Logements | | 07/03/2022
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Le Perreux-sur-Marne: colère contre les expropriations d’urgence du Grand Paris Express

Le Perreux-sur-Marne: colère contre les expropriations d’urgence du Grand Paris Express

A la lisère entre le Perreux-sur-Marne et Nogent-sur-Marne, le passage de la ligne E du RER sera complété par celui de la ligne 15 Est du métro périphérique Grand Paris Express à l’horizon 2030. De quoi valoriser fortement le quartier. En attendant, l’heure est à la délicate opération d’expropriation des pavillons situés à proximité. Une phase qui s’opère dans la douleur pour certains. Faute d’accord amiable, une procédure d’urgence a été lancée avec la venue prochaine d’un juge de l’expropriation.

Pour construire la gare du Grand Paris Express au Perreux-sur-Marne, plusieurs secteurs sont concernés, non seulement pour construire la gare mais aussi les ouvrages annexes comme les puits d’aération, et pour réaliser le chantier. Plusieurs dizaines de parcelles sont donc concernées par une expropriation. Si un certain nombre ont été rachetées à l’amiable. Il reste encore des acquisitions à réaliser, pour lesquels le maître d’ouvrage et les propriétaires n’ont pas trouvé d’accord.

C’est dans ce contexte qu’une procédure d’expropriation d’urgence a été déclenchée par la Société du Grand Paris (SGP), maître d’ouvrage du métro. Cette procédure permet de raccourcir les délais notamment pour saisir le juge qui fixera l’indemnité. Un procédé que les habitants concernés estiment “choquant”.

Face à la voie ferrée, Jean-Marc et Catherine ont déjà eu du mal à faire le deuil de leur maison de famille, celle où le grand-père, accueilli en fin de vie chez ses enfants, est décédé. Celle où ils projetaient de construire une petite maison de plain-pied pour leurs vieux jours afin de laisser le pavillon à leurs enfants. “Nous avons un grand terrain constructible et nous avions ce projet, confie Catherine. Pendant le confinement, toute la famille s’est retrouvée ici.” Depuis, le couple s’est résolu à quitter les lieux, pour l’intérêt général du métro dont le tunnel nécessite un puit d’aération devant chez eux. Mais pas à n’importe quel prix. “On nous a fait une proposition inférieure à ce qui a été proposé dans ce même quartier il y a quatre ans. On nous propose autour de 5 200 € le m2 habitable alors qu’une habitation à quelques numéros d’ici s’est vue proposer 6 200 € du m2 habitable. Nous avons pourtant un plus grand jardin, avec une terrasse constructible”, enchaîne Jean-Marc. “Nous avons envoyé une contre-proposition à l’offre qui nous a été faite, mais on n’a même pas pris la peine de nous répondre”, ajoute Catherine. Très en colère, le couple projette déjà la “culbute” réalisée dans le prix au m2 lorsque, une fois le puit réalisé, le pâté de maisons qui fait l’objet de l’expropriation, et s’étend jusqu’à la rue des Thillards, sera transformé en logements tout neufs à proximité de la double station.

Pour rappel, la gare RER E actuelle de Nogent- Le Perreux accueillera d’ici à 2030 une des stations de la ligne 15 Est du Grand Paris Express (Champigny – Saint-Ouen). Cette station de métro sera située en dessous de l’actuelle, en grande profondeur. Le chantier est entièrement situé du côté du Perreux-sur-Marne. La ligne 15 Est, interopérée avec la 15 Sud, permettra de faire le tour de Paris par sa banlieue sans changer de rame.

En attendant, le couple, comme d’autres habitants du quartier, aura la visite d’un juge du tribunal judiciaire le 16 mars, pour évaluer le montant de leur propriété avant qu’ordre ne leur soit donné de quitter les lieux.

“Pourquoi la Société du Grand Paris agit-elle de la sorte ? Alors que le démarrage des travaux pour la ligne 15-Est du Grand Paris Express n’est prévu qu’en 2024 ! Alors que des familles sont dans l’attente d’une réponse de la SGP à leur contre-proposition depuis plusieurs mois !” questionne l’association Agir pour le Perreux qui a lancé une pétition en ligne sur Change.org. “Certains habitants ont vendu car ils étaient pressés mais ils n’arrivent à retrouver la même chose au Perreux”, insiste Françoise Saunier-Laporte, présidente de l’association. La loi prévoit pourtant de permettre de se reloger de manière équivalente dans la commune, pointe la pétition qui pose cinq exigences : l’arrêt immédiat de la procédure d’expropriation d’urgence, une indemnisation des familles leur permettant de se reloger de manière équivalente, la prise en compte du préjudice moral et matériel de ces familles, la limitation des expropriations aux emprises strictement nécessaires aux travaux “à l’exclusion de toute opération immobilière”, et l’examen contradictoire des propositions destinées à limiter le nombre d’expropriations.

La position de la Société du Grand Paris viendra compléter cet article dès qu’elle aura donné suite à nos sollicitations.

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