Dimanche, c’est la présidente LR d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui demandait à la RATP de revenir à 100% de l’offre d’avant Covid. Ce mardi, l’opposition de gauche à la région a saisi la Défenseure des droits à propos de la dégradation des transports publics qui subissent une pénurie de personnel. Jeudi, ce-sont les employés qui seront en grève. Ambiance.
Depuis cet été, la dégradation de la qualité de service dans les bus alimente la chronique, avec des témoignages récurrents d’usagers qui poireautent parfois une heure pour attraper un bus. Dans le même temps, les transporteurs font tous état de larges difficultés à recruter et fidéliser leurs personnels, lesquels dénoncent une dégradation des conditions de travail.
C’est dans ce contexte tendu que la présidente du conseil régional et de l’Autorité des transports en Ile-de-France (Ile-de-France Mobilités, IDFM), Valérie Pécresse, a réclamé ce dimanche, à l’occasion d’une déclaration au journal Le Parisien, un retour à 100% de l’offre RATP, accusant la régie parisienne des transports publics d’avoir “sous-estimé les problèmes qu’elle rencontre sur le métro”. “En particulier sur les lignes 3, 4, 6, 8, 11, 12 et 13, les plus dégradées, avec des taux de régularité inférieurs à 91 %.” Et la présidente de région de déplorer “la dégradation du lien de confiance avec la RATP qui peine depuis la rentrée à assurer son offre de bus avec 25% de services non faits à Paris et en petite couronne.
L’élue a aussi alerté sur le financement des transports, et appelé le futur patron de la RATP, Jean Castex, à peser auprès du gouvernement pour trouver des rallonges. “Avec la dette Covid, l’inflation, les coûts de l’énergie qui doublent et les nouveaux besoins de financement liés aux nouvelles lignes comme celles du Grand Paris Express (…) nous sommes face à un mur”, rappelait Valérie Pécresse. IDFM doit en effet trouver 950 millions d’euros pour boucler son budget 2023… Pour retrouve de la marge de manœuvre, la présidente a demandé au gouvernement d’augmenter le versement mobilité payé par les entreprises ou de baisser la TVA sur les transports à 5,5%, mais n’a pour l’instant pas obtenu gain de cause.
Ce mardi, l’opposition de gauche à la région a pour sa part annoncé avoir saisi la Défenseure des droits, estimant que la situation résulte de décisions de l’Autorité des transports, renvoyant la balle à Valérie Pécresse. “C’est la commande d’une offre dégradée par IDFM”, depuis le premier confinement de mars 2020, qui a “aggravé les difficultés en ressources humaines qui sont à l’origine d’une offre de transport au rabais: démissions, problématiques de recrutements”, estiment les groupes insoumis, écologiste, socialiste et communiste dans une lettre commune envoyée fin octobre à la Défenseure, Claire Hédon.
Outre de priver “les usagers d’un droit à la mobilité dans des conditions dignes”, la situation actuelle “instaure une inégalité de traitement selon le lieu d’habitation, le type d’activité et la situation sociale”, dénoncent les conseillers régionaux de gauche pour qui la dégradation de l’offre porte par extension “atteinte à d’autres droits des Franciliens“. Ces élus joignent ainsi une lettre d’un collectif de parents d’élèves handicapés du Val-de-Marne qui expliquaient, fin septembre, qu’un grand nombre d’entre eux n’avaient pas pu effectuer leur rentrée scolaire en raison des problèmes de transport.
Pour Philippe Laurent, président (UDI) de la commission transports du conseil régional, ce sont bien les “difficultés de recrutement” liés au “problème d’attractivité du métier”, aggravées par la crise sanitaire, qui ont engendré la situation actuelle. “La vague de départs volontaires n’était pas possible à anticiper”, a-t-il confié à l’AFP après une audition des opérateurs mercredi.
Ce jeudi, ce sera au tour des employés d’exprimer leur ras-le-bol avec un appel à la grève relayé par tous les syndicats.
Lire :
La gauche francilienne ne manque pas de culot, ou compte-t-elle sur notre amnésie ?
Une gauche IdF tellement nulle, pour les transports, quand elle était à la tête de la région de 1998 à 2015, qu’une bonne partie des problèmes viennent de cette époque. Sans oublier le désastreux bilan, coproduction direction-syndicats, à la SNCF voire RATP aussi. Un vrai trou sans fond.
Bref, il y en a pour tout le monde. Alors les petits calculs politiciens bien mesquins, pour gagner les élections à venir, ne sont pas au niveau.
Tout ceci dit, les dépenses transports à venir (ou pas faites à temps) sont d’une telle ampleur qu’elles dépassent les moyens actuels de la région. La créativité, il va falloir la passer aussi à élaguer dans le superflu.