude. S’ensuit alors un périple qui durera plus de trois ans. L’Algérie d’abord, où il travaille dans le bâtiment pendant quatre mois. Là-bas, il fait face au racisme : “Des bandes de jeunes nous insultaient et nous menaçaient pour prendre notre argent. Quand on allait voir la police, ils nous disaient qu’ils ne pouvaient rien faire.” Mohammad rejoint ensuite la Libye, où il travaille là encore dans le bâtiment, tout en vivant dans la peur d’être “réduit en esclavage.”
Après huit mois de travail, le Malien traverse la Méditerranée, direction l’Italie. Il restera un an dans un camp de migrants avant de prendre le train à Vintimille : direction Nice, puis Paris où il arrive enfin en 2016. Enfant unique, Mohammad n’a ni famille, ni connaissances dans la capitale, mais compte sur la communauté malienne pour s’en sortir. “Avant même d’arriver, je savais que je pouvais faire ma vie là-bas”, raconte-t-il. En plus de ses compatriotes, Mohammad peut également compter sur sa débrouille. Élève à l’école coranique de ses 5 à 11 ans, il parle à peine français à son arrivée sur le territoire. Cinq ans plus tard, il parle la mangue de Molière de façon impeccable. Comment a-t-il fait ? “Ben, je me suis démerdé !”
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Raymond 94
Fondamentalement et historiquement parlant qui est responsable de ce chaos???
Le retour du baton ca vous parle???
Vous voulez dire que les Africains sont totalement irresponsables et en rien à l’origine de la mauvaise gestion de leurs pays et de la corruption généralisée, de l’absence d’infrastructure entretenues, de l’absence de politique éducative ou de santé ?
Cette opinion est la votre …
Ne soyez pas naif,les dictateurs et la corruption sont entretenus par la francafrique,
les petits arrangements entre copains……
JE PENSE COMME 94 RAYMOND. IL SERAIT BIEN QU ILS DEFENDENT LEUR PAYS AU LIEU DE VENIR EN FRANCE COMME TOUTE CETTE POPULATION DES AUTRES PAYS EN GUERRE QU ILS LA FASSE LA GUERRE POUR LEUR PAYS
NOUS NOUS DEFENDONS LA FRANCE
Le Mali ne veux plus de Français sur son sol, et bien nous ne voulons plus de Maliens sur le notre.
Ces personnes méritent tout notre respect et admiration, ils ont traversé les pires épreuves pour arriver en France, travaillent, donnons leur des papiers. Bien sur en cas d’actes de délinquance c’est prison puis expulsion. Je pense que ce qui agace les français c’est de ne pas pouvoir expulser ceux qui ne travaillent pas ou sont délinquants car leurs pays ne veulent pas les récupérer.
Exactement
le débat est intéréssant mais en période électoral difficile.
il faut lire le livre la fraude le tome deux vient de sortir………….
prendre du recul est nécéssaire pour essayer d’objectivisé.
mais le problème est qui parle ?
La perception des faits dépend de la situation du rédacteur
vivre dans un quartier avec beaucoup de sans papier est différent
de vivre dans un quartier avec aucun sans papier.
le fait de payer des impots taxes cotisations amendes tarifs publics autres
est un aspect a ne pas sous estimer par rapport au bénéficiaire de rsa apl exonération d’impots autres…………
de plus en plus de citoyens et citoyennes ont une fin de mois difficile
et l’inflation a 2.8 pour cent en 2021 ne s’arretera pas de monter en 2022.
de meme que la pression fiscale.
autres………………………….
le débat est difficile en période électorale et risque d’etre difficile hors période électorale
il faut débattre la période actuelle du covid n’arrange pas la situaton
Désolé pour ces gens, mais la place des sans-papier est d’être placés en rétention en attendant leur expulsion. Nous ne pouvons accueillir toute l’Afrique et le Moyen Orient, ni prendre en charge intégrale les 10 ou 11 frères et soeurs de Machin ou Machine …
L’immigration doit être maitrisée, comme elle l’est au Canada : demande de visa dans le pays d’origine, immigration avec engagement (et moyens) d’intégration si autorisée, refus du communautarisme en France.
