Société | Ile-de-France | 28/01/2022
Réagir Par

La préfecture de police de Paris renonce à installer les usagers du crack à Bercy Charenton

La préfecture de police de Paris renonce à installer les usagers du crack à Bercy Charenton

Le préfet de police de Paris, qui avait indiqué mardi vouloir déplacer les consommateurs de crack du nord-est parisien dans une friche SNCF de Bercy Charenton (Paris 12), a annoncé ce vendredi l’abandon du projet. Cette perspective de déplacement avait suscité la bronca des élus de Paris et du Val-de-Marne.

Le feuilleton autour du traitement des quelques centaines de consommateurs de ce dérivé fumable, bon marché et très addictif de la cocaïne présents dans le nord-est de la capitale était à l’arrêt depuis septembre: il a connu plusieurs épisodes en quelques jours, conclus par une volte-face de la préfecture de police vendredi, qualifiée de “grosse manipulation” par la mairie de Paris.

Dans un communiqué, le préfet Didier Lallement “prend acte de la virulente opposition de la maire de Paris à tout projet de déplacement des usagers du crack” et “ne peut que constater son empêchement”, que ce soit “vers le site du XIIe arrondissement ou vers tout autre site”, regrettant que “la mairie (ait) refusé de faire la moindre proposition”.

Fin septembre, le préfet s’était pourtant passé de l’accord de la mairie pour déplacer ces toxicomanes des Jardins d’Eole (Paris 18), où ils avaient été regroupés en mai afin de soulager le quartier voisin de Stalingrad (Paris 19), vers un petit square porte de La Villette, toujours dans le nord-est, à la lisière de la Seine-Saint-Denis.

Mais cette fois, l’intention affichée mardi soir d’un troisième déplacement en neuf mois vers une parcelle de la SNCF, après “pose d’une clôture sécurisée”, a suscité l’opposition générale des élus de Paris et du Val-de-Marne, de gauche comme de droite. 

Le président LR du Conseil départemental du Val-de-Marne, Olivier Capitanio, s’est “réjoui” par communiqué du renoncement du préfet mais “reste préoccupé par l’absence de solution aux questions de société et surtout de sécurité” pour les riverains. Hervé Gicquel, maire LR de Charenton, a également déclaré “être très satisfait de cette décision qui va permettre de rassurer les Charentonnais qui avaient été pris d’effroi.” L’édile avait lancé une pétition la veille pour protester, qui avait déjà récolté plusieurs milliers de signatures. Plusieurs parlementaires de droite et de gauche, de Christian Cambon et Michel Herbillon à Laurent Lafon et Luc Carvounas, étaient aussi montés au créneau.

Les mairies de Paris et de Charenton-le-Pont avaient par ailleurs annoncé mercredi étudier des recours juridiques.

L’abandon du projet était donc “inéluctable compte tenu de l’incongruité” du projet et de ces oppositions, a réagi, contacté par l’AFP, le premier adjoint (PS) de la maire Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, qui se “réjouit de cette décision” mais dénonce une “grosse manipulation” de la part de la préfecture de police.

C’est un “coup politicien pour renvoyer la balle dans notre camp en proposant le pire”, a souligné à l’AFP l’adjointe (EELV) à la santé Anne Souyris, reprochant au gouvernement sa “mauvaise foi”.

Car les riverains de la porte de La Villette, que le préfet voulait “soulager”, doivent “désormais s’attendre à une occupation longue de l’espace public du square”, souligne la préfecture pour qui “c’est une illusion d’essayer de leur faire croire que des solutions rapides et simples sont possibles pour permettre à ces personnes de se soigner et de se réinsérer”.

De sécuritaire, le débat revient ainsi sur le terrain sanitaire, avec la réunion prévue mardi entre les acteurs du plan crack – Etat et Ville – qui, entre 2019 et 2022, a mobilisé 25 millions d’euros au lieu des neuf millions initialement prévus.

Cet argent a permis d’héberger 450 toxicomanes sans apporter de solution pérenne à leur errance, synonyme de fortes nuisances et parfois de violences pour les riverains.

Convoquée par la préfecture de région (Prif), ce comité de pilotage doit remettre autour de la table des discussions la mairie, l’Agence régionale de santé (ARS) et la préfecture de police dans le but, espère Emmanuel Grégoire, de “trouver urgemment une solution pour le square Forceval”.

Anne Souyris espère donc que la “manipulation” dont elle accuse le préfet donnera au final un “coup de fouet pour la relance du plan crack”, notamment sur l’hébergement et “les questions d’accompagnement, de lieux de soins et de repos.”

De quoi relancer le sujet des haltes soins addictions (HSA), nouveau nom des salles de consommation à moindre risque (SCMR), surnommées “salles de shoot” par leurs opposants, dont le préfet fait partie à titre personnel ?

Si Mme Souyris réclame des HSA rapidement, M. Grégoire met  en avant la piste des “emprises hospitalières”, tout comme le  maire PS du XIXe arrondissement François Dagnaud qui souhaite “démanteler Forceval” et “réquisitionner des établissements vacants en milieu hospitalier”.

par Alexandre HIELARD / Pierrick YVON

Lire aussi :

Abonnez-vous pour pouvoir télécharger l'article au format PDF. Déjà abonné ? Cliquez ici.
Cet article est publié dans avec comme tags
Cet article est publié dans
Un commentaire

N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.

Ajouter une photo
Ajouter une photo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous chargez l'article suivant