Toujours pas de statut de fonctionnaire, de temps plein ni de hausse de salaire, les accompagnants d’élèves en situation de handicap du Val-de-Marne, en grève depuis le 10 janvier, entendent bien ne rien lâcher. Si leur situation n’évolue pas, ils tablent sur le départ de 480 AESH d’ici la fin de l’année scolaire sur les 1600 qui travaillent dans le département.
Trois mois après le déclenchement de ce mouvement d’ampleur en Val-de-Marne, les AESH et leurs représentants syndicaux (Snudi-Fo, CGT Educ’action, Snuipp-FSU, Sud Education) tenaient une nouvelle assemblée générale ce mardi. Ces professionnels qui accompagnement les élèves handicapés réclament une augmentation de la quotité horaire minimum à 62% contre 57% aujourd’hui, la limitation des affectations à deux établissements maximum, un statut de fonctionnaire de catégorie B et le versement d’une prime REP/REP+.
“Lorsque le statut d’AESH a été créé en 2013, le ministère avait fait tout un tas de promesses en terme de moyens. Ils n’ont jamais été à la hauteur de l’enjeu mais avec Blanquer, c’est pire. Il a rendu énormément d’argent au budget de l’Etat et accru la précarité”, dénonce Olivier Rivoal, permanent de Sud Education.
En Val-de-Marne, ce qui a mis le feu aux poudres à l’automne dernier est l’envoi d’avenants aux contrats de travail des accompagnants pour imposer une heure de travail en plus ou l’instauration de pôles (PIAL) qui mutualisent les AESH sur plusieurs établissements.
“Les parents font des dossiers et obtiennent finalement des notifications de la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées) en pensant que leur enfant va pouvoir bénéficier d’un accompagnement individuel. Or, aujourd’hui, toutes les AESH sont mutualisées et doivent s’occuper de plusieurs élèves. Il est impossible d’assurer le suivi d’un enfant. La seule façon de faire bouger l’institution pour les parents est d’envoyer des lettres de mise en demeure à la direction académique”, ajoute Magalie Trarieux, du Snuipp-Fsu, référente AESH.
“Nous étions transparentes, maintenant nous sommes invisibles”
De nombreuses accompagnantes présentes ce mardi à cette assemblée générale ont partagé leur détresse et leur détermination à poursuivre le mouvement. “J’ai eu le malheur un jour de faire un commentaire sur l’organisation, le directeur m’a agressée en me demandant pour qui je me prenais. J’ai alerté la hiérarchie qui m’a seulement répondu que tout n’était pas rose. J’ai changé d’établissement depuis. Sans statut, c’est difficile d’avoir le respect de l’institution”, confie Wassila qui travaille à Vitry-sur-Seine. “C’est un métier que l’on aime mais qui est difficile. Souvent, au début de l’année, ils nous confient des enfants sans nous expliquer leur handicap, alors, nous allons sur Google pour nous renseigner. Il faut gérer les pics de violence, les gifles”, ajoute Aïcha, AESH à Villejuif. “Je travaille depuis dix ans pour à peine 700 euros tous les mois et la situation n’a fait que se détériorer. Qu’est-ce qui leur faut de plus ? Certains sont obligés de cumuler d’autres petits boulots. Ce serait mérité d’enfin avoir ce statut”, estime sa collègue Samira.
Les syndicats estiment qu’un tiers des AESH du département quitteront leur poste à la rentrée 2022
“En août, va démarrer une première vague de renouvellement des contrats. Nous estimons que 30% des 1600 accompagnants du département n’accepteront pas de renouveler leur contrat dans les conditions offertes aujourd’hui”, prévient Jérôme Antoine, élu académique CGT Educ’action également AESH.
D’ici là, les actions vont se poursuivre. “Une grande assemblée régionale est prévue le 29 mars prochain à la bourse du Travail de Paris suivie d’une manifestation devant le ministère de l’Education nationale”, annonce Luc Bénizeau, délégué Snudi-Fo.
L’inspection académique indique pour sa part suivre la réglementation en vigueur. “Les AESH ont un contrat de travail d’une quotité de 57% qui correspond à 22h hebdomadaires rémunérées. Des contrats d’AESH sont signés pour une durée de trois ans depuis 2019, renouvelable une fois. Au bout des 6 ans, les AESH se voient proposer un CDI. Une proposition de renouvellement doit être transmise aux AESH pour la prochaine rentrée scolaire. Dans le cadre d’une notification mutualisée, il n’y a pas de quotas horaires de prévus. C’est à l’équipe éducative de définir le nombre d’heures nécessaires pour une scolarisation qui permette à l’enfant le meilleur accompagnement selon ses besoins et de gagner en autonomie. Lorsque la notification est individuelle, le temps d’accompagnement est déterminé par la MDPH”.
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