Sécurité | Val-de-Marne | 12/08/2022
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Haro sur les rodéos en Val-de-Marne

Haro sur les rodéos en Val-de-Marne © FB

Alors que les rodéos urbains constituent une nuisance pour les habitants et génèrent des accidents, les opérations de police se multiplient pour sanctionner ces courses et défis acrobatiques au guidon de motos, scooters ou quad. Depuis mi-mai, une centaine d’opérations anti-rodéo ont été réalisées chaque mois et une quarantaine de véhicules ont été saisis. Reportage.

Ce mercredi après-midi dans les parkings du centre-ville de Choisy-le-Roi, un équipage de la brigade territoriale de contact (BTC) fouille un parking d’une résidence du quartier Barbusse. Une opération menée sous la houlette du commissaire de Choisy-le-Roi, Emmanuel Vaillant, en présence du préfet délégué à l’égalité des chances Mathias Ott.

Plusieurs scooters y sont stationnés, les policiers passent les deux-roues au crible pour s’assurer qu’ils ne sont ni volés, ni dépourvus d’assurance. Dans un espace un peu à l’écart, plusieurs pneus ont été empilés. “C’est peut être un endroit où ils font de la mécanique mais tous les véhicules sont en règle”, commente un agent. Chou-blanc pour cette première tentative. La BTC traverse le city-stade puis le square Allende et contrôle au passage un homme qui pousse un scooter. Les policiers s’engagent ensuite dans les parties communes d’un autre bâtiment pour accéder aux parkings.

“Ah, c’est une bonne chose que vous tourniez un peu par ici, on ne se sent pas toujours en sécurité”, réagit une habitante sur leur passage. Dans le parking en sous-sol, ce§sont au tour des box et des scooters d’être scrutés. Faisant d’une pierre deux coups, les policiers se mettent aussi à chercher des stupéfiants. “Autrefois, il suffisait de rentrer et vous trouviez les véhicules stationnés facilement. Maintenant qu’ils savent que nous patrouillons, ils louent ou s’approprient des box et des garages, ce qui complique notre travail”, explique un agent.

Après une bonne heure de contrôles, les policiers finissent par découvrir un quad stationné dans le renfoncement du mur d’un parking d’une résidence du Lugo. “Nous connaissons bien son propriétaire, c’est un homme qui appartenait à un groupe de riders de Choisy-le-Roi dont les membres ont aujourd’hui grandi et ne sont plus actifs. Il est défavorablement connu de nos services. Nous appelons un dépanneur. Il n’est pris en train de le conduire mais nous allons quand même le convoquer pour lui poser quelques questions, ce véhicule n’a rien à faire là de toute façon”, motive le brigadier major.

Coopération des bailleurs et des habitants

Seuls les policiers peuvent constater une infraction mais toutes les informations (témoignages, vidéos,…) communiquées par des tiers au commissariat peuvent les aider. “C’est important d’entretenir le contact avec la population, il n’y a rien de pire que les résidences où personne ne nous parle par peur ou soupçon. Tout renseignement peut nous aider à appréhender les contrevenants. Certains pilotes délaissent les quartiers de logements collectifs pour aller garer leur véhicule dans les quartiers pavillonnaires. Souvent, les habitants ne prêtent pas attention à ces véhicules stationnés près de chez eux et laissent faire alors qu’il faudrait nous les signaler. Le 17 ça fonctionne !”, insiste un autre fonctionnaire.

Autre condition : la collaboration avec les bailleurs, copropriétés et gestionnaires de voirie. “Nous avons des badges ou des clés au commissariat pour pouvoir patrouiller et parfois, des habitants peuvent nous ouvrir. Il n’y a pas de problème par rapport à l’accès”, ajoute l’agent. Mais quand les policiers demandent l’enlèvement des véhicules, les payeurs ne sont pas toujours enthousiastes. “En dehors des enquêtes judiciaires où le ministère paie le dépanneur, c’est le propriétaire des lieux qui doit le prendre en charge, cela représente un coût et engendre parfois des bras de fer” .

Quelques groupes organisés

Parois, les groupes sont très organisés, explique le commissaire Emmanuel Vaillant, qui se souvient d’un groupe à Créteil “qui avait transporté les deux-roues dans un camion pour se rendre à Bonneuil-sur-Marne et pratiquer le rodéo sur une longue ligne droite.”

La plupart du temps, les pratiquants du rodéo urbain sont jeunes, entre 16 et 18 ans, ils n’ont pas toujours le permis de conduire. Ce sont parfois leur véhicule, le plus souvent des deux-roues qu’ils empruntent ou qui ont été volés. “Ils sont à la recherche d’adrénaline, ils veulent faire les fiers, provoquer, il y a un peu d’oisiveté aussi. Or, le problème c’est qu’ils ne sont pas seuls sur la route et qu’ils font courir de graves risques aux autres”, poursuit le commissaire.

Depuis la mi-mai, 300 opérations anti-rodéo ont été menées en Val-de-Marne donnant lieu à une quarantaine de saisies de véhicules. C’est un magistrat qui peut ensuite décider de détruire le deux-roue ou le quad.

Stratégie à l’Anglaise ou à la Française ?

Pour Eddy Deboste, secrétaire départemental adjoint du syndicat Alliance 94, le cadre juridique et réglementaire actuel ne permet toutefois pas de lutter efficacement contre le phénomène. “Nos collègues peuvent les identifier en patrouillant mais derrière, il y a de lourdes procédures à remplir et derrière, il y a rarement des conséquences au niveau judiciaires avec des amendes payées par les parents de ces mineurs et un trop faible nombre de de destructions de véhicules. Nous proposons un système à l’anglaise pour interpeller le chauffeur en allant au choc avec le véhicule d’intervention. Bien évidemment, il faudra que tout cela soit encadré, nous ne sommes pas des cow-boys”. Interrogé sur le sujet, le commissaire Emmanuel Vaillant ne trouve pas l’idée pertinente. “La plupart du temps, ces pilotes, nous sommes capables de les identifier. A quoi bon se lancer dans une poursuite dangereuse quand nous pouvons aller les interpeller le lendemain chez eux ? En plus, je ne tiens pas à ce que nous endommagions l’un de nos véhicules d’intervention pour ça”. Chez SGP Police Val-de-Marne, Reda Belhaj, le secrétaire départemental ne demande pas à aller au tampon, “même avec un choc à 30 km/h il y a un risque de décès, et ce sont nos collègues qui finiront poursuivis”, mais réclame davantage d’opérations avec les motards de la police. “Nous demandons à notre hiérarchie qu’ils puissent participer. Ils peuvent être très efficaces pour les poursuites, c’est dommage de s’en passer”.

“C’est un dispositif qui est très gourmand en effectif, nous ne pouvons pas y recourir trop souvent”, tempère le commissaire tout en reconnaissant son efficacité.

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