Enjeu économique et environnemental stratégique pour le département, le pôle d’économie circulaire du Val-de-Marne développé par la Chambre de commerce et d’industrie se structure. Le point sur les quatre piliers qui articuleront ce pôle qui a vocation à fédérer les centaines d’initiatives de recyclage, upcycling, reconditionnement, écoconception et autres innovations du territoire.
Cop 27 contre le réchauffement climatique, Cop 15 pour la biodiversité… les récentes conférences des parties réunissant les différents pays autour des enjeux environnementaux ont rappelé l’urgence d’agir. En France, la réglementation trace la route, avec des objectifs formalisés par la loi Agec (anti-gaspillage pour une économie circulaire) votée en 2020. Celle-ci fixe notamment le calendrier pour sortir par étape du plastique à usage unique (même si l’horizon, 2040, reste un peu lointain), mais aussi pour mieux informer les consommateurs, interdire la destruction des invendus non alimentaires (en totalité dès la fin 2023), lutter contre le gaspillage alimentaire, créer des fonds pour le réemploi (ressourceries, recycleries…), des fonds de réparation, agir contre l’obsolescence programmée avec un indice de réparabilité depuis 2021 et un indice de durabilité à partir de 2024… La loi Agec invite aussi à travailler sur le réemploi dès la conception et production, en créant de nouvelles filières pollueur-payeur ou REP (Responsabilité élargie du producteur). De quoi impliquer tous les secteurs.
Nouveaux métiers, filières à structurer
Une évolution qui génère de nouveaux métiers, de l’éco-conception au reconditionnement en passant par le retour à la consigne et au vrac, la collecte, le recyclage ou l’upcycling, et aussi des nouveaux modes de consommation privilégiant par exemple la location. Des nouvelles opportunités qui présentent une particularité essentielle pour les territoires, celle d’être beaucoup moins délocalisable.
Dans ce contexte, la CCI du Val-de-Marne a fait plancher le cabinet Greenflex pour identifier les opportunités de cette évolution pour les acteurs économiques et socioenvironnementaux du département. Au départ, l’étude, portée avec la région et l’Ademe (agence pour l’environnement), a été lancée pour réfléchir à une éventuelle transformation en pôle économie circulaire de l’ancienne usine Renault de Choisy-le-Roi. Une perspective qui s’appuyait sur la fonction historique de cette fabrique qui reconditionnait les pièces détachées du groupe au losange avant qu’il ne déménage cette activité à Flins. Au fur et à mesure de l’étude, le projet a pris une autre dimension, distinguant le problème foncier spécifique à Choisy-le-Roi des enjeux et des opportunités pour l’ensemble du Val-de-Marne.
Dans le Val-de-Marne : des centaines d’initiatives à fédérer et propulser
Cette étude a permis de mettre en lumière le foisonnement des initiatives dans le département, avec des entreprises qui créent des nouveaux produits à partir de récupération, à l’instar de Bilum, l’un des pionniers de l’upcycling, qui transforme des bâches publicitaires en sacs et accessoires, ou la Fabrique Edmond, qui crée du mobilier design à partir de récup, d’autres qui reconditionnent les produits comme l’association Rejoué qui remet les jouets à neuf, la place de marché Link N sport qui met en relation les acheteurs et vendeurs de matériel de sport d’occasion, et aussi de nombreuses ressourceries ou recycleries associatives qui récupèrent, réparent, recyclent. Au-delà, d’autres acteurs travaillent à l’éco-conception de leurs produits ou repensent leur distribution. À l’échelle du seul Val-de-Marne, ce sont ainsi des centaines d’initiatives qui révolutionnent la consommation à bas bruit.
Des modèles économiques, des secteurs et des étapes du marché complémentaires
Des démarches au modèles économiques différents, entre l’upcycling qui permet de créer des produits à valeur ajoutée, mais plus chers, le reconditionnement, le recyclage, la consigne… “C’est l’hybridation des différents modèles qui fonctionnera”, insiste Patricia Fourré, responsable des partenariats et des cofinancements à la CCI 94, en charge de piloter le développement du pôle économie circulaire. Et de préconiser également un “crossing des filières“, entre les différents secteurs d’activité, pour “stimuler l’innovation“.
Pour accélérer cette nouvelle économie du durable, plusieurs besoins ont été identifiés comme trouver du foncier disponible et accessible, faciliter l’expérimentation, mettre en réseau les acteurs, sensibiliser le grand public, accompagner les structures émergentes pour leur permettre de changer d’échelle. “Désormais, nous avons besoin de savoir quelles sont les entreprises qui ont besoin de foncier ou d’accompagnement“, encourage Géraldine Frobert, directrice de la CCI 94.
Un pôle économie circulaire à quatre dimensions
Pour répondre à ces besoins, le pôle économie circulaire développé par la CCI du Val-de-Marne se structurera en quatre composantes. La première est la constitution d’un guichet unique pour informer et orienter les acteurs. Ce guichet unique proposera à la fois du conseil, de la formation et une veille des marchés, de la réglementation, des acteurs et du foncier. La deuxième composante aura pour objectif de connecter les acteurs entre eux grâce un Club de l’économie circulaire. La troisième composante, le Lab’Circulaire, permettra aux jeunes pousses d’expérimenter, tester, confronter leurs innovations. Ceci passera à la fois par un show-room de démonstration mais aussi des lieux d’expérimentation via un réseau de partenaires et encore l’organisation d’un festival pour mettre en avant les solutions locales auprès du grand public. La quatrième composante est l’accélérateur, déjà annoncé en mai dernier. Ce programme, Accel’R, accompagnera une trentaine de structures dans leur développement pour leur permettre de changer d’échelle. À terme, pourraient émerger un ou plusieurs sites de démonstration comprenant des zones de tri et stockage, des espaces de transformation, un show room, un incubateur, des lieux de rencontre, de formation…, à l’image du site Ikos à Bordeaux.
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Très bonne initiative à encourager. Il faudrait aussi construire un lieu de vente qui regroupe ces initiatives.
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