Des analyses menées près de l’incinérateur d’Ivry-sur- Seine – Paris 13, révèlent des concentrations de pollution à la dioxine, a communiqué ce lundi le collectif associatif 3R, qui milite contre l’incinérateur, partageant les résultats d’une étude commandée à la fondation ToxicoWatch.
Selon un communiqué du collectif 3R (Réduire, réutiliser, recycler), qui milite depuis des années contre la reconstruction de l’incinérateur, ces études ont été “menées sur des oeufs de poules élevées en plein air, des arbres (résineux, oliviers) et des mousses dans les communes d’Ivry-sur-Seine, Alfortville, Charenton-le-Pont et Paris”.
Ces communes sont proches de l’incinérateur d’Ivry, situé près du périphérique entre le Val-de-Marne et Paris. Parmi les plus grand incinérateurs d’Europe, il brûle les déchets de quinze communes dont Paris, soit l’équivalent de 730 000 tonnes d’ordures par an et est géré par le Syctom, syndicat intercommunal en charge de la gestion des déchets ménagers de 84 communes de l’agglomération parisienne.
On y retrouve “des concentrations de dioxines parmi les plus élevées des études de biosurveillance menées par ToxicoWatch en Europe”, précise le collectif 3R. Les oeufs de poules qui y ont été élevées en plein air “devraient être retirés du marché européen s’ils avaient été produits pour y être mis”, indique Abel Arkenbout, auteur de l’étude menée par l’ONG néerlandais ToxicoWatch, en rappelant que “la consommation régulière d’œufs pollués aux dioxines présente un risque fort pour la santé”.
Dans son communiqué, le collectif 3R reconnaît qu’il est “scientifiquement difficile” d’établir avec certitude l’origine de la présence (des dioxines) dans les communes autour de l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII. Mais “la présence dans les dioxines analysées de profils de congénères typiques de l’incinération des déchets plaide, selon ToxicoWatch, pour une surveillance renforcée des émissions avec des mesures en continu”, ajoute-t-il.
“Sur la base de ces résultats d’analyse limités, il apparaît clairement que des recherches complémentaires s’imposent au niveau local afin de renforcer le plaidoyer pour une réduction des dioxines dans l’environnement; Des recherches complémentaires sont nécessaires sur les biomarqueurs, tels que les œufs de poules, la végétation, les mousses et les aiguilles de pin. Des analyses chez des êtres humains peuvent également être envisagées. Des recherches complémentaires sont nécessaires sur la contribution de l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII aux niveaux de dioxines relevés dans la zone d’échantillonnage d’Ivry et de Paris”, suggère ToxicoWatch dans les actions à mettre en œuvre au terme de l’étude.
Ces résultats “aggravent la situation actuelle de non-conformité persistante de l’agglomération parisienne avec la réglementation européenne sur la qualité de l’air très préjudiciable à la santé humaine ainsi qu’à l’environnement”, commente Me Louis Cofflard, avocat à l’origine de plusieurs recours nationaux sur la pollution de l’air.
La publication de cette étude s’inscrit dans un contexte de forte opposition de plusieurs associations et mouvements écologistes à la reconstruction de cet incinérateur vieillissant. Un projet qui prévoit de construire un nouvel incinérateur au même endroit, mais d’une capacité réduite de moitié, complétée d’une unité de valorisation d’une partie des déchets en séparant la matière organique pour traiter séparément les bio-déchets. Ce projet a suscité la controverse en ville. Les détracteurs estiment qu’il est possible de se passer d’incinérateur en réduisant la production de déchets à la source. Ses défenseurs considèrent que même en changeant les habitudes, le compte n’y sera pas et que se passer d’incinérateur obligerait à aller enfouir les ordures ailleurs.
Au terme de l’enquête publique qui avait abouti à un avis favorable, le collectif 3R et Zéro Waste France avaient attaqué le permis de construire en justice mais ont été déboutés au printemps dernier.
Lire : Ivry-sur-Seine : la justice valide la reconstruction de l’incinérateur du Syctom
“Le lien entre l’incinérateur et les analyses de dioxines faites n’est pas établi en particulier”, a réagi dans un communiqué le Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères (Syctom), qui gère l’incinérateur.
Le Syctom a par ailleurs souligné “quelques biais” dans le rapport, notamment l’absence “de points témoins dans la région parisienne en dehors de la zone d’influence de l’usine, qui permettraient de comparer les valeurs obtenues et donc de qualifier l’origine de la pollution”.
Dans un communiqué, le maire (PCF) d’Ivry Philippe Bouyssou a pour sa part indiqué son souhait “qu’un Conseil syndical extraordinaire soit organisé au plus vite” par la présidence du Syctom pour “permettre à l’ensemble des élu.e.s d’acter les mesures opérationnelles qui seraient à prendre”.
“En tant que Maire de Charenton, je suis très attentif au suivi de l’activité
de l’usine d’Ivry-Paris XIII. Il est vrai qu’un équipement de ce type en milieu urbain doit être l’objet de toutes les attentions et nous y veillons avec l’équipe municipale et les élus du territoire ParisEstMarneBois. Des recherches complémentaires sont nécessaires sur la contribution de
l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII au sujet des dioxines relevées dans la zone d’échantillonnage en lien avec le SYCTOM et les autorités sanitaires”, a également réagi le maire de Charenton-le-Pont.
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