Leurs lourdes peines en première instance avaient marqué les esprits: quatre Nigérians, dont “un infirmier” avorteur, condamnés de 10 à 19 ans de réclusion pour traite d’êtres humains et proxénétisme aggravés en bande organisée, sont jugés en appel depuis mardi en appel à Créteil.
Fait notable pour ce type d’affaires: la circonstance de “bande organisée” a été retenue, menant ainsi les mis en cause devant une cour d’assises où les peines encourues sont plus élevées qu’en correctionnelle.
En juillet 2020, la cour d’assises de Paris a reconnu l’existence d’un réseau nigérian en bande organisée de proxénétisme et de traite de filles souvent mineures vers l’Europe, dont la France.
Elle a condamné Omos Wiseborn, au “rôle central”, à 19 ans de réclusion; le couple Blessing Ubi et Dennis Brown à 15 et 13 ans; et Emmanuel Aiwansosa à 10 ans, notamment pour avoir pratiqué des avortements sauvages.
La compagne d’Omos Wiseborn, en fuite et visée par un mandat d’arrêt, avait été condamnée par défaut à vingt ans. Elle n’est pas rejugée.
Autre fait saillant dans ce dossier décrit comme “emblématique” par l’avocat général Jean-Christophe Muller: la présence mardi sur les bancs des parties civiles de cinq jeunes femmes décidées à briser l’omerta au cours de ce procès de six jours.
En 2015, une première plainte est déposée par Grace (prénom modifié). La jeune Nigériane raconte aux enquêteurs avoir été forcée à se prostituer dès son arrivée en France pour rembourser le coût de son immigration illégale établi à 35 000 euros par le réseau présumé.
Avant d’immigrer, Grace dit aussi avoir été soumise au rite du “juju”. Une “cérémonie de soumission (…) qui implique un devoir d’obéissance envers son passeur, sa ‘mama'”, a détaillé mardi le président du tribunal au moment du rappel des faits.
Du Nigeria, Grace est transférée en Libye puis en Italie, au cours d’une traversée où elle survit au naufrage de son embarcation, avant d’arriver en région parisienne. Là, elle raconte avoir dû se prostituer dans le bois de Vincennes pour le compte d’Omos Wiseborn. Elle avait 13 ans.
Une autre partie civile a également dénoncé avoir été sauvagement avortée alors qu’elle avait 14 ans. Elle a précisé avoir dû verser 700 euros à “l’étudiant infirmier” Emmanuel Aiwansosa, venu d’Italie.
D’après l’accusation, l’argent envoyé au Nigeria était notamment investi dans l’immobilier.
Au premier jour des débats en appel, les accusés ont tous contesté l’échelle des peines. “Je suis coupable, mais pas de toutes ces choses qu’on me reproche”, a ainsi déclaré Omos Wiseborn, chanteur de profession et 35 ans aujourd’hui, dont l’avocate Caroline Thevenin affirme qu’il n’était “pas l’organisateur principal”.
J’espère que les peines vont être augmentées en appel pour ces individus à qui je ne donne pas le droit de vivre.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.