Comment retrouver la confiance des paroissiens après les révélations sur l’ancien évêque de Créteil, Michel Santier ? Comment prévenir les dérapages dans l’église ? Comment traverser la crise ? Le diocèse de Créteil a lancé la réflexion.
Jeudi dernier, ce sont 200 personnes “en responsabilité pastorale dans le diocèse” qui se sont ainsi retrouvées pour penser et panser cette nouvelle affaire qui touche directement, cette fois, l’évêché de Créteil. Le nouvel évêque, Mgr Dominique Blanchet, les avait réunis au sein du monastère de l’Annonciade à Thiais pour une journée complète de “partage et de réflexion“, six semaines après les révélations relatives à l’ancien évêque. Un conseil épiscopal élargi aux doyens s’est ensuite tenu le lendemain pour prolonger le débat.
Pour l’instant, le diocèse n’a pas souhaité faire de commentaires sur les pistes d’action envisagées mais simplement indiqué que des “propositions” avaient été identifiées pour “aider à avancer”. Le temps de la concertation n’est pas achevé à ce stade. “L’objectif n’est pas de tourner la page“, évoque-t-on au diocèse.
Une prière spécifique chaque jeudi
Pour l’heure, la première décision prise à l’issue de ces deux jours de réflexion est une invitation à prier chaque jeudi dans le cadre de la messe de 12h15 donnée à la cathédrale, depuis le début de l’avent 2022 jusqu’à Pâques 2023, c’est-à-dire à partir de ce jeudi. Cette messe sera dite avec le document issu du Missel “Messe pour favoriser l’union des cœurs”, explique le diocèse. “Chaque paroisse verra comment faire connaître cette initiative et conviendra des modalités pour s’y associer localement selon ce qui lui semblera ajustée“, éclaire le diocèse.
Une cellule d’écoute a par ailleurs été mise en place au sein du diocèse pour permettre à d’éventuelles victimes du Val-de-Marne de se manifester.
Pour rappel, l’affaire Michel Santier a démarré mi-octobre par un article de l’hebdomadaire Famille Chrétienne. Le magazine y révélait que la véritable raison de sa retraite anticipée faisait suite aux témoignages en 2019 de deux hommes abusés lorsqu’ils étaient jeunes adultes. Ces derniers étaient invités à se dénuder lorsqu’ils avouaient des pêchés en confession. Michel Santier était alors prêtre à Coutances, en Normandie, et directeur de l’Ecole de la foi. Depuis ces révélations publiques, de nouveaux témoignages ont été transmis à l’archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, lequel a fait un signalement au procureur de la République. Cette affaire intervient un an après le rapport choc de la Commission Sauvé, qui a donné à voir l’ampleur des actes pédophiles perpétrés au sein de l’église catholique, faisant état de 216 000 victimes de clercs ou religieux depuis 1950 en France, 330 000 en comptant les victimes de laïcs, et environ 3 000 agresseurs. Elle s’est largement invitée lors de la Conférence des Evêques de France début novembre, qui a été elle-même percutée par de nouvelles révélations.
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Cette réunionest beaucoup trop tardive! En effet,Monseigneur Blanchet,l’évêque actuellement en poste était au courant et n’a RIEN dit!!
Mais maintenant, il avoue qu’il connaissait la situation,mais,qu’il a tenue secrète…”J’ai conscience de votre trouble et de votre colère d’apprendre aujourd’hui ces faits, alors que vous savez que je les connaissais. J’ai conscience aussi d’ajouter encore à votre épreuve par les erreurs de jugement qui furent les miennes depuis que je suis votre nouvel évêque, concernant cette affaire. J’ai enfin conscience de votre reproche que j’aie pu croire Mgr Santier lorsqu’il disait n’avoir commis ces faits”.
De son côté, le collectif Agir pour notre Eglise regrette que cette déclaration émanant de l’évêque actuellement en fonction, arrive aussi tardivement, “d’autant plus qu’il savait déjà, ce qui ne l’a pas empêché de l’inviter à concélébrer la messe chrismale, en avril dernier”
“Il a fallu encore une fois que des faits graves sortent dans les journaux pour que les évêques disent être désolés, expriment une demande de pardon… autrement dit il faut que la presse aille fouiller dans les poubelles de l’Eglise, pour avoir une réaction”
_”_le silence ne protège pas l’institution ni l’image de l’Eglise. Il ne fait que protéger l’agresseur. Alors que la priorité absolue doit systématiquement porter sur les victimes, celles qui se sont exprimées comme celles qui n’ont pas osé le faire, voire même celles qui pourraient le devenir”.
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