Lâcher de ballons en bleu et jaune… ce mercredi soir à Nogent-sur-Marne, la ville organisait un rassemblement de soutien à l’Ukraine et à Boleslawiec, commune polonaise jumelée qui a déjà accueilli des milliers de réfugiés. Sur le parvis : beaucoup de Nogentais venus exprimer leur solidarité, quelques familles de réfugiés aussi, comme celle d’Anna, arrivée de Mykolaïv.
Anna est partie il y a une quinzaine de jours, avec ses deux enfants, son ex-mari Sacha, la nouvelle femme de ce dernier et leur enfant. Ils ont laissé chez eux leurs parents, les entreprises qu’ils venaient de créer, leur vie.
Car Mykolaïv, située stratégiquement au bord de la mer noire, à l’est d’Odessa, est aujourd’hui sous les bombes. Alors qu’elle comptait un demi-million d’habitants, elle s’est subitement vidée, ne laissant sur place que des combattants déterminés à défendre ce verrou vers Odessa ou des irréductibles, notamment des personnes âgées. (Voir ci-dessous le reportage en images du Monde sur ceux qui sont restés en ville)
La mère d’Anna par exemple, est restée, car elle s’occupe de ses propres parents, âgés de plus de 80 ans, pour qui il n’est pas question de s’en aller. Avec trois enfants de 4 à 13 ans, Anna, Sacha et sa nouvelle compagne ont fait le choix de partir pour les mettre à l’abri, en espérant revenir le plus vite possible.
Chaîne de solidarité
Tassée dans la voiture de Sacha, la famille a quitté l’Ukraine en passant par la Moldavie, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne et enfin la France et Nogent-sur-Marne où une cousine de Sacha habite depuis quelques années. Impossible toutefois de loger ces six personnes chez le couple de cousins, déjà à l’étroit dans leur 20 m2. Qu’à cela ne tienne, le mari de la cousine se démène pour trouver une solution, faisant le tour des hôtels de la ville jusqu’à ce que l’un propose de les héberger pendant une semaine, petit déjeuner compris! Un magasin de photos accepte pour sa part de faire les photos d’identité gratuitement. Et ce n’est pas rien, car il faut 4 photos pour la préfecture, 4 pour l’Assurance maladie, soit 8 photos par personne à multiplier par 6… Depuis samedi dernier, le couple est accueilli par le centre de la Croix Rouge installé à Créteil.
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Difficile quand on ne rentre pas dans les cases
Désormais, ils disposent d’un box dans le grand gymnase Marie-Thérèse d’Eyquem. Un accueil transitoire, en attendant une affectation dans un logement pérenne. Ce mercredi matin, ils ont failli partir. On leur a demandé de faire leurs bagages. Mais cela ne s’est finalement pas fait. Car leur situation ne rentre pas exactement dans les cases. Il s’agit en effet d’une famille dé-composée. S’ils sont partis à 6 pour fuir la guerre, il est compliqué d’envisager une cohabitation de long terme entre Anna, son ex-mari et sa nouvelle femme… Résultat : plusieurs faux départs. Ce sera pour demain peut-être. Dans les centres, la répartition des réfugiés vers des lieux d’accueil n’est pas évidente à organiser.
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Désormais, Anna se projette à moitié en France, à moitié en Ukraine. “On est tout le temps dans nos téléphones, en train de regarder les nouvelles, de discuter avec ceux qui sont restés en Ukraine. Certains disent que la guerre prendra fin dans quelques jours”, témoigne-t-elle. Mais le conflit, qui dure déjà depuis un mois, peut aussi s’enliser. Sans s’y résoudre complètement, la famille ne peut occulter cette option. Alors il faut aller de l’avant, se projeter dans un travail, dans l’éducation des enfants…
“Pour l’école, on s’organisera. On a déjà traversé le coronavirus avec les cours à distance”, rappelle Anna. Mais pour l’instant, ce n’est pas possible, l’institutrice aussi a dû partir pour fuir les bombardements. Les enfants iront peut-être à l’école française. Sinon, Anna est prête à faire cours. Elle qui était psychologue scolaire et venait de lancer son propre cabinet est du reste prête à aider la Croix Rouge si quelque chose se met en place autour des enfants.
Son ex-mari, qui venait de créer son entreprise d’équipements de plomberie, pense aussi retrouver du travail dans ce domaine, dans la réparation peut-être.
Un camion pour la Pologne
En attendant, la famille est venue participer avec quelques centaines de Nogentais au rassemblement qui était organisé ce mercredi en soutien au peuple ukrainien ainsi qu’à la ville jumelée de Boleslawiec qui accueille les réfugiés par milliers. La ville a du reste fait partir un camion de vêtements et matériel en direction de sa jumelle.
Une quinzaine de familles ukrainiennes réfugiées à Nogent
A Nogent-sur-Marne, une quinzaine de ménage ukrainiens sont déjà venus s’installer, le plus souvent dans de la famille. Et une dizaine de personnes sont aussi venues proposer de l’hébergement à la référente de la ville pour l’accueil des Ukrainiens, Véronique Dubois, brigadière principale de la police municipale. Son rôle : faciliter, orienter, conseiller. “Nous avons eu par exemple une femme enceinte qui est arrivée, je lui ai pris un rendez-vous d’urgence auprès d’une sage-femme de la Protection maternelle infantile (PMI) avant même qu’elle n’ait ses papiers et son aide médicale d’Etat (AME)”, confie la brigadière qui est aussi référente pour les violences conjugales. Il y a aussi cette dame seule, un peu désemparée, arrivée en France avec son fils qui l’a larguée à Nice en la laissant se débrouiller toute seule. “Aujourd’hui, elle est hébergée chez un retraité”, indique Véronique Dubois. Pour joindre la référente, appeler au 01 88 29 65 25 ou envoyer un mail à referentukraine@admi-communicationville-nogentsurmarne-fr
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Un courrier à lire au sujet des conditions d’accueil dans les écoles du Val-de-Marne des enfants allophones et des enfants réfugiés d’Ukraine : https://snudifo94.fr/2022/03/accueil-des-enfants-allophones-et-des-enfants-refugies-dukraine-lettre-ouverte-du-snudi-fo-94-a-madame-linspectrice-dacademie/
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