Apprendre à coopérer et communiquer tout en jouant, tel est l’enjeu de l’expérimentation en cours au Centre d’Hébergement d’Urgence des familles migrantes (Chum) d’Ivry-sur-Seine, en lien avec l’association Play International. Reportage.
Dans la cour de l’école du centre, les enfants courent, crient et se chamaillent dans un mélange de français, anglais, et arabe. D’ordinaire, il n’y a pas de classe le mercredi après-midi, mais les gamins participent ce jour-là à une drôle de leçon.
Au programme, des séances de jeux sportifs conçues pour améliorer la communication, la coopération, l’empathie, et favoriser leur insertion dans la société.
“A l’issue de la session, les gamins doivent par exemple avoir compris la notion de codes sociaux : on ne s’adresse pas de la même manière à ses parents ou à ses professeurs qu’à ses copains”, explique Germain Peyraud, responsable pédagogique de l’association Play International, à l’initiative de cette expérimentation.
“Il y a plusieurs axes d’amélioration, notamment au niveau de la transmission des consignes”, le responsable. Pour une vingtaine de petits, les six animateurs ne sont pas de trop pour expliquer les règles. Quand Mohamed préfère jouer à la marelle, Ylias exerce son tir de ballon, alors que Aminata, Laouratou et Cheick montent sur le fauteuil roulant de Juan José…
Pourquoi cette démarche? “Le besoin de jouer est important chez ces enfants, qui ont pour beaucoup vécu des traumatismes, et sont souvent sur-responsabilisés en devenant les intermédiaires entre les administrations et leurs parents. Il faut alors essayer de leur redonner confiance en eux. En ceci, le jeu peut être un moyen de renforcer les compétences psychosociales qu’ils ont pu perdre lors de leur parcours migratoire”, détaille Marie-Hermine de Montangon, responsable de l’association.
Dans ce centre qui accueille des familles venues d’un peu partout, pour certaines logées auparavant dans des squats et bidonvilles d’Ivry, le nombre d’enfants est très important : plus de 40% de la population. Au point qu’il s’agit du seul Chum de France à disposer d’une école intégrée, mise en place par le Centre académique pour la scolarisation des nouveaux arrivants et des enfants du voyage (CASNAV) de Paris.
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