Alors que les travaux du métro périphérique se poursuivent à leur rythme, accusant un retard de plusieurs années par rapports aux objectifs très ambitieux qui avaient été fixés, l’établissement public maître d’ouvrage de chantier qui va révolutionner le visage de l’agglomération parisienne s’investit en parallèle dans l’aménagement des nouveaux quartiers prêts à germer et a déjà identifié 100 projets avec 32 millions de m2 à la clef.
Les jeux olympiques de Paris2024 constituaient un bel objectif pour mobiliser autour de la construction dans les temps du métro périphérique Grand Paris Express mais il n’a pas résisté aux difficultés techniques de ce chantier pharaonique.
Priorité à a ligne 14
Désormais, la Société du Grand Paris (SGP), maître d’ouvrage, se concentre sur un but atteignable : le prolongement au nord comme au sud de la ligne de métro déjà existante 14 qui traverse Paris. Celle-ci est en effet stratégique puisqu’elle doit relier le village olympique de Saint-Denis Pleyel au nord, en Seine-Saint-Denis, et l’aéroport d’Orly au sud, en Val-de-Marne. La “sécurisation” de l’ouverture de “la 14” en mars-avril 2024 est un “objectif stratégique” qui occupe “des équipes dédiées”, explique Jean-François Monteils, patron depuis mars 2021 de l’établissement public maître d’ouvrage, dans un entretien à l’AFP.
Les choses avancent bien sur les autres lignes en travaux, ajoute-t-il. Y compris sur des sections contestées, comme du côté du Triangle de Gonesse (Seine-Saint-Denis) ou sur le plateau de Saclay (Yvelines) où des opposants craignent que l’arrivée du métro n’entraîne une urbanisation à outrance. La ligne 15 sud pourrait être opérationnelle fin 2025, la 16 fin 2026.
Le Grand Paris Express en bref
Pour rappel, le nouveau métro Grand Paris Express est principalement composé de plusieurs boucles périphériques qui permettront de faire le tour de la capitale depuis la banlieue et de rejoindre les aéroports d’Orly et de Roissy Charles de Gaulle.
La première boucle sera composée trois lignes : la 15 Sud qui reliera Pont de Sèvres (Boulogne-Billancourt) à Noisy-Champs en passant par Champigny-sur-Marne, la 15 Est qui partira de Champigny-sur-Marne pour aller à Saint-Denis Pleyel et la 15 Ouest qui partira de Saint-Denis pour rejoindre Pont de Sèvres.
A l’Est, un arc plus large sera composé de la ligne 16 de Saint-Denis Pleyel à Noisy-Champs, prolongé d la 15 Sud entre Noisy-Champs et Champigny.
Au Sud-Ouest, la ligne 18 passera par Versailles, le Plateau de Saclay et Orly.
Pour compléter ces boucles, le Grand Paris Express comprend également le prolongement nord et au sud de la ligne 14, d’un côté vers Saint-Denis Pleyel, de l’autre vers l’aéroport d’Orly, ainsi qu’une ligne 17 qui partira de Saint-Denis Pleyel pour rejoindre Le Mesnil-Amelot en passant par l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.
Au total, le nouveau métro représente 200 km de ligne qui seront jalonnés de 68 stations dont 80% en correspondance avec le réseau existant.
Les mises en service doivent s’échelonner entre 2025 et 2030.
Inflation, approvisionnements, prix du foncier
“Ça serait très étonnant qu’il y ait zéro conséquence” sur les chantiers, du fait des actuels problèmes d’approvisionnement en matériaux et composants et de la poussée inflationniste. “Mais aujourd’hui, je suis strictement incapable de les chiffrer”, reconnaît Jean-François Monteils. L’établissement public devra aussi faire face aux hausses de l’immobilier. “Ça vaut le coup qu’on en reparle dans six mois”, lance-t-il. Pour l’instant, il s’en tient au budget, réactualisé en octobre de 35,6 à 36,1 milliards d’euros. Même réponse quand on l’interroge sur d’éventuels retards supplémentaires: le président de la SGP n’a pour le moment “pas d’éléments objectifs” qui iraient en ce sens.
Reste qu’il faut encore lancer une bonne partie de la ligne périphérique 15 à l’ouest, au nord et à l’est de Paris. La SGP a décidé de passer pour ces 45 km quatre gros marchés de “conception-réalisation” pour en sous-traiter la construction. Les appels d’offres sont en cours, et les contrats doivent être signés en 2023 et 2024, l’objectif étant d’achever les travaux à l’horizon 2030. “Il va falloir se battre pour rester dans les délais”, reconnaît M. Monteils.
Quant au financement du Grand Paris Express, il est assuré “à 76%”, se réjouit-il. La SGP a emprunté des milliards d’euros quand les taux d’intérêt étaient bas. “On sait payer (les chantiers) jusqu’en 2027/28, aujourd’hui.”
En attendant le métro : la SGP mise sur l’aménagement des quartiers de gare
En attendant la mise en service des futures lignes de métro, la SGP s’implique dans l’aménagement des quartiers des futures stations, bien décidée à intégrer “un peu de planification” dans ces nouveaux morceaux de ville, parler interconnexion des moyens de transport et s’investir dans la construction de logements. “On a créé une filiale, SGP Immobilier, qui va prendre des participations dans des sociétés civiles de construction-vente que l’on créera avec des promoteurs immobiliers, après consultation”, explique son président.
100 projets et 32 millions de m2 potentiels
“Une centaine” de projets ont été identifiés, représentant “un million de mètres carrés de planchers constructibles” dans des quartiers de gares totalisant 32 millions de mètres carrés potentiels, précise-t-il. L’établissement compte choisir ses premiers partenaires dès cette année.
Quel avenir pour le maître d’ouvrage au-delà du Grand Paris Express ?
Alors que le chantier est bien engagé, la SGP s’interroge aussi sur son avenir, et sur la valorisation qu’elle pourrait faire de son expertise, ailleurs, une fois que le métro francilien sera achevé. “C’est évidemment une question qu’on doit se poser.”
par Jean LIOU / Pierrick YVON
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