Il faut lutter contre l’immigration illégale, mais aussi contre les employeurs qui font travailler au noir, car ce sont eux qui, au-delà de la fraude, créent un appel d’air.
Encore un commentaire totalement dénué d’humanité et basé sur des convictions mais pas sur des études fondées.
1 / Quel est le crime qui justifie de placer des gens en rétention ? Vous rendez-vous compte de vos propos. Un centre de rétention, c’est une prison. Une prison est destiné à accueillir des criminels. Quel crime ont commis les sans papiers ? Ont-il volé, tué, agressé ? Non ils tentent simplement de survivre.
2/ Ce n’est pas vous Raymond qui prenez en charger les frères et soeurs de ces humains, ce n’est pas vous qui leur envoyez de l’argent tous les mois, non. Ce sont chaque personne immigrée qui assument seules leur famille en leur envoyant une partie de leur salaire, fruit de leur travail. Du coup votre raisonnement Raymond n’est pas bon car vous et moi, ne dépensons pas un sou pour les familles de ces personnes.
3/ Sur quel réalité économique et social vous basez-vous pour écrire qu’on ne peut pas accueillir des personnes sur notre territoire : “On ne peut pas accueillir” dîtes-vous. Dans ce cas, expliquez-nous pourquoi et avec des preuves et des études chiffrées pourquoi ce n’est pas possible d’accueillir en France des personnes qui travaillent, paient leurs impôts et participent au financement collectif de nos services publics ? Partagez-nous donc les données techniques et scientifiques qui justifient et expliquent vos affirmations.
J’ai toujours aimé les bons sentiments dégoulinants de leçons de morale et de culpabilisation !
“Quel est le crime qui justifie de placer des gens en rétention ?” : entrer illégalement dans un pays sans en respecter les règles de droit ; il ne s’agit pas de ‘crime’ mais de délinquance, organisée en occurrence.
“Ce sont chaque personne immigrée qui assument seules leur famille” : il est exact que les immigrés, en règle ou clandestins, transfèrent une partie de leurs revenus à leur famille restée au pays. Mais lorsqu’ils logent chez un marchand de sommeil, ils entretiennent la délinquance, et lorsqu’il logent dans des logements sociaux (ils n’ont pas les moyens de se loger dans le privé), ces logements sont massivement subventionnés. Compte tenu de leur salaires très faibles, ils ne payent pas d’impôts, ne participent pas aux dépenses qui permettent l’éducation, la cantine scolaire, les dépenses de santé publique, de sécurité ou d’entretien du pays.
“les immigrés font les travaux dont les Français ne veulent pas” : aux conditions de cette main-d’oeuvre, bien sûr que non ! Dans des conditions de salaires et de travail dignes et respectueuses, oui.
Même les Allemands ont mis fin à l’immigration incontrôlée. Très largement déficitaires en main d’oeuvre, ils mettent tout les moyens possibles pour que les immigrés en règle soient bien intégrés, ce que ne fait pas la France. Mais en France, pays européen où la désindustrialisation a été massive, il y a 6 000 000 de chômeurs toutes catégories confondues.
Et puis dans le cas présent, on parle bien de Maliens : ce pays est attaqué par des bandes terroristes plus ou moins organisées. Pour ce défendre, il a fait appel à la France (de nombreux soldats ont été victime), à d’autres pays européens, à ses voisins africains, et maintenant à des mercenaires russes ; ne serait ce pas la place des jeunes Maliens de défendre leur pays plutôt que de devenir clandestins en France ?
On tente de culpabiliser toute personne qui souhaite que soit, enfin, mise en place une immigration choisie, selon les besoins de notre pays, avec une aide solide à l’intégration.
Dire cela, ce n’est ni être raciste, ni être fasciste : c’est souhaiter vivre dans une société correctement gérée.
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