De la petite association à la grande entreprise, les initiatives d’économie circulaire existent pas centaines dans le Val-de-Marne. Reste à les identifier toutes et surtout à les propulser pour constituer un véritable pôle d’excellence. C’est tout l’enjeu de l’accélérateur d’économie circulaire lancé ce jeudi 19 mai par la Chambre de commerce et d’industrie du Val-de-Marne (CCI 94). 94 Citoyens fait le point sur cette initiative partie d’une réflexion autour du site Renault de Choisy-le-Roi.
C’est en effet le transfert programmé de l’activité reconditionnement de pièces détachées de Renault Choisy-le-Roi vers Flins qui a été à l’origine de la réflexion. Objectif : reconvertir cette future friche industrielle en pôle d’économie circulaire. En principe en effet, l’activité doit partir d’ici à la fin de l’année.
Un comité de réflexion s’est ainsi constitué, réunissant les élus locaux, des représentants de l’Etat et des entreprises. Pour évaluer les opportunités de développer l’économie circulaire, la CCI du Val-de-Marne a commencé par sonder les entreprises du territoire, puis lancé une étude avec le cabinet GreenFlex, cofinancée avec l’Agence de l’environnement (Ademe) et le conseil régional Ile-de-France. Une étude qui a permis d’envisager les perspectives de cette filière économique, stratégique pour la transition écologique, à une échelle départementale, allant au-delà du site de Choisy-le-Roi dont le devenir est d’abord conditionné à ce que son propriétaire, Renault, souhaitera en faire.
Après avoir démontré que la structuration de cette filière est en plein devenir, l’étude a identifié plusieurs opportunités de pôles économie circulaire en Val-de-Marne. Point crucial, il ressort aussi de ses conclusions que les financements existent pour porter le développement de cette activité, avec des appels à projets très fréquents.
BTP, loisirs, mode, alimentation, mobilité et multisectoriel : 6 opportunités de pôles économie circulaire à étudier en Val-de-Marne
Concrètement, l’étude a identifié cinq pôles sectoriels : le BTP, les loisirs, la mode, l’alimentation et les mobilités, ainsi qu’un pôle multisectoriel. “Le BTP circulaire peut passer par la création d’une matériauthèque, détaille Patricia Fourré, responsable des partenariats et cofinancements à la CCI 94, en charge de piloter le développement du pôle économie circulaire. Mais cela nécessite de l’espace, il faut au moins 2 ou 3 hectares.” Les loisirs circulaires vont aussi constituer une grosse opportunité avec la reconversion de tous les équipements liés aux jeux olympiques Paris 2024, insiste également Patricia Fourré, qui partageait les conclusions de l’étude Greeflex avec les entreprises ce jeudi matin. Concernant l’alimentation, le Min de Rungis a commencé à développer des initiatives et plusieurs applications ont vu le jour pour limiter le gâchis. Le textile encore, pourrait bénéficier d’une Cité du renouveau de la mode, en associant les acteurs locaux du recyclage, les grandes marques parisiennes, les créateurs du territoire, à condition d’intégrer fortement la réflexion autour de la fast-fashion qui inonde aujourd’hui les rayons. Autant de pistes à développer avec les associations et entreprises qui ont commencé à investir ces sujets.
Principal défi : changer d’échelle
“Dans le cadre de l’étude, une centaine d’initiatives ont été identifiées dans le Val-de-Marne, mais il y en a sans doute beaucoup plus”, estime Patricia Fourré. “L’enjeu pour décupler la dynamique économie circulaire sur le territoire est de mettre en lien ces initiatives et d’accélérer le changement d’échelle en aidant les petites entreprises à franchir un cap supérieur”, souligne Géraldine Frobert, directrice de la CCI 94. Dans ce contexte, la Chambre de commerce a décidé de développer un pôle multisectoriel pour fédérer, promouvoir, mettre en réseau et accompagner les initiatives émanant de l’ensemble du département.
Un accélérateur d’économie circulaire multisectorielle en Val-de-Marne
Concrètement, le premier acte de ce pôle est le lancement d’un accélérateur de l’économie circulaire qui prendra la forme d’un programme d’accompagnement d’une quarantaine d’entreprises ayant déjà quelques employés, pour les aider à changer d’échelle en les coachant, en leur apportant de l’expertise, en les aidant à monter leurs dossiers pour obtenir des financements, et encore en les mettant en réseau. Le programme, qui sera déployé dans sa première édition via deux sessions d’accompagnement d’une vingtaine d’entreprises chacune, démarrera au second semestre 2022, a annoncé la CCI 94 ce jeudi à l’occasion de la restitution de l’étude aux entreprises.
Un salon du réemploi et du recyclage en 2023
Au-delà de ce programme, la CCI 94 a également déjà en ligne de mire l’organisation d’un grand salon du réemploi et du recyclage en 2023, pour fédérer les acteurs et leur donner de la visibilité.
Du recyclage textile à celui des biodéchets.. des centaines d’initiatives en Val-de-Marne et des attentes fortes
Dans la salle ce jeudi, les attentes sont fortes, de la part des très petites comme très grandes entreprises ou organisations, avec chacune sa problématique pour changer d’échelle. Qu’il s’agisse de DM Compost à Alfortville, qui s’est à la fois fixé comme mission de former au compostage et d’installer des composts, mais aussi de collecter les biodéchets, ou de GRDF qui plaide justement pour une collecte plus systématique des biodéchets citadins comme agricoles, avec méthanisation ensuite pour produire du biogaz. “20% de la Seine-et-Marne est déjà autonome grâce à ce système et l’ensemble de la région pourrait l’être”, estime David Maocec, directeur territorial adjoint Ile-de-France Est chez GRDF.
Côté textile, Ludovic Vasseur, directeur opérationnel de Emmaüs La friperie solidaire, qui upcycle des vêtements pour créer de nouvelles toilettes signées Le Labo de l’Abbé, toujours dans le cadre de chantiers d’insertion, aimerait aussi changer d’échelle, après avoir ouvert une boutique-atelier à Choisy il y a un an. Mais les temps sont durs. “Nous avons un peu moins de dons et la qualité moyenne est aussi un peu moins bonne car les vêtements de la fast-fashion sont déjà de basse qualité au départ”, regrette-t-il. L’association souffre aussi de la concurrence des plates-formes de revente en ligne type Vinted. Toute petite pousse en France ApiNapi, qui emploie en revanche une trentaine de personnes au Sénégal avec son entreprise sœur ApiAfrique, travaille aussi sur le recyclage textile en produisant des serviettes hygiéniques menstruelles et couches bébé lavables. L’un des objectif, explique sa fondatrice Jeanne-Aurélie Delaunay, est de promouvoir et développer la distribution en France.
Du côté des institutions, l’économie circulaire constitue aussi un enjeu comme à la Cité des métiers du Val-de-Marne dont la directrice adjointe, Nathalie Boucheron, envisage de développer des événements pour faire mieux connaître la filière et ses nouveaux métiers porteurs de sens.
Pour aller plus loin : les entrepreneurs qui souhaitent entrer en contact avec la CCI 94 concernant le développement de ce pôle économie circulaire peuvent contacter Patricia Fouré, responsable des partenariats et pilote du projet au mail suivant : pfoure@cci-paris-idf.fr
Que pensez vous d’une économie circulaire autour de la robotique ludique
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.