Depuis qu’il a 18 ans, Pierre-François a toujours donné son sang. Un acte citoyen qui allait de soi pour cet habitant de Villemomble. Lorsqu’on lui a proposé de donner de sa moelle osseuse, il n’a pas hésité.
“J’avais une maman qui avait l’habitude de donner son sang. Alors quand j’ai eu 18 ans et 1 jour, je suis allé à l’hôpital et j’ai donné. J’étais la vedette dans le service parce que j’étais le plus jeune“, se souvient Pierre-François.
Très rapidement, on lui parle de la cytaphérèse. La technique consiste à prélever le sang d’une personne et à le filtrer simultanément pour n’en conserver que certains éléments (globules blancs, globules rouges, plaquettes, cellules souches…), les autres étant immédiatement réinjectés au donneur. Une opération qui dure jusqu’à 3 heures. “Quitte à donner son sang, je pensais que c’était plus efficace“, motive le donneur qui se souvient des films qu’il emmenait pour passer le temps. “C’est comme cela que l’on m’a proposé de m’inscrire sur le registre des donneurs de moelle osseuse, poursuit-il. Essentiel pour le guérison de maladies graves du sang comme la leucémie, le don de moelle osseuse reste méconnu et souffre d’un manque de candidats hommes. On m’a bien expliqué toute les implications du don tout en me disant que j’avais peu de chance d’être contacté parce que les compatibilités étaient rare. Mais un jour on m’a appelé.”
S’en suivent des examens complémentaires pour confirmer la compatibilité avec le donneur. Cette fois, il ne s’agit plus de donner son sang et repartir dans la journée. Il s’agit d’une opération par ponction au niveau des os du bassin, qui se prépare avec un rendez-vous chez l’anesthésiste.
Il faut aussi se rendre au tribunal de Bobigny pour certifier son consentement. “Une fois que j’ai signé, le magistrat m’a dit qu’il fallait éviter de changer d’avis parce que le receveur commencerait de son côté son protocole. On devient aussi très précautionneux parce qu’il ne faut pas tomber malade. On ressent donc une petite pression“, témoigne Pierre-François.
C’était il y a près de 20 ans mais il s’en souvient comme si c’était hier. Lorsqu’il arrive à l’hôpital de la Salpêtrière (Paris 13ème arrdt), il n’y a plus de lits et c’est dans dans le service avec les malades du sang qu’il se retrouve, dans un environnement complètement stérile, après douche complète à la Bétadine. Un souvenir qui marque. “C’était une expérience personnelle forte. J’ai vu la difficulté d’y vivre.” De la ponction elle-même, il se souvient de courbatures et d’un légère douleur en bas du dos qui a duré trois jours.
Seulement 36% de donneurs masculins
“On est fier de le faire même si on ne fait pas ça pour ça. On se dit que si la greffe a marché, c’est extrêmement chouette et, dans le cas contraire, on se dit qu’on a au moins essayé. On se dit aussi qu’on a un clone sanguin quelque part dans le monde“, motive-t-il.
“Si on me le demandait, je le referai sans hésiter“, assure-t-il. Mais Pierre-François a 53 ans aujourd’hui, il ne pourra donc pas donner à nouveau car l’Agence de la biomédecine a abaissé à 35 ans l’âge limite des donneurs. Il se contente donc de continuer à donner son sang régulièrement.
Fin août, 351 329 personnes étaient inscrits sur le registre français des donneurs volontaires de moelle osseuse. Mais ce registre ne compte que 36% d’hommes. Or, “70% des donneurs prélevés sont des hommes car leur moelle osseuse est dépourvue des anticorps développés par les femmes lors de chaque grossesse. Cela atténue donc les réactions immunologiques liées à la greffe et explique pourquoi les médecins privilégient les donneurs masculins“, indique l’Agence de la biomédecine.
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