Législatives 2022 en Seine-Saint-Denis: campagne difficile pour Sylvie Charrière dans la #circo9308

Enthousiaste, Sylvie Charrière semble désormais rodée à l’affrontement politique. “En 2017, les gens ne savaient pas trop ce qu’était La République en marche (devenu Renaissance). Cette fois, je vis une vraie campagne.”

“Je n’ai pas la macronie honteuse”

Pour être élue, Sylvie Charrière avait battu de 2 661 voix Patrice Calméjane. L’ancien maire Les Républicains (LR) de Villemomble avait occupé ce même siège de député entre 2007 et 2012, succédant à Robert Pandraud (RPR puis UMP) qui avait enchainé quatre mandats entre 1988 et 2007. La parenthèse socialiste n’avait, quant à elle, pas résisté à la vague LREM, Elisabeth Pochon ayant été éliminée dès le premier tour.

“Sur le terrain je n’ai pas la macronie honteuse“, poursuit-elle. L’ancienne principale d’un collège de Clichy-sous-Bois a naturellement fait de l’éducation l’un des fils conducteurs de son mandat: “J’ai travaillé sur le statut des directeurs d’écoles, sur le pass sport, le contrat d’engagement des jeunes. J’ai été rapporteure pour avis sur le projet de loi pour la liberté de choisir son avenir…” énumère-t-elle.

Elle défend aussi le bilan du gouvernement sur un triptyque pouvoir d’achat, santé et écologie, soulignant “qu’il faut maintenant parfaire ce qui a été initié lors du premier mandat.” La création du conseil national de la refondation est une “très bonne initiative” à ses yeux dans la mesure où elle permettra “de responsabiliser les élus locaux dans la mise en œuvre des dispositifs créés par l’Etat“.

“Dans les quartiers, les gens attendent des élus qui leur ressemblent”

Pour la candidate de la majorité présidentielle la partie s’annonce néanmoins serrée. Dans la 8ème circonscription de Seine-Saint-Denis, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête au premier tour de l’élection présidentielle dans les trois villes qui la composent : 33,42% à Gagny, 39,48% à Rosny-sous-Bois et 31,45% à Villemomble.

Sylvie Charrière concède d’ailleurs que “sur le papier, c’est la Nupes qui est en position de gagner.” “Curieusement, c’est sur une doublette socialiste que se reconnait la France insoumise“, ajoute-t-elle. La député sortante fait référence à Fatiha Keloua-Hachi, conseillère d’opposition à Rosny-sous-Bois et candidate titulaire, et Magalie Thibault, vice-présidente en charge des solidarités et de la santé au conseil départemental de la Seine-Saint-Denis.

“Je suis à fond, témoigne la candidate PS, j’ai toute une équipe à mes côtés qui réunit tous les partis de la Nupes. C’est galvanisant. Dans les quartiers, les gens attendent des élus qui leur ressemblent.“ Ses parents, qui ont immigré de Kabylie, en Algérie, ne savaient ni lire ni écrire, confie cette enseignante qui a trente ans de carrière.

“Cette campagne est tirée vers le bas par LREM qui est dans l’attente du 1er tour, pointe-t-elle. Je suis prête à gagner“, ajoute-t-elle, mettant en avant la priorité qu’elle veut donner à l’éducation et la santé. “Je veux être une députée pleinement investie au plan national, mais je ne veux pas non plus être déconnectée du territoire“, insiste-t-elle.

Dans le viseur de la droite

A droite, Geoffrey Carvalhinho, conseiller régional d’Ile-de-France et candidat de LR, pointe “la campagne nationale” de Sylvie Charrière. “Les habitants que l’on rencontre, mais aussi les maires qui auraient voulu davantage d’écoute durant son mandat, regrettent ce positionnement. Un député est certes un élu de la nation, mais il doit aussi être le relais des préoccupations locales par exemple sur le pouvoir d’achat, sur les effectifs de police…“, explique-t-il.

Mettant en avant le soutien des trois maires de la circonscription, Geoffrey Carvalhinho table sur le vote utile pour mobiliser les électeurs. Il relativise la dynamique Mélenchon: “Son score n’est pas aussi élevé qu’ailleurs dans notre circonscription. La candidate socialiste, qui a trahi ses convictions pour rejoindre l’alliance de Mélenchon, ne sera pas n’ont plus un choix utile pour les habitants”, insiste-t-il, ajoutant que “le projet de la Nupes va conduire à la faillite de la France.”

Dans cette circonscription se joue par ailleurs un “derby” entre les deux chefs de file de l’extrême-droite en Seine-Saint-Denis. Sébastien Jolivet du Rassemblement national se dit “ni de droite ni de gauche. Je parle à tout le monde. Et même à gauche, il y a des gens qui ne reconnaissent pas dans la Nupes” qu’il qualifie de “gauche burkini“. “Notre objectif est d’être présent au second tour dans un maximum de circonscriptions“, signale-t-il. “Pour y arriver on peut s’appuyer sur le socle de 30% de voix [26,28% en Seine-Saint-Denis] obtenues par Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.”

Chez Reconquête, Sylvio Valente relève lui l’absence du Rassemblement national sur le terrain. “Notre objectif est d’ancrer nos candidats dans le territoire et d’exprimer nos idées“, affirme le candidat.

Les 11 candidats de la 8ème circonscription (#circo9308): Gagny, Rosny-sous-Bois, Villemomble