Manque d’investissements pour se préparer à une crue semblable à celle de 1910, manque de coordination dans les actions et la gestion de l’information et manque de sensibilisation des habitants. La Cour des comptes presse les collectivités et l’Etat à prioriser davantage la prévention des inondations en Ile-de-France.
Il n’y a pas à remonter longtemps pour trouver des exemples de crues spectaculaires dans la région. En juin 2016, puis en janvier février 2018, le niveau des eaux avait atteint 6,10 m et 5,85 m, transformant des rues entières en piscine dans le sud Val-de-Marne par exemple. Ces intempéries avaient coûté respectivement 1,4 milliard et 150 à 200 millions d’euros, chiffre la Cour des comptes.
Une somme élevée, sans commune mesure toutefois avec celle qu’il faudrait débourser si l’eau montait jusqu’à 8,62 m comme en 1910. La douloureuse s’élèverait alors à 30 milliards d’euros, estime la Cour. De quoi construire un nouveau métro !
La juridiction somme les collectivités, des villes au conseil régional, sans oublier les conseils départementaux et la Métropole du Grand Paris, mais également l’Etat, de se mobiliser davantage et d’accorder leurs violons pour être plus efficace.
Bien que beaucoup de plans et d’initiatives (PAPI, PPRI, réservoirs…) aient été mis en place ces dernières années, la Cour pointe les trous dans la raquette. En termes d’information, par exemple, elle note que les inondations par débordement sont bien documentées, mais que ce n’est pas le cas de celles causées par les remontées de nappe et les ruissellements. Ceci “alors que les ruissellements constituent environ un tiers des dommages assurés en Île-de-France”, insiste la Cour.
Financièrement, la Cour estime les dépenses réelles des collectivités territoriales insuffisantes, notant qu’elles ont peu mobilisé le fonds de prévention des risques naturels majeurs. “De 2009 à 2021, le montant cumulé de ses engagements s’est élevé à 65 M€ et celui de ses dépenses à 23 M€”, alerte la Cour.
Résultat : “l’agglomération parisienne est beaucoup moins protégée contre les grandes crues que d’autres métropoles internationales”, estiment les magistrats. “Le niveau de protection théorique concerne, pour la petite couronne, une crue de retour de 30 à 50 ans, voire même de 10 à 20 ans entre le pont d’Iéna et Issy-les-Moulineaux, et pour le reste de Paris, une crue de retour de cent ans. À titre de comparaison, la ville de Londres est protégée face à une crue de retour de mille ans et vise une protection pour un retour de 10 000 ans d’ici à 2 100.”
Au-delà de l’investissement, la Cour souhaite que les risques d’inondation soient davantage considérés dans les contraintes d’urbanisme, afin d’éviter de construire de nouveaux bâtiments non résilients à une forte crue. Elle espère également une meilleure sensibilisation du grand public.
Sur le plan organisationnel encore, la Cour invite les différents échelons à mieux se coordonner, concernant la gestion des digues comme le partage de l’information.
En réponse, les différents échelons de collectivité concernés et l’Etat rappellent pour leur part les nombreuses initiatives déjà entreprises pour prévenir ce risque.
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