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Développement économique | Seine-Saint-Denis | 01/03/2022
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Entre circuit court et récup’, l’alimentation se réinvente en Seine-Saint-Denis

Entre circuit court et récup’, l’alimentation se réinvente en Seine-Saint-Denis © Charles henry

La Seine-Saint-Denis est présente au salon international de l’agriculture pour la deuxième fois. Une incongruité diront certains, le 93 étant devenu un label par excellence de la culture urbaine. Mais entre la volonté de renouer avec le passé de la plaine des Vertus qui alimentait Paris en légumes au 19ème siècle et la prise de conscience de la dépendance alimentaire, le département cherche aujourd’hui à faire émerger un nouveau modèle alimentaire.

Lorsque l’on arrive à la ferme ouverte de Saint-Denis, on ne se doute pas de ce qu’abritent les murs de l’avenue Stalingrad: un vaste corps de ferme et une exploitation agricole. Au milieu des barres d’immeubles, les champs ont l’air immenses. A l’approche de la fin de l’hiver, la terre brune se repose encore, grossièrement retournée.

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Caroline Robin, responsable d’exploitation à la Ferme ouverte de Gally à Saint-Denis.

Agriculture urbaine: un modèle qui se cherche

Courgettes, aubergines, salades, concombres… Il faudra encore attendre un peu pour voir se remplir, au mois de mai, les cagettes du petit marché installé à l’entrée de la ferme. Toute la production est vendue sur place.

Ici, pas de gros volume: “9 tonnes mais ça pourrait être davantage“, indique Caroline Robin, la responsable d’exploitation. La ferme fait aussi de la revente “en privilégiant des producteurs que l’on connait, précise-t-elle. Les gens viennent ici pour ça. Ils sont à 80% du quartier ou des environs. On essaye de répondre à leur demande, c’est pour ça que l’on cultive par exemple du maïs doux. Au niveau des tarifs, on s’aligne avec le marché de Saint-Denis et on essaye de faire moins cher que le Carrefour d’à côté.”

Ingénieure agricole de formation, Caroline Robin vient elle-même du métier: “J’ai grandi dans une ferme laitière dans les environs de Nantes. Pendant mes études, je me suis intéressée au maraichage et à l’alimentation des villes. Après avoir fait de la culture hors sol de plantes aromatiques sur les toits à Paris, j’ai eu beaucoup de chance de venir ici parce que j’ai retrouvé le maraichage. Et puis la transmission me plaît beaucoup.

L’accueil du public fait, en effet, partie du concept même de la ferme de Saint-Denis. En 2017, René Kersanté, le dernier maraicher de la Seine-Saint-Denis, prend sa retraite. Sa famille est arrivée de Bretagne un siècle plus tôt sur ces terres. Mais la mairie de Saint-Denis avait acheté la propriété vingt auparavant pour préserver les terres.

Répondant à un appel à projet, l’entreprise Gally avec l’association Parti poétique reprennent la ferme avec l’intention de développer des activités pédagogiques et des événements culturels. 1,7 million d’euros ont été investis par Gally en ce sens. Dernière initiative en date, la construction d’une salle dédiée à l’événementiel pour entreprises surmontée d’une serre de 360 mètres carré où seront étudiés les transfert thermiques dans le cadre du projet européen Groof (Greenhouses to reduce CO2 on Roofs).

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Sabrina Michée, fondatrice de Ramen tes drèches.

Des projets innovants dans l’alimentation

C’est évident qu’on ne va pas s’auto-alimenter en Seine-Saint-Denis, mais c’est important de montrer tous ces projets émergents qui portent les objectifs du territoire en terme d’alimentation, explique Stéphane Troussel, le président du conseil départemental. Avec le lancement du plan alimentaire territorial (PAT), la Seine-Saint-Denis s’est fixée des objectifs pour repenser les circuits de distribution alimentaire, structurer les filières d’épiceries solidaires et favoriser la production locale.

Après une première participation en 2019, le département est revenu au salon international de l’agriculture (l’édition 2020 avait été annulée pour cause de crise sanitaire) sous sa marque In Seine-Saint-Denis. “Nous avons voulu aller au-delà de l’agriculture urbaine, en mettant aussi en valeur les acteurs du territoire engagés en faveur d’une l’alimentation de qualité, accessible à tous“, insiste le patron du département.

Parmi eux, Sabrina Michée, chargée de communication dans une ancienne vie, qui a découvert que les résidus de céréales, les drèches, ne sont pas réutilisés dans la fabrication de la bière. “Je cherchais à retrouver un sens à ma vie professionnelle“, confie-t-elle. Après une année à penser son projet, elle lance son entreprise Ramen tes drèches. “L’idée c’est de transformer les drèches en farine pour en faire des nids de nouilles inspirées des ramen japonais“, détaille-t-elle. Une opération de transformation qui requiert un certain niveau technique qu’elle acquiert grâce à AgroParisTech.

En un an et demi, elle récupère 20 tonnes de drèches, principalement dans des brasseries de la Seine-Saint-Denis, à partir desquelles elle a fabriqué près de 83 000 nouilles dans son laboratoire à Romainville. Ses sachets de nouilles (5 euros la formule individuelle accompagnée d’une sauce) sont vendus dans près de 400 points de vente, notamment dans les réseaux de coopératives bio. Des nouilles hyper-nutritives grâce à l’ajout de la farine de fève, explique l’entrepreneure. En moyenne : 16 grammes de protéines complètes et 24 grammes de fibres pour 100 grammes. “Au début ça surprend ceux qui les goûtent, mais ça répond à une demande de plus en plus forte de bien manger“, assure-t-elle.

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