Exposition | Paris | 16/11/2022
Réagir Par

Exposition arts et préhistoire au Musée de l’Homme à Paris

Exposition arts  et préhistoire au Musée de l’Homme à Paris © CNP MCC

La nouvelle exposition du Musée de l’Homme de Paris présente des oeuvres originales exceptionnelles et un parcours mondial à travers des thèmes universaux de l’humanité dans l’art pariétal.

L’exposition, qui s’ouvre mercredi et s’articule en trois espaces, tente de “jouer sur l’émotion en présentant uniquement des oeuvres originales” dans le premier, a expliqué la directrice du musée Aurélie Clémente-Ruiz. 

C’est l’espace de l’art mobilier, avec une centaine d’objets préhistoriques sculptés ou gravés, remontant jusqu’à 40.000 ans et dont certains sont montrés au public pour la première fois. 

Le clou en est la Vénus de Lespugue, la “Joconde de l’art préhistorique”, dont c’est le 100e anniversaire de la découverte, — d’un coup de pioche qui l’a endommagée à jamais–, réalisée dans un bloc d’ivoire de mammouth il y a 27.000 ans. Les formes impossiblement rondes de son corps, tête, ventre et fesses reposent dans un écrin de la taille d’une main. Elle y est couchée pour toujours, à cause de son extrême fragilité.

Le troisième espace de l’exposition s’en fait l’écho contemporain, avec les artistes que cette “muse éternelle” a inspirés. 

Comme Brassaï avec sa “Vénus noire”, bloc de marbre poli à la forme féminine réduite à l’essentiel, ou la “Femme” enceinte et sans bras de Louise Bourgeois. Sans oublier Picasso, dont une exposition en 2023 à ce même endroit montrera comment l’artiste s’est nourri de la Préhistoire.

Autant d’exemples montrant que l’art préhistorique “reste ancré dans le présent”, selon le président du Muséum National d’Histoire naturelle, Bruno David.

Dans l’espace de l’art mobilier, les Vénus qui tiennent compagnie à celle de Lespugue, des représentations féminines schématisées, proviennent d’Allemagne, d’Espagne ou de France. Cette idée de la “schématisation extrême du corps féminin”, sans tête et avec de grosses fesses, va connaître un “succès fou dans toute l’Europe” en y essaimant à l’époque gravettienne (-34.000 à -26.000 ans), explique Patrick Paillet, maître de conférence au Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN).

A l’époque suivante, le magdalénien, la silhouette s’affinera, comme avec la “Vénus impudique”, minuscule personnage taillé avec une finesse extrême, pour mieux dessiner son aine et sa vulve. 

Qui sont-elles? Portraits, symboles, talismans, ou simples oeuvres d’art? “Ces restes osseux ne parlent plus, ne nous expliquent plus rien du tout, le monde préhistorique s’est tu”, remarque Patrick Paillet. 

Reste à tenter de les interpréter, comme s’en amuse un dispositif vidéo de l’exposition en présentant la “Scène du puits de Lascaux”, qui rassemble un homme couché, un bison et un rhinocéros, et a donné lieu à au moins 60 interprétations…  

Ou simplement s’émerveiller de la maîtrise d’exécution des gravures rendant en quelques traits l’expression d’un délicat profil anthropomorphe sur une plaquette en calcaire de La Marche (-17.000 ans), ou celui du singulier “Aurochs rayonnant” (-14.000 ans), sur une plaquette de schiste trouvée dans le Finistère, dévoilée pour la première fois au public.  

L’espace du milieu, consacré à l’art pariétal et rupestre – celui des grottes et parois extérieures – illustre “à quel point ces gravures, images et dessins de la préhistoire correspondent à un universel de l’humanité”, selon Bruno David.

Une succession de grands écrans transporte le visiteur de la Chine au Brésil en passant par la France et l’Espagne. La nature s’y fait pourvoyeuse de cadre à des représentations humaines, support d’un bestiaire universel, avec chevaux et poissons, ou d’animaux côtoyés comme des cochons en Indonésie.

C’est une “mondialisation avant l’heure”, dit Patrick Paillet, avec ces empreintes de mains humaines présentes sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique.

S’y exprime le génie de ces artistes disparus dont certains savent “laisser la roche imposer son image”, en utilisant son relief ou ses défauts pour faire naître un bison ou un taureau. Comme l’illustrent d’étonnants dispositifs lumineux faisant apparaître ces animaux sur une surface d’apparence anodine.

(Au Musée de l’Homme, du 16 novembre au 22 mai 2023) 

par Pierre CELERIER

Abonnez-vous pour pouvoir télécharger l'article au format PDF. Déjà abonné ? Cliquez ici.
Cet article est publié dans avec comme tags , culture, , ,
Cet article est publié dans
Aucun commentaire

    N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.

    Ajouter une photo
    Ajouter une photo

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

    Vous chargez l'article suivant