Résoudre le fléau du crack, sécuriser les Jeux Olympiques de 2024 et leur très ambitieuse cérémonie d’ouverture, gérer le quotidien de la sécurité de l’ensemble du Grand Paris, apaiser la relation avec la capitale… comment Laurent Nuñez envisage sa mission à la tête de la préfecture de police de Paris. Entretien.
S’agissant de la cérémonie d’ouverture des JO – une grande parade navale sur la Seine – qui constitue un défi énorme en terme de sécurité, Laurent Nuñez ne barguigne pas: “la cérémonie se fera, c’est clair”.
Il reconnaît toutefois qu’il y a “encore des discussions sur la jauge” des spectateurs qui assisteront à cet événement depuis les quais bas et les quais hauts de la Seine.
A l’origine, les organisateurs tablaient sur 600 000 spectateurs, mais plusieurs voix se sont élevées pour recommander, comme la Cour des comptes dans un pré-rapport, la réduction du format. L’ancien préfet de police, Didier Lallement, s’était aussi montré réticent.
Quand on lui objecte le fiasco du Stade de France lors de la finale de la Ligue des Champions fin mai, le préfet de police se montre confiant sur la capacité de la PP à sécuriser les JO. “On a organisé déjà plein d’événements qui se sont bien passés. Sur la gestion d’événements et de l’ordre public, on est un pays, assure-t-il, qui fait référence dans le monde”.
Une commission JO 2024
“Dès la rentrée”, Laurent Nuñez va organiser un “pilotage beaucoup plus fin” de la mission mise en place pour assurer le suivi de toutes les thématiques entourant la préparation des JO: transports en commun, circulation, sécurité civile, sécurisation des sites… Pour se faire, il “présidera lui-même les réunions avec les directeurs concernés”.
Sur ce sujet, le préfet de police relève avec satisfaction “une clarification de la gouvernance de la sécurisation des JO”. Le président Emmanuel Macron a spécifié qu’“elle relevait du ministre de l’Intérieur et, pour la plaque parisienne, du préfet de police de Paris sous l’autorité du ministre”.
Lire aussi :
En images: l’ouverture magistrale des JO Paris 2024 sur la Seine
Le fléau du crack
Autre chantier de taille, l’éradication du crack “d’ici un an”. “Un an, c’est court et il est certain que nous ne pourrons pas atteindre cet objectif seul, mais avec l’ARS (Agence régionale de santé), la préfecture de région, les associations, la mairie…”, se projette Laurent Nuñez, évoquant un “plan partenarial”. Le nouveau patron de la police estime qu’en matière de sécurité, la Police parisienne “fait déjà beaucoup” avec une présence policière renforcée “pour disperser et intervenir afin d’éviter des nuisances supplémentaires”.
“Il faut faire plus, explique-t-il, pour traiter sanitairement le square” Forceval où sont rassemblés les consommateurs de crack qui auparavant squattaient la place Stalingrad, dans l’Est parisien.
Lire aussi :
Comprendre le fléau du crack en Ile-de-France
A Pantin, le mur de la honte et un sentiment d’abandon
Apaiser la relation avec Anne Hidalgo
Comment envisage-t-il sa relation avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui s’entendait notoirement mal avec son prédécesseur? “Je serai comme j’ai toujours été. Je suis quelqu’un de constructif, à l’écoute. Je suis un homme de dialogue, c’est connu, mais le dialogue n’empêche pas la fermeté et la défense de l’intérêt général”.
Fermeté dans les manifs
La fermeté, il assure qu’il en fera preuve dans les opérations de maintien de l’ordre. “Il n’y aura pas de remise en cause de la gestion de l’ordre public. Rester à distance d’une manifestation quand il y a des violences et des dégradations, il n’y a pas un pays où ça existe”. Et d’insister: “Il est hors de question que je revienne sur le schéma national du maintien de l’ordre. Je vais évidemment l’appliquer”.
Impliquer davantage les préfets de petite couronne avec des objectifs
Laurent Nuñez entend par ailleurs intensifier le dialogue avec les préfets de la zone PP (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Hauts-de-Seine), conformément à la demande du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. “Je veux que les préfets s’impliquent dans la sécurité, en leur fixant notamment des objectifs et leur demander d’être au contact des élus, au plus près du terrain”. Pour cela, le nouveau préfet de police a prévu de les réunir dès septembre. “Ce sont mes bras armés sur le terrain!”
par Sylvie MALIGORNE et Alexandre HIELARD
Et la police de proximité, génialement supprimée par Nicolas Sarkozy ???
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.