Jeux Olympiques de Paris 2024 : des milliers de places d’hôtel du Samu social vont disparaître

Confrontés depuis de nombreuses années à une saturation des places dans les structures traditionnelles d’hébergement, les directions régionales et interdépartementales de l’hébergement et du logement (Drihl) ont pris pour habitude de conventionner avec des hôtels incomplets pour proposer des nuitées aux personnes sans abri. Un deal qui arrange tout le monde tant que la demande reste insuffisante pour remplir tous les hôtels. Une situation qui est amenée à changer avec la tenue des JO de Paris 2024 alors que 10 millions de spectateurs y sont attendus, sans compter les nombreuses équipes à accueillir en amont des compétitions.

“L’hôtel n’est de toute façons pas une solution d’accueil digne et satisfaisante“

Sophie Thibault, préfète du Val-de-Marne

Dès juillet 2018, la députée LFI de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, s’en était inquiétée et avait interrogé la ministre des Sports sur l’impact des JOP sur les capacités d’hébergement d’urgence. Laura Flessel avait alors répondu ne pas avoir reçu d’alerte. “La gamme des hôtels recherchés par les futurs touristes ne correspond pas à celle des hôtels conventionnés, qui présentent bien souvent des prix d’entrée de gamme. De plus, certains hôteliers préfèrent s’assurer de la continuité de leurs réservations, écartant ainsi des nuitées ponctuelles liées à un événement ad hoc. Il est vrai que l’évolution constante du parc hôtelier peut conduire à une fin de conventionnement, soit parce que certains hôteliers choisissent de ne plus louer de chambres au Samu social ou à d’autres réservataires, soit parce que le Samu social cesse de travailler avec certains hôtels, notamment lorsqu’il estime leurs pratiques d’hébergement contestables”, avait rassuré la ministre. (voir la question et sa réponse en entier).

7 000 places en moins

Quatre ans plus tard, les données se sont affinées et les Drihl d’Île-de-France commencent à s’inquiéter, qui ont signalé à la préfecture de région la perte d’au moins 7000 places d’hôtel à l’horizon 2024. “La préfecture de région a pris la mesure des conséquences de l’arrivée des JOP et nous travaillons pour reconstituer la capacité d’accueil que nous allons perdre. L’hôtel n’est de toute façons pas une solution d’accueil digne et satisfaisante. Nous cherchons des endroits dans la région pour créer des centres et pouvoir accueillir et mettre à l’abri ces publics“, a expliqué la préfète du Val-de-Marne, Sophie Thibault, lors de sa présentation des activités de l’Etat au conseil départemental lundi dernier. “Pourquoi ne pas leur demander de participer au financement de la construction de logements pérennes afin de laisser un héritage de ces Jeux ?” a réagi Frédéric Bourdon (EELV) en séance.

Dans son rapport 2021 sur le mal logement, la Fondation Abbé Pierre pointait un recours en urgence à l’hébergement en hôtel “devenu de plus en plus fréquent depuis la fin des années 2000”. En mars 2021, il s’élevait ainsi à 74 136 nuitées hôtelières, essentiellement en Île-de-France, “soit une hausse de plus de 45 % par rapport à 2019. “Entre 2010 et 2019, le nombre de places en CHU avait déjà progressé de 207 % et celui des places en hôtel de 265 %”, notait également le rapport tout en insistant sur le caractère inadapté de cette forme d’hébergement qui ne permet par exemple bien souvent pas de cuisiner.