“Aucune utilité! On est trois dans un rayon de 200 mètres, il faut de la nuance et de l’adaptation dans les mesures!”, réagit un couple de quinquagénaires devant la mairie de Valenton, le masque dans la poche. Dans les rues du Val-de-Marne comme de Seine-Saint-Denis, c’est peu dire que la nouvelle obligation de porter le masque dehors quelque soit l’affluence passe mal.
Pour le couple de Valentonais, cette mesure fait même “tâche” dans le dispositif mis en place pour lutter contre la pandémie. “Dans le parc, je ne comprends pas, nous ne sommes que deux et à bonne distance. On est à l’extérieur en plus !”, abondent un peu plus tard Dahbia et Farida, deux assistantes maternelles qui trouvent ce retour du masque dehors vraiment “désagréable”. Et Dahbia d’expliquer faire des réactions allergiques lorsqu’elle porte des masques chirurgicaux. Elle les choisit donc en tissu. “Je ne comprends pas, on est de plus en plus vaccinés et on nous oblige à porter le masque”, questionne-t-elle.
Place Salvador Allende à Créteil, Ahmed, 37 ans, s’inquiète lui pour les enfants alors que le masque est aussi obligatoire pour les enfants de plus de 6 ans depuis lundi. Il estime que ce la constitue une barrière privant sa fille “des contacts humains et des émotions du visage”.
“C’était déjà dur pour mon fils de porter son masque à l’école”, confie Pauline, mère d’élève, devant l’école primaire Romain Rolland de Bonneuil-sur-Marne. Alors dans la rue… “C’est bon, j’ai plus le droit de respirer”, lâche celui-ci. “J’aime pas du tout, ça me gêne”, enchaine un de ses camarades.
“Si c’est nécessaire, si cela permet d’éviter la propagation du virus, c’est quand même utile”, estime malgré tout Franck, venu accompagner son fils. “C’est très bien et on aurait dû le garder depuis le début. On aurait pu éviter certaines situations si tout le monde avait gardé le masque. Les enfants côtoient énormément de gens dans la famille et apparemment c’est eux qui le transmettent le plus”, renchérit Kamel tout en veillant sur sa fille qui entre dans l’école.
Masques sous le menton
À Pantin, rue de la Liberté, Fati et Rebecca, 21 et 22 ans, ne sont pas convaincues non plus. Tout juste sortie de sa troisième dose de vaccin, Fati garde son masque sous le menton. “Je ne le mets que quand il y a du monde autour”, explique l’apprentie en hôtellerie. Les deux amies le gardent en revanche sous le menton en permanence. “Maintenant, quand je n’ai pas mon masque autour du cou, je trouve ça bizarre !”, réalise Rebecca en souriant.
“Ah bon ? On risque une amende ?!”, s’étonne un peu plus loin Rayan, 16 ans. Sortis des cours pour la pause déjeuner , lui et ses cinq potes ont aussi tous le masque sous le menton. “Le masque à l’extérieur, ça ne sert à rien“, affirment-ils d’une seule voix. “Déjà, le passe sanitaire, on s’en fiche un peu. On va dans les grecs et les snacks où ils ne le demandent pas. Et si on veut aller au ciné, on prend celui de quelqu’un d’autre ou, au pire, on fait un test”, rigole Souleymane, 16 ans, bien au courant de la gratuité des tests COVID pour les mineurs.
“Je trouve ça un peu contradictoire”
D’une dizaine d’années leur aîné, Pierre, 33 ans, n’enlève lui son masque que pour fumer sa cigarette. Un respect des règles qui ne l’empêche pas d’avoir des doutes sur l’efficacité des nouvelles mesures : “Entre l’obligation du masque à l’extérieur et la réduction du temps d’isolement des malades vaccinés [les malades du COVID vaccinés voient leur période d’isolement passer de 10 à 7 jours, ndlr] , je trouve ça un peu contradictoire. À force, on ne sait plus où on en est ! Le masque à l’extérieur, je ne suis pas sûr que ce soit très utile, sauf là où il y a beaucoup de monde. Pour la durée d’isolement, elle est réduite parce qu’Omicron serait moins dangereux. Mais les autres variants circulent encore !“. Malgré tout, ce cadre pantinois compte se plier aux nouvelles règles… “même s’il est probable que j’oublie parfois de mettre mon masque”, avoue-t-il.
À Aubervilliers, Ryad, postier de 45 ans, reste également sceptique, estimant cette nouvelle obligation “pas très logique”, gênante pour la respiration. Il s’inquiète aussi de cette généralisation du port du masque aux plus jeunes qui instaure “une nouvelle façon de vivre, pas humaine”. “Les enfants qui ne peuvent plus voir les visages des adultes à cause des masques, je trouve ça triste”, explique ce père de trois enfants, guéri du virus il y a deux semaines.
“C’est juste une habitude à prendre”
“Le masque, ça ne me dérange pas. Je le mettais déjà dans les endroits où il y avait beaucoup de monde, dès que les contaminations repartaient à la hausse”, défend en revanche Henriette, pantinoise de 70 ans.
Pour Loubna, 41 ans, le masque, “c’est juste une habitude à prendre.” Employée à la polyclinique d’Aubervilliers, elle compte bien appliquer la nouvelle règle, “même si je n’en vois pas trop l’utilité, surtout quand il n’y a personne autour de nous”, dit elle en prenant l’exemple de la rue des Cités d’Aubervilliers, déserte à l’heure de sa pause cigarette.
Propos recueillis par Arthur Klajnbaum et Raphaël Bernard
Sacrés Gaulois, la contestation fait partie de son ADN.
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