A Paris, la baisse de la démographie inhérente à la capitale et la diminution nationale du nombre de lycéens se conjuguent et ce-sont actuellement 8 000 places qui sont vacantes. Anticipant la poursuite de cette tendance, la région Ile-de-France vient de décider de fermer 9 établissements tandis que 11 nouveaux devraient voir le jour en banlieue. Une décision douloureuse qui ne passe évidement pas sur le terrain.
La “baisse historique des effectifs des lycées de Paris”, avec environ 8 000 places vacantes aujourd’hui et une perspective de 12 000 places vacantes d’ici à 2030, justifie le “regroupement” décidé, a défendu hier Valérie Pécresse, présidente LR du conseil régional d’Ile-de-France.
Réuni au conseil régional, à Saint-Ouen, le conseil interacadémique de l’Education nationale a donc entériné la fermeture à la fin de cette année scolaire du lycée général Georges-Brassens (19e arrondissement) et de six lycées professionnels: Brassaï (15e), Armand-Carrel (19e), le site de Charenton de Théophile-Gautier (12e), le site Friant de Lucas-de-Nehou (14e), Suzanne-Valadon (18e) et Charles-de-Gaulle (20e).
Deux autres fermeront à la rentrée suivante, en 2024: le lycée professionnel Jacques-Monod (5e) et le lycée général et technologique François-Rabelais (18e). Ce dernier n’entraînera “aucune fermeture d’offre de formation”, a promis le recteur de la région académique d’Ile-de-France et de l’académie de Paris, Christophe Kerrero, qui s’engage à “accompagner à la fois les élèves et les personnels dans ces transferts”.
“Ce n’est pas un sujet de suppression de postes”, a affirmé Valérie Pécresse. “Les lycées que nous allons fermer sont pour la plupart vétustes, en mauvais état”, a ajouté la présidente de région, qui gère depuis 2021 tous les lycées professionnels de la capitale.
Cette “restructuration” ne concerne, pour 2023, que 780 lycéens sur 46 000 à Paris, soit “1,6% des effectifs” et “moins qu’un lycée de petite ou grande couronne“, a aussi relativisé l’élue de droite.
“A l’heure de la sobriété énergétique, est-il normal de chauffer tout un établissement s’il est occupé à 10%?”, a insisté l’élue, soulignant que les 23 000 m2 de bâtiment fermés allaient permettre d’économiser 118 tonnes de CO2 et un peu plus de 300 000 euros par an de coûts énergétiques.
11 lycées neufs et 6 extensions en banlieue
Les économies réalisées vont aussi permettre de “dégager des moyens pour pouvoir les déployer en banlieue” où, à l’inverse, les effectifs augmentent, a souligné Mme Pécresse, qui prévoit 11 lycées neufs et 6 extensions, soit 14. 700 places supplémentaires, d’ici à 2028.
Des internats à la place des lycées fermés
A la place du foncier libéré, Valérie Pécresse entend ouvrir 1 000 lits sous forme d’internat ou de résidences étudiantes, en priorité pour les filles et la filière médicale et paramédicale, a-t-elle détaillé.
Manifestation
Sur le terrain, la décision ne passe pas. Ce mardi, devant le conseil régional, une centaine d’enseignants, élèves, parents d’élèves et élus de gauche sont ainsi venus s’opposer à ces fermetures. “Les syndicats n’ont pas été consultés, il n’y a pas eu de discussion avec les établissements concernés”, a regretté Olivier Daniel, co-secrétaire général du Sgen-CFDT Paris.
“A Bergson”, où vont être réaffectés les 200 élèves de Georges-Brassens, “ça va finir à 30 élèves par classe, les profs ne vont plus pouvoir”, déplore auprès de l’AFP Yaël Hassoun, dont la fille est scolarisée en première à Georges-Brassens. C’est l’un des cinq lycées publics parisiens disposant de classes aux horaires aménagés pour les filières artistiques. “Ici, on a un cadre idéal, ça nous angoisse de changer de lycée en cours de route”, avait expliqué lundi à l’AFP Eufemia Pongitore, 16 ans, élève de première et danseuse contemporaine au conservatoire, lors d’une manifestation sur place.
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